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RÉSULTATS

La LNH aux Olympiques, une codépendance essentielle

Gary Bettman, Thomas Bach et Sidney Crosby Gary Bettman, Thomas Bach et Sidney Crosby - Getty, RDS
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Dans cette première partie de notre dossier sur le retour des joueurs de la LNH aux Jeux olympiques d'hiver, on prend un petit recul historique avant de plonger dans les détails de ce grand retour aux JO de 2026.

Le monde du sport se prépare pour les Jeux olympiques de Paris cet été. Ces JO marqueront le retour du rêve de Pierre de Coubertin en sol européen pour la première fois depuis la visite à Sochi en 2014.

Depuis, les Olympiques ont voyagé en Amérique du Sud (Rio) avant de faire une escale de 6 ans en Asie, de 2018 à 2022.

Ce retour en Europe des JO, c'est une excellente nouvelle pour les ligues professionnelles associées au tournoi olympique. La logistique est drôlement plus simple tant pour les diffuseurs que pour les joueurs.

Sans tout expliquer, disons que les JO de Paris ne sont pas anodins dans l'équation associant la Ligue nationale de hockey au Comité internationale olympique.

Je vais y revenir, puisqu'il faut parler des Jeux d'hiver et de la LNH avant toute chose.  

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

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En février dernier, après une absence de dix ans, le commissaire Gary Bettman a confirmé que les joueurs de la LNH seraient de retour lors des Jeux olympiques de Milan et Cortina en 2026.

Brillants par leur absence aux olympiades hivernales en 2018 et 2022, les joueurs étoiles de la LNH auront ainsi la chance de renouer avec le prestigieux tournoi dans l'espoir de représenter leurs nations pour la grande rencontre sportive présentée aux quatre ans.

Lors de son point de presse avant la pause du Match des étoiles, le commissaire de la LNH a souligné l'importance de cette association.

« On reconnaît à quel point c'est important pour les joueurs, a déclaré Bettman. Du côté des propriétaires, tout le monde pensait que c'était la bonne chose à faire. Il s'agissait vraiment de faire quelque chose parce que les joueurs le voulaient vraiment. »

Mais pourquoi est-ce que la présence des joueurs de la LNH aux Olympiques est si importante?

C'est un dossier quand même plus vaste qu'on pourrait l'imaginer à première vue et ça mérite un peu de recul historique afin de bien saisir l'impact de cette décision.

Le hockey et les Jeux olympiques, une longue histoire d'amour

Sur les patinoires des différentes olympiades aux quatre coins du monde, il y a des tournois de hockey masculin depuis plus d'un siècle maintenant.

Cette relation précède, et de loin, l'inclusion des joueurs professionnels de la LNH en 1998.

En fait, les cinq olympiades incluant les joueurs de la LNH représentent, au final, une faible minorité des tournois olympiques de hockey. Même que le moment le plus célèbre de la classique, aux yeux de plusieurs, s'est déroulé en 1980 quand les Américains ont renversé l'équipe de l'Union soviétique dans ce qui sera nommé, tout simplement, un miracle sur glace (Miracle on Ice).

Devant leurs partisans à Lake Placid, l'équipe américaine constituée de joueurs amateurs et universitaires a surpris la puissante équipe soviétique qui, elle, de son côté, alignait les meilleurs professionnels de leur nation puisque les joueurs en Russie pratiquaient leur sport à temps plein, contrairement aux athlètes des autres nations. Ça expliquait, entre autres, les cinq médailles d'or en six olympiades de l'Union soviétique au moment de la visite à Lake Placid.

Le Canada au JO de 1924

Tout ça pour dire que le tournoi de hockey est une attraction très courue lors des Olympiades depuis sa première édition aux Jeux olympiques de Belgique, à Anvers en 1920. Oui, c'était quatre ans avant la première édition des Jeux olympiques d'hiver à Chamonix. Le hockey, historiquement, précède la création même des olympiades hivernales. C'est important à ce point pour les Jeux.

Le Canada, pour la petite histoire, a très facilement remporté la première médaille d'or olympique en hockey alors qu'une équipe sénior de Winnipeg, les Falcons, n'a accordé qu'un seul but lors du tournoi de sept équipes alors qu'ils avaient reçu l'invitation pour les Jeux quelques jours avant le début du tournoi.

Comme le stipule le mandat olympique, seuls les athlètes amateurs étaient admis lors des Jeux et cette réalité est demeurée ainsi jusqu'aux entorses du bloc soviétique avec ses joueurs à temps plein, qui n'avaient pas officiellement le statut de professionnels, mais qui dominaient outrageusement les équipes adverses.

C'est ainsi que le Comité international olympique (CIO) a changé les règles en 1986 afin de permettre l'inclusion des joueurs professionnels lors des tournois olympiques.

Par contre, la LNH était d'abord réticente à l'idée puisque les Jeux olympiques sont présentés en plein milieu de la saison régulière. Donc, pour les jeux de 1988 à Calgary, les premiers avec des joueurs professionnels, les étoiles de la LNH n'y étaient pas, à la déception de plusieurs.

Même son de cloche en 1992 et en 1994.

Ceci explique la domination des équipes européennes lors de ces tournois, même si le Canada a récolté des médailles d'argent en 1992 et en 1994. Avec les meilleurs joueurs canadiens et américains actifs dans la LNH, les formations nationales se retrouvaient à envoyer des équipes moins menaçantes pour se frotter aux forces de l'Europe.

C'est en 1998 que le tournoi olympique de hockey a réellement changé de visage. À l'instar de celui de basketball lors depuis Jeux olympiques d'été de 1992, c'était au tour des meilleurs joueurs au monde de faire leur entrée sur les patinoires olympiques pour de bon, du moins, c'est ce que le public espérait.

La LNH à Nagano

Pour la première édition des Jeux olympiques d'hiver avec des joueurs de la LNH, en 1998 à Nagano, tous les observateurs s'attendaient à voir le Canada finalement reprendre la plus haute marche du podium après une disette de plus de 40 ans sans médaille d'or.

La dernière médaille d'or olympique du Canada remontait à 1952, à Oslo. C'était ensuite le début de la domination soviétique alors que l'ex-URSS allait repartir avec l'or en 1956, 1964, 1968, 1972, 1976, 1984 et 1988. Le démantèlement de l'Union ainsi que la nouvelle règlementation du CIO allaient permettre au talent de s'éparpiller en Europe avant la venue des joueurs de la LNH.

Mais pour en revenir à 1998, avec la venue de Wayne Gretzky aux Jeux, notamment, on voyait le Canada au sommet dans une relance inévitable du hockey sur la scène internationale durant ce congé octroyé par la LNH pour permettre à ses joueurs de faire le voyage au Japon.

Ce que Hockey Canada avait négligé, à l'époque, c'est la différence entre le jeu international et celui de la LNH, notamment en raison de la taille de la patinoire, et aussi la présence des joueurs de la LNH pour les autres nations.

Ainsi, Dominik Hasek a aidé la République tchèque à remporter sa première médaille d'or lors de ce tournoi tandis que le Canada était complètement écarté du podium.

Cette débandade canadienne n'était qu'un grain de sel ultimement puisque le hockey a gagné en popularité après les olympiades de 1998.

En août de la même année, six mois après la conclusion des Jeux de Nagano, la LNH annonçait sa nouvelle entente contractuelle de télédiffusion aux États-Unis avec ABC et ESPN. Le contrat, d'une durée de cinq ans, allait gonfler les coffres de la Ligue avec plus de 600 millions de dollars en droits de diffusion entre 2000 et 2004.

L'association pour la somme de 120 millions par saison était de loin la plus lucrative de toute l'histoire de la LNH. La visibilité offerte par l'incroyable rayonnement olympique aida immédiatement la Ligue et les joueurs allaient revenir aux JO sans l'ombre d'un doute.

Dans la foulée, les joueurs de la LNH étaient aux Jeux de 2002, 2006, 2010 et 2014. Le Canada, de son côté, a remporté trois tournois olympiques avec ses meilleurs joueurs (2002, 2010 et 2014).

Sauf qu'après cette douce période avec un tournoi olympique absolument incontournable incluant les meilleurs joueurs de la LNH, les choses ont pris une tout autre tournure avant le retour des Jeux en Asie.

C'est ce que nous allons couvrir dans la deuxième partie de ce dossier alors que les intérêts financiers s'invitent dans l'équation, bien au-delà de l'amour du sport. De toute façon, c'est connu, le sport est un grand miroir de la société et il reflète le meilleur comme le pire. L'ampleur des Jeux olympiques, c'est aussi une grande industrie de gens aux poches très profondes et aux bras très longs.

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