Directeur général des Wings et l’un des architectes des équipes canadiennes qui ont gagné l’or à Vancouver en 2010 et aussi à Sotchi, Ken Holland ne sait pas si les joueurs de la LNH prolongeront leur expérience olympique dans quatre ans en Corée.

Holland sera heureux si l’association LNH-CIO se prolonge. Mais il ne versera pas de larmes si l’expérience amorcée en 1998 à Nagano cesse après les Jeux de Sotchi.

«J’ai adoré mes expériences à Vancouver et Sotchi. C’est un travail colossal, mais vraiment intéressant surtout que nos efforts ont été récompensés par la médaille d’or. Mais la décision ne me revient pas. Elle viendra de Gary Bettman et des propriétaires de la LNH», a souligné Holland croisé au Centre Bell mercredi matin.

Et si Mike Illitch, son proprio, lui demandait conseil ?

«Il ne me demandera jamais conseil. Mais je ne m’en mêlerais pas», a répliqué Holland en riant.

Même s’il a perdu les services de son as joueur de centre Henrik Zetterberg dans le cadre du tournoi olympique, Ken Holland refuse de suivre son homologue Garth Snow (Islanders de New York) qui a sévèrement contesté la présence des joueurs de la LNH aux JO après que son capitaine John Tavares (photo) eut subi une blessure au genou qui l’obligera à rater la fin de la saison.

«Les blessures font partie du hockey. Si nous avions maintenu nos activités au lieu d’aller à Sotchi, des joueurs seraient tombés au combat aussi. C’est normal. À titre de directeur général des Wings, il est évident que je préférerais qu’un de mes joueurs se blesse dans l’uniforme des Red Wings que dans celui de son équipe nationale. Mais les blessures arrivent. Et elles arriveront encore que nous poursuivions l’aventure olympique ou non. Ou que nous nous tournions vers des Coupes du monde», a ajouté Holland.

Aux yeux du manitou des Red Wings, ce ne sont pas les blessures, mais les conséquences de la pause que la LNH doit décréter pour la tenue des Jeux, qui dictera la suite des choses.

«Il y a un tas de facteurs positifs associés à la présence des joueurs de la LNH aux JO. En contrepartie, je conviens que la pause nécessaire pour permettre la tenue de ce tournoi engendre des pertes imposantes pour les propriétaires. Il y a du bon et du mauvais de chaque côté. J’attendrai qu’on me dise quoi faire et j’agirai en conséquence», a conclu Holland.

Alfie : encore un an ? 

Médaillé d’argent des derniers Jeux de Sotchi, Daniel Alfredsson est convaincu de la pertinence et de l’importance de la présence des joueurs de la LNH aux JO.

«Je ne serai pas là dans quatre ans. Mais les expériences que j’ai vécues lors des Jeux m’obligent à dire qu’il y a bien plus de facteurs positifs à tirer de la présence des joueurs de la LNH aux Jeux que de facteurs négatifs. C’est une façon extraordinaire de faire connaître notre sport», a mentionné Alfredsson dont le moment le plus fort des jeux a été la poursuite par équipe en ski de fond chez les hommes. Une course que sa Suède natale a remportée devant la grande rivale qu’est la Norvège.

«C’est une rivalité plus forte que dans n’importe quel autre sport pour nous en Suède. J’étais sur place et c’était fantastique de pouvoir encourager nos athlètes surtout qu’ils profitaient d’une avance assez confortable lors du dernier tour de piste dans le stade. J’aime bien ma médaille d’argent, mais cette victoire n’a pas eu son égal dans le cadre des Jeux», a convenu Alfie.

De retour avec les Red Wings, Alfredsson croise le Canadien mercredi afin de faire un Daniel Alfredsson et Patrik Berglunde dernière escale cette saison à Ottawa. Une escale qui pourrait être sa toute dernière dans l’éventualité d’une retraite à la fin de l’année.

«Je n’ai pas pris de décision encore. Nous avons un gros défi devant nous pour accéder aux séries. Mon attention sera consacrée exclusivement à cette course. Et une fois la saison terminée, j’en parlerai avec ma famille. Je réfléchirai. Je me sens bien aujourd’hui malgré les quelques blessures qui m’ont ralenti cette année. J’ai encore du plaisir, je me sens encore à ma place sur la patinoire. Si les circonstances sont aussi favorables une fois la saison terminée, je poursuivrai. Et si je poursuis, ce sera avec cette équipe. À Detroit.»

Après avoir attiré Alfredsson à Detroit en lui offrant un contrat d’une saison de 3,5 millions – plus une prime de 2 millions – Ken Holland serait prêt à offrir le même genre d’entente à Alfredsson l’an prochain.

«Je crois sincèrement qu’il a encore au moins une bonne saison dans les jambes et dans le corps. Il demeure un excellent joueur de hockey qui contribue au succès de son équipe. À son âge, ce n’est ni la forme, ni le talent qui dictent les décisions. C’est la motivation. Nicklas Lidstrom aurait pu continuer à jouer au lieu de prendre sa retraite l’an dernier. Mais il n’avait plus la passion nécessaire pour s’astreindre aux exigences de remise en forme que ces athlètes doivent endurer au cours de la saison morte. Si Alfie est encore prêt à s’imposer ce genre de sacrifices afin de maintenir sa forme, je suis convaincu qu’il pourrait jouer avec nous l’an prochain.»

Babcock aussi mérite d'être ovationné

De retour au Centre Bell après une trêve olympique qui a permis au Canada de se couvrir d’or au tournoi de hockey de Sotchi, le Canadien soulignera comme il se doit la conquête de cette précieuse médaille.

Parce que le Canadien est passé maître au fil des ans à concevoir des hommages à la hauteur des événements – tristes ou heureux – à souligner, on peut s’attendre à une cérémonie de bon goût.

Le Canadien saluera bien entendu Carey Price et P.K. Subban qui pourront brandir leur médaille d’or. Mais parce que le Canadien sait faire, il soulignera aussi le travail accompli par le directeur général des Red Wings de Detroit Ken Holland et de son entraîneur-chef Mike Babcock qui, même s’ils n’ont pas reçu de médaille – les médailles sont accordées seulement aux athlètes et non aux entraîneurs – ont eu un sérieux mot à dire dans la conquête canadienne.

En plus des médaillés de l’équipe masculine, toutes les Québécoises médaillées d’or en hockey féminin qui sont de retour à Montréal seront aussi invitées sur la patinoire du Centre Bell.

Mike BabcockElles auront sans l’ombre d’un doute droit à une belle et ô combien méritée ovation. De fait, j’ai bien hâte de les croiser sur le plateau de l’Antichambre après la rencontre afin de revivre, avec elles, les dernières minutes de ce match de fou dont elles sont sorties championnes, laissant folles de rage et de déception leurs rivales américaines.

À l’image de nos grandes dames du hockey, P.K. Subban et Carey Price – qui n’ont pas vraiment besoin de médaille d’or pour les obtenir – seront certainement ovationnés eux aussi.

Cela va de soi.

J’espère que les partisans réunis au Centre Bell offriront le même genre d’ovation à Kenny Holland et Mike Babcock.

Je sais. Ils sont dans le camp ennemi. Et pour assurer sa présence en séries éliminatoires, le Canadien n’a pas de cadeau à faire aux Wings qu’il croisera encore deux fois avant la fin du calendrier régulier.

Je sais aussi que Babcock s’est fait des ennemis à Montréal et partout où le Canadien compte des partisans en confinant P.K. Subban sur la galerie de presse dans tous les matchs du tournoi, sauf un.

Mais le temps de cette cérémonie, c’est l’équipe canadienne au grand complet à qui le Canadien rendra hommage. Pas seulement aux membres du Tricolore.

L’équipe qui a ramené l’or pour la première fois depuis que les professionnels de la LNH patinent sur une patinoire européenne dans le cadre des Jeux olympiques. L’équipe qui a permis à Carey Price de s’illustrer. L’équipe qui comptait sur une défensive tellement solide et étanche que même P.K. n’est pas arrivé à la percer. Une équipe qui été dirigée par Mike Babcock qui, au risque de se faire des ennemis à Montréal et ailleurs au pays, a pris une série de décisions qui ont conduit son équipe sur la plus haute marche du podium.

Loin de moi l’intention, voire la prétention, de vous dicter une règle de conduite. Mais s’il est normal – mlagré que je ne trouve pas cela toujours bien élégant – de huer les anciens porte-couleurs du CH lorsqu’ils reviennent au Centre Bell, ou de huer plus fort encore les Zdeno Chara et autres bourreaux qui ont déjà fait mal – aux sens propre et figuré – au Canadien, je ne vois pas comment on pourrait faire autrement qu’ovationner Holland et surtout Babcock.

Une fois le match commencé, vous pourrez bien faire ce que vous voulez. Mais avant la partie, dans le cadre de la cérémonie visant à honorer les médailles d’or olympiques en hockey masculin et féminin, il me semble que le Canada devrait passer devant le Canadien…

En passant, si l’hommage orchestré par le Canadien avant le match de ce soir n’implique que les membres des équipes masculine et féminine de hockey, ne lâchez pas les grands cris.

La direction du Tricolore jongle avec les horaires de tous les autres médaillés québécois – certains ont déjà repris leur calendrier de compétitions – afin de pouvoir tous les convier, ou le plus grand nombre possible, à un prochain match à domicile pour leur offrir l’hommage qui leur est dû.