Marc-André Fleury a été honorés par d'anciens coéquipiers des Penguins
ST.PAUL, Minnesota – Marc-André Fleury était adossé au mur de béton près du vestiaire des visiteurs sous les gradins du Xcel Energy Center.
Il s'était rendu jusque là – en territoire ennemi – à la demande des Penguins qui tenait à l'honorer pour ses 1000 matchs disputés en carrière dans la LNH, dont 691 disputés avec Pittsburgh. Mais aussi pour ses 552 victoires – dont 375 avec les Penguins – qui le placent au deuxième rang dans l'histoire de la LNH devant Patrick Roy (551) et derrière Martin Brodeur dont le record de 691 gains semble inatteignable.
Casquette aux couleurs du Wild sur la tête, survêtement encore humide après une petite demi-heure passée sur la patinoire en guise d'entraînement matinal, Fleury, tout sourire, serrait des mains et acceptaient les félicitations des membres de l'organisation des Penguins qui venaient à se rencontre.
Après une quinzaine de minutes, mais sans jamais perdre le sourire qui le caractérise, Fleury a lancé à ceux qui l'entouraient : « Ok! Dites-le-moi qu'ils me niaisent. Ils me demandent de les attendre, mais dans le fond, ils sont retournés à l'hôtel depuis un bon moment… »
Les « ils » lancés par Fleury personnifiaient Sidney Crosby et Kristopher Letang.
Et comme Fleury leur a réservé mille et un tours au cours des saisons passées à leurs côtés dans le vestiaire des Penguins, à bord d'avions et dans des tas d'hôtels, le gardien à qui le Wild et ses partisans rendra hommage avant le match de ce soir, semblait comprendre que l'heure de la revanche avait sonné.
Grands moments immortalisés
Mais non!
Après quelques minutes supplémentaires de patience, Crosby est finalement apparu. Le capitaine suivait des employés des Penguins qui tenaient un grand tableau sur lequel ont été peints des faits saillants de la carrière du gardien pendant son séjour à Pittsburgh.
« On a fait le tour de tous les joueurs pour qu'ils donnent une image qui leur rappelait Marc-André. Les jambières jaunes sont revenues souvent. Comme certains de ses plus gros arrêts. Personnellement, c'est celui qu'il a réalisé en fin de match et qui nous a permis de gagner la coupe à Detroit en 2009 qui vient en tête de liste de mes souvenirs de Flower », a indiqué Kristopher Letang.
Le défenseur québécois faisait référence à l'arrêt réalisé par Fleury aux dépens du grand Nicklas Lidström. « Flower » s'était bombé le torse en bougeant vers le poteau sur sa droite alors que les Wings tentaient de niveler les chances en fin de rencontre.
Cet arrêt avait scellé l'issue du septième match gagné 2-0 par les Penguins qui devenaient du coup, le deuxième club de l'histoire – après le Canadien de Montréal en 1971 – à soulever la coupe après avoir perdu les deux premiers matchs de la grande finale sur la patinoire ennemie.
« Cet arrêt est très haut sur ma liste », a convenu Sidney Crosby croisé après sa rencontre privée avec Marc-André Fleury.
« Cela dit, au milieu du tas de souvenirs heureux que je partage avec Flower et je t'assure qu'ils sont très nombreux, ce sont les coups casque-contre-masque qu'on se donnait après les victoires qui me font le plus chaud au cœur. Que ce soit en saison ou en séries, que ce soit après une victoire de 1-0 ou de 6-5, je voyais toujours son sourire éclatant et ses yeux rieurs au travers des grilles de son masque et j'ai toujours apprécié ce côté enjoué de lui », a témoigné Sidney Crosby.
Pas de cadeau sur la patinoire
Le 18 décembre dernier, lors de la visite du Wild à Pittsburgh, c'est du banc des joueurs que Fleury a suivi le duel contre son ancien club. Un rendez-vous raté pour le gardien qui pourrait prendre sa retraite à la fin de la saison. Ses anciens partisans l'avaient d'ailleurs bruyamment souligné en scandant des « On veut Fleury! » plusieurs fois lors de la rencontre.
Ce soir au Minnesota, Fleury sera devant la cage du Wild. Il sera en quête de sa 553e victoire dans le cadre de son 1009e match.
Après un échauffement au cours duquel tous ses coéquipiers porteront tous un chandail numéro 29 avec le nom Fleury cousu entre les deux épaules – ces chandails seront ensuite autographiés par Fleury et le joueur qui l'a porté avant d'être vendus aux enchères – le gardien sera honoré.
Entouré de son épouse et de ses filles, avec ses parents dans les gradins, il recevra un bâton en argent pour commémorer ses 1000 matchs. Il recevra aussi des cadeaux du Wild et de ses coéquipiers.
« J'espère juste qu'on pourra passer au match le plus vite possible. Je ne suis pas fort sur ces affaires-là », a brièvement indiqué Fleury après une poignée de main échangée devant son casier.
Mais si le duo Crosby-Letang lui a remis, avec un plaisir évident, un cadeau après les entraînements matinaux des deux clubs, il sera hors de question de lui faire cadeau de la victoire.
« Je suis très heureux pour lui et il mérite tous les éloges et hommages qu'il recevra avant la partie. Mais nous tentons de nous tailler une place en séries et toutes les victoires sont cruciales. À commencer par celle de ce soir. En plus, je n'ai qu'un but à mon actif contre Marc-André. Que ce soit dans la LNH où même dans les rangs juniors quand j'étais à Rimouski. L'occasion serait bien choisie d'en ajouter au moins un et de contribuer à notre victoire », a poursuivi le capitaine des Penguins.
« Je pense que j'ai un ou deux buts contre lui », a répliqué Letang avec un sourire de satisfaction au visage.
Et s'il tient à battre son rival, mais néanmoins ami, Kristopher Letang assure que les bons souvenirs sont impérissables.
« J'ai autant de souvenirs à titre de coéquipier qu'à titre d'ami. On passe tellement de temps ensemble. On traverse tellement d'épreuves, mais aussi de beaux moments, que ça te soude pour la vie. Le chum me manque, mais le coéquipier aussi. Il avait tellement une bonne attitude, il avait tellement une influence positive sur l'équipe que c'est normal de t'ennuyer de ça », assurait Letang avant de rentrer à l'hôtel.
Un exemple au quotidien
Les propos de Letang recoupaient les nombreux témoignages offerts dans le vestiaire du Wild. De fait, ils recoupaient aussi tous les témoignages à l'endroit du gardien québécois qui a toujours fait l'unanimité autour de lui.
« C'est une personne en or », a lancé sans retenue le Québécois Frederick Gaudreau après l'entraînement matinal.
« C'est spécial de croiser tous les jours un gars qui occupe une si grande place dans l'histoire de la Ligue. Mais ça ne le change pas du tout. Il est toujours gentil. Il a un grand cœur. Il s'implique toujours à fond. Il donne l'exemple tous les jours. Ce sera très touchant pour moi d'être témoin de la cérémonie de ce soir », a ajouté l'attaquant du Wild.
« Ce sera un match pour lui surtout qu'il croisera des gars avec qui il a connu autant de succès », a indiqué l'entraîneur-chef John Hynes qui a louangé l'humilité de son gardien.
« On a tous partagé des tas d'histoires sur Marc-André. Mais je crois que sa manière de célébrer sa 552e victoire décrit parfaitement quel genre de gars il est. Après le match, nos joueurs voulaient lui rendre hommage et ils l'ont convaincu de faire un tour d'honneur devant nos partisans – Fleury a blanchi les Islanders de New York 5-0 le 15 janvier dernier au Xcel Energy Center – mais après avoir fait une dizaine de pieds en solitaire, il est vite revenu avec ses coéquipiers », a expliqué John Hynes qui ne croit pas que d'autres gardiens suivront Fleury au sein de groupe sélect des gardiens qui ont atteint le plateau des 1000 matchs dans la LNH.
« Il faut d'abord et avant tout un talent exceptionnel pour pouvoir jouer aussi longtemps. Il faut en plus éviter les blessures. Mais au-delà ces considérations, les équipes partagent de plus en plus de travail de leurs gardiens. Ce qui rendra encore plus difficile la quête de se rendre à 1000 parties », a conclu l'entraîneur-chef du Wild.