Passer au contenu principal

RÉSULTATS

Barré-Boulet - Tomkins : persévérance récompensée

Alex Barré-Boulet Alex Barré-Boulet - Getty
Publié
Mise à jour

MONTRÉAL - Lorsque la sirène a mis un terme à la troisième période pour confirmer la victoire de 5-3 du Lightning aux dépens du Canadien, Alex Barré-Boulet est allé récupérer la rondelle du match.

Un geste compréhensible.

À 26 ans bien compté, à son 43e match en carrière dans la LNH, une carrière au cours de laquelle il a passé bien plus de temps dans les mineures que dans la grande ligue, Barré-Boulet venait de disputer son premier match face au Canadien.

Au Centre Bell, de surcroît.

En prime, il a déjoué Jake Allen dès la neuvième minute de la première période pour inscrire son troisième but de la saison et donner les devants 3-0 au Lightning.

ContentId(3.1434035):LNH : Alex Barré-Boulet joue de chance (hockey)
bellmedia_rds.AxisVideo

Cette rondelle, Barré-Boulet ne l'a pas gardée précieusement. De fait, il ne l'a pas gardée bien longtemps, préférant la remettre le plus rapidement possible à son coéquipier Matt Tomkins qui venait de réaliser 22 arrêts pour signer sa première victoire en carrière dans la LNH.

« Elle est plus importante pour lui que pour moi », a tranché le Québécois.

« Ça fait juste deux mois que je le connais, mais ça fait deux mois que je le vois se dépasser tous les jours », qu'il a ajouté.

« Plus beau jour de ma vie! »

Jamais repêché, Barré-Boulet n'a pas pris de raccourci pour se rendre à la LNH. Au contraire, il a dû s'astreindre à suivre un trajet long et sinueux sur les routes secondaires.

« Il part de loin lui aussi et c'est une très belle histoire », que Barré-Boulet a renchéri.

Avec raison!

Le parcours de Tomkins a d'ailleurs été plus long et beaucoup plus sinueux que celui emprunté par « B-B » comme le surnomment ses coéquipiers du Lightning.

Choix de septième ronde des Blackhawks de Chicago en 2012, Matt Tomkins vient, à 29 ans et 141 jours, 11 ans après son année de repêchage, d'obtenir sa première chance dans la LNH.

« Je n'oublierai jamais la journée que je viens de vivre. La journée la plus spéciale de ma carrière. Le plus beau jour de ma vie », que Matt Tomkins a reconnu après sa victoire. Une victoire acquise aux dépens de l'équipe qu'il a toujours idolâtrée.

Non seulement le Canadien a toujours occupé une grande place dans son cœur et celui de ses parents, mais Carey Price a toujours été le gardien qu'il tentait d'imiter.

« Signer cette première victoire ici, contre le Canadien, rend cette journée plus belle encore », que la plus vieille recrue de la LNH cette année a ajouté.

Un détour jusqu'en Suède 

Matt Tomkins est un mois plus vieux qu'Andreï Vasilevskiy que le Lightning a repêché en première ronde (19e sélection) en 2012. 

Il doit d'ailleurs à la blessure qui confine l'un des meilleurs gardiens au monde – 263 victoires en 425 matchs, deux conquêtes de la coupe Stanley – sur la touche le fait d'avoir obtenu l'appel qu'il a toujours espéré, mais qui n'était encore jamais venu.

Après avoir complété son séjour dans les rangs universitaires américains, Tomkins n'a disputé que 36 parties en trois saisons avec le club-école des Blackhawks dans la Ligue américaine. Il a passé plus de temps dans la Ligue de la côte Est.

Déjà très loin de la LNH, Tomkins a mis le cap sur la Suède où il s'est trouvé du travail après avoir défendu les couleurs du Canada à la coupe Spengler en 2019-2020.

En plus de jouer pour Frölunda et Färjestad en première division, il a été recruté par Hockey Canada pour les championnats du monde et les Jeux olympiques de Beijing, en 2022, où il a gagné la médaille d'or.

En mai dernier, le Lightning lui a donné l'occasion de revenir de ce côté-ci de l'Atlantique en lui offrant un contrat de deux ans au salaire minimum.

Mardi, à son troisième départ devant la cage des « Bolts », il a réalisé son rêve : gagner un match dans la Ligue nationale.

« Il m'a fallu beaucoup de temps et je me suis posé des tas de questions en cours de route alors que j'ai multiplié les escales. C'est clair que ma décision de faire le détour vers la Suède m'a grandement aidé, mais j'étais loin de me douter que ça me mènerait jusqu'ici ce soir », que Tomkins a raconté avec un mélange de fierté, de bonheur et d'émotion après la rencontre.

Les journalistes ont dû patienter plusieurs minutes avant de pouvoir entrer dans le vestiaire du Lightning. Cette attente était attribuable au discours de l'entraîneur-chef Jon Cooper qui a tenu à souligner l'événement et aux célébrations qui ont suivi. Les cris de joie des joueurs du Lightning étaient facilement audibles de l'autre côté des gros murs de béton qui ceinturent le vestiaire.

« Ce qui me renverse le plus c'est de voir à quel point les gars étaient sincèrement heureux pour moi. Leurs sourires étaient vrais. Les accolades étaient chaleureuses. On a pris une bonne avance – 4-0 dès la première période – mais même quand le Canadien est revenu avec deux buts en troisième, je sentais que mes coéquipiers poussaient pour moi », défilait Tomkins.

Pas question d'échapper le match

Vingt-quatre heures après avoir laissé filer une avance de 4-1 acquise en première période pour finalement encaisser un revers de 6-5 en prolongation aux mains des Maple Leafs, à Toronto, les joueurs du Lightning n'avaient pas l'intention de revivre pareil affront mardi au Centre Bell.

Jon Cooper a d'ailleurs admis que la victoire aux dépens du Canadien était liée au revers de la veille aux mains des Leafs.

« Les gars sont certainement arrivés ici ce soir avec plus de hargne que s'ils avaient gagné hier (lundi) à Toronto. Je peux te dire qu'entre le déjeuner et le lunch, ils ont eu les yeux rivés sur des écrans qui défilaient les faits saillants du match d'hier. Au fil d'une saison, on s'attend à des réponses de notre équipe après des matchs qui n'ont pas tourné en notre faveur. On a obtenu une bonne réponse en première ce soir », que l'entraîneur-chef du Lightning a confirmé.

Barré-Boulet à toutes les sauces

C'est au sein d'un quatrième trio complété par Luke Glendening et Tyler Motte qu'Alex Barré-Boulet a disputé le match de mardi face au Canadien.

On l'a aussi vu sur la deuxième vague d'attaque massive.

En fait, au fil des 11 matchs qu'il a disputés jusqu'ici cette saison, « B-B » a évolué au sein des quatre trios remplissant ainsi des rôles différents.

« Je suis prêt à faire le tour du line-up si ça peut aider l'équipe. Je prends les choses au jour le jour et je fais tout ce que je peux pour donner mon maximum », a expliqué le Québécois.

« Une des grandes forces de "B-B" est qu'il est en mesure d'adapter son jeu au rôle qu'il reçoit. Il a le talent nécessaire pour évoluer au sein d'un premier trio. Quand il est là, il s'assure de bien jouer avec la rondelle afin de compléter les gars qui l'entourent. Quand il hérite d'un rôle de soutien, il s'assure d'être efficace même si ça veut dire de moins jouer avec la rondelle », que Nicholas Paul, auteur de deux buts dans la victoire des « Bolts », a expliqué après la rencontre.

« Il y a des joueurs comme Steven Stamkos, Nikita Kucherov ou Brayden Point qui s'installent dans la LNH dès qu'ils y arrivent. D'autres ont besoin de faire la navette entre le club-école et le grand club. Le parcours de "B-B" me rappelle celui de Yanni Gourde : après quelques essais dans la LNH et quelques retours dans la Ligue américaine, Yanni s'est installé pour de bon avec nous. Il était devenu un joueur de la LNH. Quand tu regardes ce que Barré-Boulet et Tomkins ont fait pour se rendre jusqu'ici, tu ne peux t'empêcher de souhaiter que leurs histoires rejoignent des jeunes pour qu'ils puissent s'en servir comme source d'inspiration. Ce sont deux beaux exemples de persévérance récompensée », racontait Cooper après le match.

Mardi soir au Centre Bell, Alex Barré-Boulet et Matt Tomkins étaient effectivement de « vrais » joueurs de la Ligue nationale de hockey. 

Le premier a marqué pour le prouver. 

Le deuxième a signé une victoire pour le confirmer. Et il pourra garder précieusement la rondelle qui commémorera pour toujours ce premier gain dans la LNH qu'il attendait depuis 11 longues années déjà.