TAMPA BAY – Le Québécois Cédric Paquette aura deux objectifs bien précis lorsqu’il croisera le Canadien dans le cadre du premier match de la série Montréal-Tampa ce soir : contribuer à la victoire à son équipe et faire regretter au Tricolore sa décision de l’avoir boudé au repêchage en 2012.

« Quand la quatrième ronde a commencé, je me disais que c’était le moment où Montréal avait des chances de me prendre. Le Canadien disait rechercher des attaquants de puissance et ça cadrait dans mon style. Ils avaient le choix et ne m’ont pas pris », racontait le Gaspésien âgé de 20 ans après l’entraînement matinal du Lightning mercredi.

Paquette a bel et bien été sélectionné en quatrième ronde. Mais il s’est retrouvé avec le Lightning qui l’a sélectionné au 101e rang. Sept rangs après que le Canadien eut repêché un autre joueur de centre, l’Américain Brady Vail.

Rappel stratégique

Rappelé par le Lightning en toute fin de saison, Paquette ne compte que deux matchs d’expérience dans la LNH. Pourquoi lui faire ainsi confiance à l’aube d’une série qui s’annonce serrée face au Canadien?

« Nous affrontons le Canadien et son nom est Paquette. Il me semble que ça va de soi », a lancé Jon Cooper lors de son point de presse.

Ce ne serait pas la première fois qu’un Québécois francophone trouverait une façon de s’imposer face au Canadien. De fait, Jean-Gabriel Pageau l’a fait avec éclat pas plus tard que l’an dernier en contribuant aux succès des Sénateurs qui ont éliminé le Tricolore en six matchs dès la première ronde.

Paquette est le seul Gaspésien du Lightning. Il n’est toutefois pas le seul Québécois alors qu’Alex Killorn a grandi dans le « West Island » et qu’il était même un fan du Tricolore dans sa jeunesse.

Au-delà des origines, Paquette a forcé ses entraîneurs du Lightning à lui faire une place au sein de la formation par la qualité de son jeu lors des deux parties qu’il a disputées.

« J’ai passé trois saisons dans la Ligue américaine. Je sais à quel point cette ligue est compétitive. Cédric y a passé toute l’année. Il a fait tout ce que nous lui avons demandé de faire. À plusieurs reprises, nous avons songé à le rappeler, mais nous avons décidé de respecter notre philosophie d’équipe en lui donnant l’occasion de multiplier les minutes de jeu. Nous l’avons laissé se développer en nous disant qu’il serait mieux en mesure de nous aider en fin de saison en cas de besoin. C’est exactement ce qui est arrivé. Il nous a aidés lors des deux derniers matchs de la saison – une passe récoltée et six mises en jeu disputées en zone défensive – et nous sommes convaincus qu’il sera aussi en mesure de nous aider dans la série qui commence. »

Parce que Jon Cooper a jonglé avec ses attaquants tout au long de l’entraînement, il a été impossible de dresser un profil précis des trios que le Lightning opposera au Canadien.

Il semble toutefois que Paquette pilotera un trio de soutien complété par J.T. Brown et Nikita Kucherov.

Ça change vite

Croisé ce matin dans le vestiaire du Lightning, Cédric Paquette affichait bien sûr une vive satisfaction de se retrouver face au Canadien. En séries. Il a aussi convenu qu’il avait fort à faire pour arriver à contenir ses émotions.

« Je vais essayer de garder le focus sur le fait que ça demeure un match de hockey. Mais c’est vrai que les choses ont changé tellement vite. Il y a sept jours, j’étais à Syracuse dans la Ligue américaine et ce soir je jouerai contre le Canadien dans la meilleure ligue au monde. C’est un peu difficile de penser à autre chose », a reconnu l’ancien porte-couleurs de l’Armada de Blainville-Boisbriand.

S’il est passé de Syracuse à Tampa Bay, Cédric Paquette le doit au développement accéléré qu’il a connu au cours de la saison.

« Toutes les facettes de mon jeu se sont améliorées cette saison. Je demeure un gars qui doit garder son jeu simple et travailler fort. Mais le fait de me retrouver dans une ligue et de jouer contre des hommes m’a beaucoup aidé. Au troisième match de l’année, je me suis fait sauter dessus après un coup vicieux que j’avais asséné. J’ai été obligé de me défendre. »

Une expérience qui lui a permis d’acquérir de la confiance et de se sentir plus à l’aise à ses premiers coups de patin dans la Ligue américaine.

Contrer Stamkos

Si les prochains jours permettront de déterminer si Paquette s’imposera, ou non, comme arme efficace aux dépens du Canadien, il est clair que le Lightning aura besoin de ses autres canons pour éliminer le Tricolore.

Malgré les multiplications des trios effectuées ce matin, on s’attend toujours à ce que Steven Stamkos soit jumelé aux jeunes Tyler Johnson et Ondrej Palat au sein du premier trio.

Un premier trio auquel Michel Therrien n’entend pas systématiquement opposant un trio spécifique ou un duo de défenseurs.

« Je ne profiterai pas du dernier changement lors des deux premiers matchs. De toute façon, à un certain moment tu dois faire confiance à tes joueurs. Si tu rappelles des gars au banc dès que certains joueurs de l’autre équipe sautent sur la glace tu n’affiches pas de confiance en ces joueurs. Je veux les laisser sur la patinoire pour leur afficher de la confiance », a expliqué l’entraîneur-chef du Canadien.

Dans le camp du Lightning, Jon Cooper a expliqué mardi qu’il entendait opposer certains duos de défenseurs et non des trios d’attaquants aux trios du Tricolore.

On peut s’attendre à ce que Victor Hedman et Sami Salo soient désignés pour contrer les efforts du gros trio du Canadien : celui de David Desharnais, Max Pacioretty et Thomas Vanek.

« Ils forment un excellent trio et comme tous les bons trios de la Ligue tu dois t’assurer de minimiser leur temps de possession dans notre territoire afin de limiter les occasions accordées », a indiqué Hedman croisé après l’entraînement matinal.

Équipe Canada

Le fait que le Tricolore soit le seul club canadien à s’être hissé en séries éliminatoires se traduit par une affluence plus forte qu’anticipée de journalistes et d’équipes de reportage. Outre les médias montréalais qui sont débarqués en masse à Tampa Bay, plusieurs collègues de Toronto ont décidé de suivre la série.

Plus de 45 journalistes – sans compter les techniciens qui accompagnent les collègues de la télé et les collègues de Tampa Bay – étaient entassés dans le vestiaire du Tricolore ce matin.

Lorsqu’un collègue de Toronto a demandé au vétéran Josh Gorges si le fait de porter seul le flambeau du Canada représentait une source supplémentaire de pression pour lui et ses coéquipiers, le défenseur a esquissé une moue : « Pas du tout. Nous n’accordons aucune importance à cette réalité. Nous avons déjà suffisamment de pression de gagner comme ça au sein de notre vestiaire qu’il n’est pas question d’en rajouter. »

Le match débute à 19 h...