Passer au contenu principal

RÉSULTATS

Kings : générosité aussi démesurée qu'inutile

Publié
Mise à jour

MONTRÉAL - Le Centre Vidéotron est un amphithéâtre magnifique. Un amphithéâtre digne de la LNH à l'intérieur duquel n'importe quel club serait heureux d'y élire domicile.

Un amphithéâtre que les amateurs rempliront sans l'ombre d'un doute les 3 et 5 octobre prochain alors que les Kings de Los Angeles y recevront les Bruins de Boston et les Panthers de la Floride dans le cadre de deux matchs préparatoires.

 

Mais si on peut se réjouir du fait que les amateurs de hockey de la capitale seront «gâtés» avec ces deux rencontres et l'escale de quelques jours de Phillip Danault, Pierre-Luc Dubois et leurs coéquipiers, il est impératif de dénoncer la générosité démesurée du Gouvernement pour assurer leur présence.

 

Une générosité qui a d'ailleurs autant renversé les dirigeants des Kings qui n'en demandaient pas tant qu'elle soulève l'indignation générale.

 

Une générosité qui, en prime, n'était pas nécessaire.

 

La très grande majorité des clubs de la LNH mangent de l'argent dans le cadre des matchs préparatoires qu'ils disputent.

 

Les assistances sont si basses que ces équipes peinent à couvrir les frais d'exploitation associés à l'ouverture des portes de leur amphithéâtre. Des frais de quelques centaines de milliers de dollars auxquels s'ajoutent les dépenses associées aux déplacements.

 

C'est pour cette raison que de nombreuses équipes tentent de signer des ententes avec des rivaux géographiquement rapprochés afin de minimiser les pertes. C'est aussi pour cette raison que ces équipes offrent au Canadien, aux Leafs et aux autres clubs qui remplissent les gradins – ou vendent des billets même si les sièges demeurent inoccupés – en calendrier présaison de les visiter en échange d'une centaine de milliers de dollars.

 

Impossible à justifier

 

Est-ce que les Kings encaissent des pertes ou font des profits avec les matchs préparatoires qu'ils disputent à domicile?

 

Je n'ai pas la réponse.

 

Cela dit, au lieu d'offrir aux Kings entre 5 et 7 millions $ et même davantage si c'est nécessaire pour qu'ils mettent le cap sur Québec, le Gouvernement aurait pu dire à Luc Robitaille : je paye les frais reliés à ton escale à Québec – nuitées à l'hôtel et frais de transport qui oscillent autour des 30 000 $ de l'heure de vol – et je te verse ce que tu aurais touché en revenus si les matchs contre les Bruins et les Panthers avaient été présentés au Crypto.com Arena plutôt qu'au Centre Vidéotron.

 

Pas assez pour échanger une poignée de main?

 

Il aurait pu ajouter un peu de fric en prime pour s'assurer la présence des Kings à Québec plutôt que dans un « luxueux resort » quelque part autour de la LNH où Robitaille aurait envoyé son club pour faire le pont entre la fin du camp d'entraînement et le début de la saison régulière.

 

Comme une majorité de clubs de la LNH font d'ailleurs déjà… et à leurs frais soit dit en passant!

 

Imaginez si le Canadien avait demandé une subvention pour aller terminer son camp d'entraînement à Mont Tremblant l'automne dernier…

 

Pourquoi alors autant de générosité de la part du ministre des Finances et de son Gouvernement dans le contexte actuel d'austérité financière?

 

Difficile à comprendre. Plus difficile encore à expliquer. Impossible à justifier

 

Comme il est impossible de comparer les retombées économiques d'un match préparatoire de la LNH à une course de Formule un, à la coupe des Présidents au golf, au Carnaval ou à une soirée du Festival d'été (FEQ).

 

La F-1 offre une vitrine mondiale à toutes les villes où elle fait escale. À Montréal, le Grand Prix est la plus grosse «convention» de l'année depuis toujours. La ville, ses hôtels, les restos et les boutiques de luxe sont pris d'assaut par des touristes venus des quatre coins du monde.

 

La coupe des Présidents aura elle aussi une visibilité mondiale alors que les joueurs de l'équipe américaine croiseront des adversaires de partout dans le monde, sauf des pays européens.

 

Le FEQ et le Carnaval font courir des amateurs des quatre coins de la province.

 

Les matchs que les Kings disputeront contre les Bruins et les Panthers feront courir les amateurs de hockey des quatre coins de la ville, de Victoriaville, du bas du fleuve. Peut-être aussi des autres régions du Québec. Mais les retombées n'auront rien à voir avec celles associées au FEQ ou au Carnaval.

 

Rien de rien.

 

Surtout que les joueurs de la LNH n'étant payés en matchs préparatoires, le Gouvernement ne pourra pas percevoir d'impôts sur le revenu comme il le fait dans le cadre des matchs de saison régulière qui sont disputés au Centre Bell.

 

Le Canadien dans tout ça?

 

Ce qui complique les choses pour le ministre Girard et son gouvernement, c'est qu'au lieu de «gaspiller» aux yeux d'une majorité de Québécois des millions $ pour ouvrir les portes du Centre Vidéotron aux Kings, le Canadien aurait pu les franchir gratuitement et y inviter, tout aussi gratuitement, un adversaire.

 

Il l'a d'ailleurs fait 11 fois depuis 2002 alors qu'il avait affronté l'Avalanche du Colorado. Un match au cours duquel Joe Sakic, Peter Forsberg et Adam Foote étaient sautés sur la patinoire pour la période d'échauffement avec leur ancien chandail des Nordiques sur le dos.

 

Un beau moment, un grand moment!

 

Pas question ici d'embarquer dans une « guéguerre » aussi absurde et insignifiante qu'inutile entre Bell Media et Vidéotron ici.

 

D'autant que si j'étais le patron du Centre Vidéotron et que mon boss était Quebecor, je serais le premier à me dire que l'idée d'inviter le Canadien dans mon amphithéâtre et de présenter son match sur les ondes d'un canal rival comme RDS ne serait pas la meilleure au monde sur le plan marketing.