Après six saisons dans l’uniforme des Blues, David Perron entame un nouveau chapitre de sa carrière ce soir à Edmonton (contre les Jets) et il se sent au bon endroit même s’il assure avoir adoré son parcours à St Louis.

Encouragé par ce qu’il a découvert depuis sa transaction du 10 juillet, Perron perçoit des éléments lui permettant de croire que les Oilers peuvent renverser le flux dans la direction désirée.

Écartée des séries lors des sept dernières saisons, l’organisation albertaine a confié les rênes de l’équipe à Craig MacTavish qui a embauché le jeune entraîneur Dallas Eakins pour montrer le chemin. Le puits des Oilers regorgeait déjà de talent, mais les dirigeants ont cru bon ajouter un levier d’expérience grâce aux acquisitions d’Andrew Ference, Boyd Gordon et Perron.

Dallas EakinsSans s’exciter trop hâtivement pour un filon incertain, Perron remarque du positif dans la fiche de 5-2-1 des Oilers en matchs préparatoires.

« Même s’il ne faut pas prendre cela comme si c’était les séries de la coupe Stanley, il y a un début à tout. Cette équipe doit développer le goût d’être une équipe gagnante et ça doit commencer quelque part », a jugé Perron en entrevue au RDS.ca.

« Ça prend des vétérans comme Ference, qui a joué 120 matchs en séries, et Gordon pour démontrer aux jeunes quel est le sentiment qui habite une équipe gagnante », a-t-il poursuivi.

Auteur de cinq buts et une mention d’aide en quatre parties préparatoires, Perron n’a pas tardé à démontrer son savoir-faire à ses nouveaux partisans, mais il se réjouit plutôt pour une autre raison. 

« Ma fiche est encore intacte à 0 match avec 0 but et 0 passe! J’ai déjà tourné la page même si c’est plaisant d’avoir du succès en présaison. Je suis surtout content de la connexion développée avec (Jordan) Eberle et d’autres joueurs de l’équipe parce que c’est toujours intéressant quand ça s’installe avant même le début de la saison », a ciblé l’athlète de 25 ans.

La dernière étape préparatoire s’est toutefois conclue par un revers de 4-0 face à une formation inexpérimentée des Stars de Dallas. Aux dires de Perron, ce faux pas pourrait s’avérer bénéfique en ce moment.   

« Notre équipe a été un peu surprise par l’intensité des Stars. Mais je me demande si notre entraîneur n’était pas content que ça arrive avant le début de la saison pour ramener les pendules à l’heure. Ça envoie le message que la saison ne sera pas une partie de plaisir », a confié Perron qui avait obtenu congé en raison d’un petit virus.

Parlant du pilote recrue, qui était fort convoité, Perron vante les méthodes d’Eakins qui cadrent avec ses habiletés.

« Il arrive avec des approches que je n’avais jamais entendues dans la LNH. Parfois, ce qu’il vient de dire te frappe tellement, c’est agréable à entendre. Par exemple, quand on gagne 4-1 après deux périodes, les entraîneurs ne disent pas qu’il faut s’asseoir sur notre avance, mais ils agissent ainsi dans la gestion du match et c’est un peu comme s’ils le disaient sans prononcer les paroles. Lui, il préfère dire que nous avons eu du succès en contrôlant la rondelle et que ça doit continuer ainsi », a expliqué le volubile athlète repêché au 26e rang en 2007.

Des rumeurs démenties par rapport à Hitchcock et Murray

Perron le sait, il n’a pas la langue dans sa poche et il aime partager ses opinions. Probablement à cause de ce trait de caractère, plusieurs rumeurs ont fait surface au fil des ans à propos de relations tendues avec Andy Murray et ensuite Ken Hitchcock.

Le Québécois aux mains agiles a eu vent de ces insinuations et il a tenu à corriger le tir.

David Perron et Andy Murray« Murray et Hitchcock étaient plus axés sur un système défensif.  Ce n’est pas négatif et c’est correct, car ils ont connu beaucoup de succès ainsi, mais je me suis rendu dans la LNH en étant un joueur qui crée de l’attaque et ça peut parfois enlever un peu de créativité. Ça peut devenir frustrant par moment, mais j’ai quand même apprécié ces entraîneurs », a-t-il insisté. 

« C’est juste plaisant d’arriver dans un nouveau contexte où il y a tellement de talent que c’est indéniable qu’on jouera un style plus offensif », a enchaîné le numéro 57 qui a récolté 198 points en 340 matchs dans le circuit Bettman.

Même s’il a été échangé contre Magnus Paajarvi et un choix de deuxième ronde, Perron dresse un bilan positif de son apprentissage au Missouri.

« Les gens pensent souvent que ça n’allait pas bien avec Andy Murray et Ken Hitchcock, mais si j’avais des employés et qu’ils n’étaient pas d’accord avec ce que je leur demande de faire, j’aimerais mieux qu’ils me le disent et qu’on soit sur la même longueur d’onde en sortant du bureau », a imagé Perron.

« C’était plus facile surtout dans mes dernières années, avec mon expérience, de dire le fond de ma pensée quand les entraîneurs me posaient des questions et ils ont vraiment respecté cela », a assuré Perron.

David Perron et Ken HitchcockSon nouveau patron à Edmonton semble justement partager sa vision.

« Dallas (Eakins) nous disait justement d’en parler avec lui si nous avions en tête quelque chose qui peut aider. C’est ainsi qu’on deviendra une équipe et je parle des joueurs, des entraîneurs, des employés et des dirigeants. »

Durant son passage avec les Blues, Perron a atteint le plateau des 20 buts à deux occasions et celui des 50 points une fois. Au-delà de ces statistiques, il retient qu’il a peaufiné son travail défensif.

« J’ai beaucoup appris en tant que personne et joueur dont sur la défensive. Après tout, j’ai seulement joué un an dans le junior AAA et un an dans la LHJMQ. Il a fallu que je développe ce côté et je me sens maintenant plus confortable avec cette portion de mon jeu. Même quand j’ai vécu des moments négatifs, ça finissait toujours par devenir du positif parce que j’apprenais quelque chose », a soutenu Perron.

À eux d’écrire le présent

Écartés des éliminatoires depuis sept saisons, les Oilers ressentent le besoin de renouer avec le succès sans tarder. Les florissants repêchages des dernières années n’ont pas encore rapporté les dividendes espérés malgré les sélections de Jordan Eberle, Taylor Hall, Ryan Nugent-Hopkins et Nail Yakupov. Tout de même, Perron demeure convaincu que les résultats positifs sont imminents.

« On veut accéder au prochain niveau et avoir le sentiment qu’on veut et peut gagner tous les soirs. Je pense que ça part de la mentalité des nouvelles acquisitions de l’équipe, de l’entraîneur et du directeur général Craig MacTavish qui est un gagnant. Quand Eakins est arrivé, tout le monde parlait des séries comme objectif, mais son but est encore plus élevé puisqu’il veut gagner dès cette année », a avancé Perron.   

Afin d’installer cette philosophie, Eakins a osé retirer du vestiaire des Oilers des éléments évoquant  le riche passé de l’organisation.

David Perron« On connaît tous l’histoire des Oilers et on la respecte tout comme les joueurs qui l’ont écrite, mais il faut un peu tourner la page et on veut être aussi bons qu’eux en gagnant la coupe comme eux. C’est aux joueurs en place de le faire et je dis cela sans leur manquer de respect, au contraire. Ils penseraient la même affaire s’ils étaient dans notre position, il faut amener le présent », a analysé l’ailier qui est soulagé que son coéquipier Sam Gagner se rétablisse rapidement de son effrayante fracture de la mâchoire.

D’ailleurs, Perron constate que les amateurs des Oilers sont assoiffés de victoires, car il se retrouve dans un marché où le hockey occupe un rôle majeur et ce changement lui plaît même s’il implique des différences.  

« Je me suis engagé un garde du corps! », lance-t-il à la blague. « Non, c’est très intéressant et on est juste chanceux d’avoir une certaine influence dans la communauté. »

Perron et ses coéquipiers doivent transposer leurs espoirs dans la réalité. Du côté fictif, la compagnie EA Sports a simulé la saison avec son jeu vidéo de hockey et ce sont nul autre que les Blues qui soulèveraient la coupe Stanley. Cette conclusion ne peut que faire rire l’amateur qu’est Perron.

« C’est juste un jeu vidéo! », souligne-t-il en riant.

« Mais je leur souhaite bonne chance et je ne suis pas du style à espérer qu’ils perdent tous les soirs. Ils possèdent une bonne équipe et je ne serais pas surpris qu’ils se rendent loin. J’ai aimé cette organisation, dont les joueurs, Doug Armstrong (le directeur général) et le propriétaire qui m’ont tous appelé après mon départ », a précisé celui qui a apprécié ces gestes.

« Notre but demeure d’aller plus loin qu’eux et ce n’est pas, car ce sont les Blues, mais je veux aussi me rendre plus loin que le Canadien et les 29 autres équipes », a conclu Perron avec son scénario idéal.  

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