Clauses de non-échange : le mystère persiste
TORONTO - Gary Bettman a retiré aux Sénateurs d'Ottawa un premier choix au repêchage – en 2024, 2025 ou 2026 selon la volonté de l'équipe – parce qu'ils ont fait mal paraître la Ligue en omettant de dévoiler aux Golden Knights une clause de non-échange qui les empêchait d'éventuellement échanger Evgeni Dadonov aux Ducks.
Une clause que Dadonov et son agent ont brandie lorsque Vegas a tenté de refiler au joueur russe un billet aller-simple en direction d'Anaheim.
On serait porté à croire qu'en 2023, la LNH et les directeurs généraux des 32 équipes seraient bien au fait de ces clauses tout aussi importantes que les primes associées aux salaires à verser aux joueurs.
Que tout ce beau monde disposerait d'une liste complète des villes où tel joueur et tel autre accepteraient de poursuivre sa carrière. Ou refuseraient carrément d'y aller.
Surtout que nos amis du site spécialisé CapFrienldy.com semblent déjà très au fait de ces informations aussi pertinentes qu'importantes.
Eh bien non!
Du moins pas officiellement.
Car les agents, les joueurs qu'ils représentent et l'Association qui protège les droits de ces joueurs refusent que la LNH et les équipes tiennent un registre précis des clauses de non-échange.
Image à protéger
Il est commun de savoir qu'un joueur refusera d'aller dans quatre, six, huit, dix villes de la LNH par le biais d'une transaction. Il est toutefois beaucoup plus difficile de savoir qu'elles sont les destinations précises vers lesquelles les joueurs refuseront de s'envoler autrement que pour aller y disputer un match et de repartir aussitôt la rencontre terminée.
Ce jeu de cachette est maintenu par les agents et l'Association afin d'éviter aux joueurs d'avoir à publiquement porter l'odieux de refuser d'aller dans un marché ou un autre.
On sait déjà que les villes canadiennes sont très souvent associées à des clauses de non-échange.
Plusieurs Américains préfèrent rester aux USA.
Plus encore, les aléas de l'hiver, les impôts, la petitesse de marché comme ceux de Winnipeg, Ottawa et Edmonton sont des critères incitant les joueurs à inscrire ces villes sur leur liste de destinations à éviter.
Tout comme le fait que telle ou telle équipe a peu de chance de gagner et n'a pas une réputation enviable auprès des joueurs... et des épouses qui échangent tous et toutes des informations sur les endroits où il fait le mieux vivre et le mieux y jouer.
La discrétion imposée par l'Association des joueurs permet donc à un joueur de Montréal, de Winnipeg, d'Edmonton de ne pas avoir à défendre sa décision de placer le nom de sa ville natale sur sa liste de destinations indésirables.
Même que cela pourrait tout droit mener à un fiasco sur le plan des relations publiques et ternir pour toujours l'image de ces joueurs.
Et comme la LNH semble peu intéressée à lancer un duel avec l'Association des joueurs sur un dossier moins important que d'autres – les Jeux olympiques par exemple – on semble prêt à vivre dangereusement. Avec les conséquences que cela a entraînées aux Sénateurs d'Ottawa.
Ça ne veut pas dire que la LNH ne fera rien pour autant. Comme l'a confirmé mon collègue Pierre Lebrun, mardi, à Toronto, la Ligue a invité les équipes à lui fournir des informations qui seraient conservées précieusement et transmises seulement en cas de besoin.
Le genre de jeu de coulisse qui aurait permis aux Golden Knights de savoir que les Sénateurs leur avaient caché un détail important – volontairement ou non – dans le cadre d'une transaction qui a très mal vieilli.
Peut-être qu'elle est là la solution.
Sauf qu'en 2023, alors que les plus folles rumeurs sont prises au sérieux et font le tour de la planète hockey en moins de temps qu'il en faut trop souvent au Canadien pour accorder le premier but d'un match, c'est un peu ridicule de se complaire dans un système d'une autre époque.
Mais bon!
Paris illégaux, c'est sérieux!
Parlant des Sénateurs, ils ont aussi perdu Shayne Pinto, suspendu pour son implication, direct ou non, dans des paris sportifs reliés à des matchs de hockey.
Bras droit de Gary Bettman, Bill Daly est revenu à la charge mardi matin pour insister sur les règles régissant les paris sportifs auxquels les joueurs de la LNH ont le droit de se livrer et aux autres qu'ils doivent éviter.
Les joueurs ne peuvent parier sur des matchs de hockey. Ils ne peuvent pas le faire et ne peuvent être associés à des personnes qui pourraient le faire à leur place.
Ou le faire en utilisant une plate-forme à leur nom. Ce qui semble vraiment être arrivé à Shayne Pinto selon les informations flottant autour de la LNH depuis l'annonce de sa suspension.
Armés de ces informations, les directeurs généraux sont invités à les réviser avec leurs joueurs tout en s'assurant que les joueurs comprennent le sérieux accordé par la LNH dans le respect de son intégrité. Surtout à l'ère où les compagnies de paris sportifs se multiplient et signent des ententes de partenariat avec la Ligue et plusieurs de ses équipes... dont les Sénateurs d'Ottawa.