BOSTON - Parce qu’il se relève d’une grippe qui l’a cloué au lit et parce qu’il fait un froid de canard à Boston depuis le début de la semaine, Brad Marchand s’est présenté devant les journalistes emmitouflé dans un gros manteau doté d’un capuchon orné de fourrure.

« On gèle », a d’ailleurs été la première remarque de Marchand qui a retrouvé Patrice Bergeron et Reilly Smith au sein du deuxième trio des Bruins mercredi matin après avoir bénéficié d’une journée de congé mardi.

Même si le froid persiste au cours de la semaine, la petite peste des Bruins n’aura pas besoin de manteau pour se garder au chaud. Car avec la tension qui s’installe à l’aube de la série contre le Canadien, le mercure grimpera en flèche à Boston dès jeudi. Du moins à l’intérieur du TD Garden.

Bien qu’il ait plusieurs fois parlé de l’importance de maintenir un haut niveau de discipline, Marchand a aussi reconnu que lui et ses coéquipiers devaient maintenir le style qui leur permet de connaître autant de succès.

« Eriksson a fait une grosse différence »

« Oui la ligne est mince entre la discipline et l’indiscipline. Oui on doit tout faire pour éviter de plonger notre équipe dans le pétrin en écopant de vilaines pénalités. Mais en même temps, on ne peut mettre complètement de côté notre style », a lancé Brad Marchand avec le sourire espiègle qui le caractérise.

S’il semble se satisfaire de son rôle d’agitateur, Brad Marchand devra être plus efficace sur la patinoire et surtout plus discipliné face au Canadien qu’il ne l’a été en première ronde contre Detroit. Non seulement Marchand a-t-il été blanchi au chapitre des points, mais il a placé son équipe dans le trouble en écopant huit minutes de pénalité. Le plus haut total de son équipe.

« Normalement, les arbitres sont moins sévères une fois les séries commencées. Pas cette année. J’ai d’ailleurs été victime de pénalités douteuses en première ronde. Des pénalités qu’on ne décerne même pas dans les rangs pee-wee. Mais je dois m’y faire. Je suis un joueur marqué et cela m’oblige à être plus prudent encore. Il faudra l’être davantage contre Montréal. Car l’attaque à cinq et Carey Price, qui est très difficile à battre à un contre un, sont les principales forces du Canadien. Il faudra éviter de faciliter leur travail en leur offrant des supériorités numériques », a mentionné Marchand.

Le petit agitateur devra aussi se méfier de P.K. Subban qui, en plus d’afficher le talent qu’on lui connaît, semble passé maître dans l’art de faire perdre patience à ses adversaires des Bruins.

« Il est bon et joue dur. On le sait. Mais il faudra éviter de tomber dans les pièges qu’il sait nous tendre. Nous sommes en séries éliminatoires. Le vrai but n’est pas de gagner des batailles individuelles contre un adversaire, mais bien de gagner pour permettre à ton équipe d’avancer un peu plus loin », a plaidé Marchand qui, simple ironie ou signe qu’il entend jouer les bons garçons, avait la tête coiffée d’une casquette verte de la Vermont State Police.

Lucic : aucun remord

Si P.K. Subban et ses coéquipiers du Canadien doivent s’attendre à recevoir les visites régulières et pas toujours agréables de Brad Marchand, Alexei Emelin est déjà dans la mire de Milan Lucic qui a bien hâte de le retrouver le long des bandes, dans les coins de patinoire et devant Carey Price.

Un tout autre défi

« Le fait qu’il joue à droite et que je sois un ailier gauche multiplie nos chances de rencontres. C’est comme ça depuis que nous jouons l’un contre l’autre et je ne vois pas pourquoi ça changerait maintenant. Et c’est bien ainsi. Car comme je l’ai souvent dit, c’est un défenseur robuste. Un compétiteur. Nous avons une forme de rivalité à l’intérieur de la grande rivalité qui oppose nos deux équipes  », a expliqué Lucic qui apprécie au plus haut point la rivalité qui oppose les deux clubs, les deux villes. Une rivalité qui pourrait passer à un autre niveau cette année selon le gros ailier gauche.

« Cette rivalité est déjà forte contre le Canadien en saison régulière. Elle l’était plus encore lors des trois fois que je les ai affrontés en séries. Ce sera toutefois la première fois qu’on se croisera en deuxième ronde. Ça devrait donc être plus fort encore », a mentionné Lucic avec un large sourire de satisfaction accroché au visage.

Lucic affichait une satisfaction plus évidente encore lorsqu’il a suivi l’exemple donné mardi par son entraîneur-chef Claude Julien en reconnaissant qu’il vouait une haine à l’endroit du Canadien. « Je ne vous apprendrai rien ici. Ça fait sept ans que je suis dans la Ligue et ça fait sept ans que cette haine s’est installée et qu’elle grandit. C’est rendu naturel de les détester. Et je suis convaincu qu’ils nous détestent tout autant. »

Le gros attaquant des Bruins a perdu son sourire une seule fois lors de son point de presse : lorsqu’on lui a parlé de ses coups vicieux entre les jambes d’Alexei Emelin, plus tôt cette saison, et de Danny DeKeyser en première ronde des séries.

« Je n’ai aucun regret. Je ne peux rien changer à ce que j’ai fait. Je répète que ce sont des gestes isolés que j’ai commis et qui ont été commis par bien d’autres joueurs de hockey avant moi. La seule différence, c’est que je me suis fait prendre », a plaidé de façon bien maladroite le meilleur franc-tireur des Bruins (3 buts, 1 passe) depuis le début des séries.

S’il voue une haine viscérale à l’endroit du Canadien et qu’il déteste les joueurs qui portent l’uniforme tricolore, Lucic convient qu’il affiche des sentiments différents à l’endroit de Brendan Gallagher, un ami personnel qui a suivi ses traces avec les Giants de Vancouver dans la Ligue junior de l’Ouest. De fait, Gallagher a fait plus que suivre les traces de Lucic, il a éclipsé ses performances offensives avec les Giants.

« L’amitié, c’est une chose. Mais en séries, l’amitié qui te lie à un adversaire passe derrière les liens fraternels avec tes coéquipiers. »

Avec le retour de Marchand au sein du deuxième trio, Daniel Paille partageait le travail avec Jordan Caron au sein du quatrième trio.

Selon les collègues de Boston, il semble que Caron soit plus susceptible de perdre son poste au profit de Paille que ne l’est la recrue Justin Florek, qui complète le duo suédois composé de Carl Soderberg et Loui Eriksson au sein du troisième trio.

Dans un point de presse au cours duquel il a limité ses réponses à quelques mots, Claude Julien n’a rien dévoilé quant à ses intentions en vue du premier match de la série.

Il a toutefois reconnu que Florek complétait très bien ses compagnons de trio et qu’en dépit de son statut de recrue, il était en mesure de s’imposer sur la patinoire.

S’il est demeuré vague dans ses réponses, Claude Julien a toutefois reconnu qu’il avait été pris par surprise par la confirmation que le premier match serait disputé dès jeudi. « Nous étions davantage sous l’impression que la série commencerait vendredi ou samedi. Nous avons modifié nos plans quant à la préparation de notre équipe, mais nous serons prêts. »