BOCA RATON - S’il n’en tient qu’au responsable de la sécurité des joueurs George Parros, les joueurs de la LNH ne pourront plus sauter la patinoire lors des périodes d’échauffement « avec pas de casque ».

 

Voilà l’une des nombreuses propositions qui ont été débattues mardi par les 31 directeurs généraux réunis en Floride. Certaines, comme celles régissant le port du casque, l’installation de cadrans supplémentaires dans les coins de patinoire, la perte d’un changement en cas d’arrêt de jeu volontaire de la part d’un gardien et autres détails que je défile plus loin dans le texte seront implantées dès la saison prochaine.

 

Directeur général du Canadien, Marc Bergevin recommande déjà à ses joueurs de porter le casque lors de l’échauffement. Mais il ne peut l’exiger puisque cela contrevient à la convention collective. Du moins pour l’instant.

 

« Nous avons déjà contacté l’Association des joueurs pour échanger sur ce sujet, car nous avons besoin de l’accord des joueurs pour aller de l’avant avec une telle modification du règlement. La réponse de l’Association est très positive et nos directeurs généraux sont unanimes. Nous allons soumettre le tout au comité de compétition et si toutes les étapes sont franchies nous pourrions procéder à ce changement dès la saison prochaine », a indiqué le commissaire adjoint et grand responsable des opérations hockey Colin Campbell.

 

« Nous avons présenté ce matin (mardi) à nos directeurs généraux des incidents survenus lors d’échauffement alors que des joueurs sont atteints par des rondelles déviées au visage. Il y a des dizaines de rondelles qui vont dans tous les sens aux deux bouts de la patinoire. Tous les gars sont sur la glace et ils patinent sans trop faire attention à ce qui se passe autour. Si nos joueurs décident de s’opposer, peut-être que nous devrions faire appel à leurs mères pour nous aider », a ironisé Campbell.

 

En janvier 2012, alors qu’il défendait les couleurs des Oilers d’Edmonton, Taylor Hall avait d’ailleurs été victime d’une grave lacération au visage après qu’il eut été atteint par la lame du patin d’un coéquipier à la suite d’une collision de trois joueurs dans un coin de patinoire.

 

À l’emploi de la LNH depuis sa retraite, Shane Doan a lui aussi été victime d’un incident semblable lors d’une collision avec un coéquipier des Coyotes de l’Arizona. Doan avait été secoué après qu’il eut télescopé Jakob Chychrun au centre de la patinoire. L’ancien capitaine avait d’ailleurs raté le début du match. Plus chanceux, son jeune coéquipier s’en était tiré sans blessure malgré le fait que son casque, qui n’était pas attaché, avait volé après l’impact au lieu de le protéger.

 

« C’est une simple question de gros bon sens », a plaidé Doan qui ne voit pas pourquoi ou comment les joueurs pourraient insister sur le maintien du libre choix.

 

Perte du casque durant un match

 

Outre l’implantation du gros bon sens lors des échauffements, la LNH tient à se montrer plus agressive sur le port du casque lors des matchs.

 

Actuellement, un joueur qui perd son casque lors d’une chute ou après une forme de contact peut poursuivre sa présence sans cette pièce d’équipement.

 

«Nos gars dans la LNH sont fiers. Ils veulent continuer à foncer, peu importe qu’ils aient perdu leur casque. Mais c’est dangereux et ça ouvre la porte à des blessures sérieuses», a insisté George Parros qui supervisera la rédaction d’un nouveau paragraphe à ajouter dans le livre des règlements de la LNH.

 

Si l’objectif est clair, la manière d’imposer cette nouvelle règle n’est pas encore coulée dans le béton. Parros entend toutefois être plus sévère que dans la Ligue américaine, ou un joueur peut remettre son casque, sans même le rattacher, et reprendre sa place dans l’action.

 

« Ce n’est pas suffisant à mes yeux. J’ai expliqué aux directeurs généraux ce matin qu’à mes yeux un joueur qui perd son casque devrait retourner directement au banc. À défaut de le faire, les arbitres devraient alors siffler un arrêt de jeu et imposer une pénalité mineure », a ajouté Parros.

 

Le principe de cette règle est certainement louable. Surtout que la LNH vient de s’entendre avec des anciens joueurs sur les paramètres d’un règlement hors cour intenté justement en raison du laxisme affiché par la Ligue en matière de prévention des commotions cérébrales et de leurs conséquences néfastes.

 

Cela dit, la LNH par le biais de Parros et de Stephen Walkom le préfet des arbitres, les directeurs généraux et l’Association des joueurs devront prendre des mesures pour s’assurer que des joueurs ne tentent pas d’enlever le casque d’un adversaire afin de le contraindre à retraiter au banc.

 

Ne riez pas! Chaque fois que la LNH instaure une nouvelle règle ou un nouveau règlement, joueurs et entraîneurs concoctent aussitôt des stratégies pour arriver à les contourner.

 

Cadrans dès l’an prochain

 

S’il est possible, mais pas encore certains, que les nouvelles règles régissant le port du casque protecteur entreront en vigueur dès l’an prochain, il est acquis que des cadrans feront leur apparition dans les coins de patinoire la saison prochaine.

 

« On ne sait pas encore si nous installerons des cadrans dans les quatre coins ou seulement deux aux extrémités de la patinoire, mais les directeurs généraux sont tous favorables à cette idée. C’est une modification facile à apporter et elle sera soumise aux gouverneurs l’été prochain qui auront ultimement la décision d’aller de l’avant ou non », a indiqué Colin Campbell.

 

« J’aurais adoré avec ces cadrans à l’époque où je jouais. C’est un ajustement qui aidera la cause de tous les joueurs sur la patinoire; autant dans la phase offensive que défensive », a lancé l’ancien défenseur étoile Rob Blake qui est aujourd’hui directeur général des Kings de Los Angeles.

 

Mise en jeu au choix des coachs

 

À la lumière des discussions amorcées lundi et mardi d’autres petits ajustements intéressants devraient être proposés par les directeurs généraux mercredi et entrer en application dès l’an prochain. D’autres suggestions ont simplement été reportées, voire reléguées aux oubliettes :

  • À la suite d’une pénalité mineure, l’entraîneurchef de l’équipe sur le point de profiter d’une attaque massive pourra indiquer aux officiels s’il préfère que la première mise en jeu de la supériorité numérique soit disputée à la gauche ou à la droite du gardien adverse. Cette mesure permettra au coach dont l’équipe amorce l’attaque massive de mousser les chances de victoires lors de la première mise enjeu. À noter que ce privilège sera accordé seulement pour la première mise en jeu de chaque attaque massive.
     
  • La LNH annulera aussi sa politique actuelle qui renvoie en zone neutre les mises en jeu à la suite d’un tir décoché par l’équipe qui attaque et qui se retrouve directement dans la foule. «Nos juges de lignes déposent des mises en jeu en zone défensive après des arrêts de jeu attribuables à des rondelles qui se retrouvent dans le filet de sécurité ou dans les gradins après avoir été déviées par un joueur en défensive, partiellement stoppées par un gardien ou même après un ricochet sur la barre transversale. On fera dorénavant la même chose afin de maximiser l’attaque et de peutêtre générer plus de buts», a indiqué Stephen Walkom.
     
  • Bien que la LNH et les directeurs généraux soient satisfaits de la rapidité du jeu et du déroulement des matchs, ils entendent serrer la vis à l’endroit des gardiens qui «gèlent» trop souvent la rondelle lors des parties. « Les paramètres ne sont pas encore établis, mais nous voulons empêcher les gardiens d’immobiliser les rondelles qui sont tirées vers eux audelà leur ligne bleue. On a remarqué qu’après 80 % de ces arrêts de jeu, les équipes en défensive procèdent à des changements d’effectifs. Pour éviter ces arrêts de jeu qui ne sont pas nécessaires et surtout pour sauver la trentaine de secondes associée aux changements de joueurs, nous interdirions simplement à l’équipe en défensive de procéder à un changement, comme nous le faisons dans le cas des dégagements refusés », a mentionné Colin Campbell.
     
  • La LNH permettra aux arbitres d’aller au banc des pénalités pour consulter les reprises lors de révisions effectuées par les responsables de la salle de contrôle à Toronto. « Selon les règles actuelles, les arbitres ne peuvent consulter les iPad au banc des pénalités seulement dans les cas de contestations des entraîneurs. C’est un non-sens, car les entraîneurs derrière les bancs ont des iPad, les spectateurs dans les gradins profitent de plusieurs reprises sur des écrans géants et les gens à la maison ont plusieurs angles pour analyser les décisions des arbitres qui eux, sont laissés dans le noir. La décision finale reviendra toujours à Toronto et les arbitres ne seront pas consultés comme telle, mais ils pourront aller voir le jeu en question de manière à au moins être au diapason avec les entraîneurs et les joueurs des deux équipes », a mentionné Kris King l’un des responsables de la salle de contrôle de Toronto.
     
  • Certains directeurs généraux proposent depuis quelques années que les pénalités décernées lors de la période de prolongation soient d’une durée de 60 secondes et non de deux minutes. La prétention, et elle est logique, est que la pénalité est plus coûteuse en prolongation en raison du fait qu’elle ne dure que cinq minutes. Surtout qu’il est plus facile de marquer à quatre contre trois qu’à cinq contre quatre. Ceux qui s’opposent à cette modification ont toutefois un argument massue : une fois la pénalité de 60 secondes écoulée, les deux équipes se retrouveront à quatre contre quatre jusqu’au prochain arrêt de jeu. Arrêt de jeu qui pourrait prendre beaucoup de temps à être sifflé puisque les clubs sont plus prudents en prolongation. De cette façon, on perdrait la nature même de la prolongation qui prévoit du jeu plus ouvert à trois contre trois. La proposition a été rejetée et je ne crois pas qu’elle reviendra à la table au cours des prochaines années...
     
  • Les directeurs généraux sont en faveur du principe qu’on accorde aux arbitres la possibilité d’aller consulter des reprises avant de décerner des pénalités majeures ou des doublesmineures en cas de bâtons élevés. Mais il semble bien que ce changement ne sera pas apporté dès la saison prochaine. « Il y a encore trop de questions sur la nature des pénalités qui justifieraient une telle pratique. Le principe est bon. On en reparlera certainement », a conclu Colin Campbell.