Une première pour Brière, une dernière pour Poile
MANALAPAN, Floride - Il n'y a pas que dans les vestiaires ou derrière les bancs des 32 équipes de la LNH que des joueurs et des entraîneurs viennent en remplacer d'autres avant d'être eux-mêmes remplacer.
C'est tout aussi vrai autour de la table des directeurs généraux.
Une table autour de laquelle Daniel Brière s'est assis, lundi matin, pour la toute première fois à titre de directeur général par intérim des Flyers de Philadelphie. Une table que David Poile quittera pour la toute dernière fois de sa longue carrière mercredi lorsque le commissaire Gary Bettman ajournera la grande réunion printanière des directeurs généraux.
Premier et seul directeur général de l'histoire des Predators de Nashville, David Poile quittera ses fonctions le 30 juin prochain, quelques jours après le repêchage qui se tiendra au domicile de l'équipe qu'il a bâtie et qui a fait son entrée dans la LNH en 1998.
« On utilise souvent l'expression de conseiller ou de mentor lorsqu'on parle des collègues qui nous ont épaulés et guidés au cours de notre carrière. C'est le rôle que David a joué pour plusieurs d'entre nous », a indiqué Julien BriseBois, directeur général du Lightning de Tampa Bay.
« David est un gars d'expérience sur qui tu pouvais toujours compter et en qui tu pouvais toujours avoir confiance, a ajouté BriseBois qui a travaillé avec Poile et les Predators avant même de faire le saut dans la LNH avec le Canadien de Montréal. Comme avocat, je représentais les Preds avant de remplir le même genre de mandat avec le Canadien. »
Directeur général de Preds depuis 26 ans, Poile a aussi rempli ce rôle avec les Capitals de Washington pendant 15 ans. David Poile compte plus de 50 ans d'expérience au sein d'un état-major d'une équipe puisqu'il a été nommé directeur général adjoint des Flames d'Atlanta en 1972.
Une référence pour les journalistes
Seul dirigeant de la LNH à compter 1000 matchs d'expérience et avoir atteint le plateau des 500 victoires avec deux équipes différentes, David Poile a établi un nouveau record le 1er mars 2018 lorsque ses Predators lui ont fait cadeau de sa 1320e victoire en carrière à titre de directeur général.
David Poile laissera un grand vide autour de la table des DG où il occupait une place importante puisque c'est souvent vers lui que le groupe se tournait lorsque venait le temps de prendre de grandes et graves décisions.
Il laissera aussi un grand vide dans le camp des journalistes. Car bien que très discret et d'un calme parfois désarmant, Poile est un homme affable qui aime partager ses connaissances, des expériences et ses points de vue. Contrairement à plusieurs directeurs généraux qui cherchent des sorties d'urgence pour éviter les caméras et les questions de journalistes, Poile ne se défile jamais.
Au contraire, il va souvent au-devant des journalistes qu'il croise depuis des années pour prendre des nouvelles et offrir ses observations sur ce qui va bien, ou moins bien, autour de la LNH.
On a souvent entendu des DG feignant d'être trop pressés à leur sortie d'une réunion pour répondre à une ou deux questions suggérer de s'en remettre à David Poile.
Brière laisse la place à Poile
À titre de dernier arrivé autour de la table des directeurs généraux, Daniel Brière a repoussé à mardi toutes les demandes d'entrevue qu'il a reçues. « Je veux laisser toute la place qui lui revient à David Poile », que le nouveau patron des Flyers a expliqué avec le respect qui le caractérise depuis toujours.
Le Gatinois qui a effectué un bref passage avec le Canadien en fin de carrière après qu'il eut connu ses années de gloire avec les Flyers a serré bien des mains. Il a aussi répondu à une question – voir autre texte sur la réunion des directeurs généraux – sur le projet d'abolir les bagarres dans la LHJMQ. Mais pendant que huit de ses nouveaux collègues se dirigeaient vers un terrain de golf en après-midi, c'est sur un court de Pickleball qu'il a fait connaissance avec quelques autres de ses nouveaux homologues.
Il se proposait aussi d'amorcer la lourde tâche de répondre à tous ceux et celles qui lui ont envoyé des messages de félicitations après sa nomination vendredi dernier. « Je n'ai jamais reçu autant de messages. Je ne sais pas combien de temps il me faudra pour répondre à tout le monde. Je ne sais même pas si je vais y arriver », qu'il a lancé en riant.
Attention à « Sneaky B »
Bien qu'il soit le petit jeune des directeurs généraux au chapitre de l'expérience – Kyle Dubas des Maple est le plus jeune en âge à 37 ans – Daniel Brière (45 ans) jouit déjà d'une réputation enviable.
« Je ne suis pas surpris de le voir à la tête des Flyers. Dès le moment où il a pris sa retraite, son ancien agent Pat Brisson m'avait parlé de l'intérêt de Daniel en matière de gestion. Il a suivi des cours, il a travaillé à tous les niveaux pour apprendre le métier. C'est un gars qui a toujours été respecté comme joueur et je suis convaincu qu'il le sera encore comme DG », a assuré Julien BriseBois du Lightning de Tampa Bay.
Directeur général des Sénateurs d'Ottawa, Pierre Dorion s'est dit très heureux pour le jeune Gatinois. « Je le connais depuis longtemps. À mes débuts comme dépisteur, je travaillais pour une équipe junior A à Ottawa. J'avais suivi Daniel dans le midget AAA et je voulais l'inviter à faire le saut en Ontario. Il a plutôt choisi d'aller à Drummondville dans la LHJMQ et ça l'a bien servi », se rappelait Dorion croisé dans les corridors de l'hôtel où la LNH a convié ses directeurs généraux.
Ancien coéquipier de Daniel Brière avec les Sabres, à Buffalo, Mike Grier était très heureux de souhaiter la bienvenue à celui qui succède à Chris MacFarland (Colorado) à titre de dernier arrivé autour de la table des DG. MacFarland a succédé à Joe Sakic, six jours après l'entrée en scène de Grier à San Jose.
« Daniel est le genre de gars respecté par tout le monde. Je n'ai jamais entendu un seul mot négatif à l'endroit de Daniel tout au long de ma carrière comme joueur d'abord et comme dirigeant depuis que j'ai pris ma retraite. Il est gentil avec tout le monde; poli avec tout le monde; il est apprécié de tous », que Grier a indiqué.
Est-ce que cette gentillesse qui caractérise son ancien coéquipier lui nuirait à titre de directeur général? Dans ce monde impitoyable, les coups sont souvent portés un peu bas et parfois par-derrière dans la quête d'améliorer son équipe au détriment des autres. Est-ce que Brière pourra faire mentir le proverbe selon lequel les bons gars finissent toujours derniers?
Daniel est un très bon gars, mais c'est aussi un grand compétiteur. Dans le vestiaire des Sabres, il portait le surnom de « Sneaky B ». Il était capable d'être « ratoureux » quand la situation l'exigeait pour aider l'équipe à gagner. Le fait qu'il soit un bon gars et qu'il soit respecté l'aidera à avoir des négociations avec tout le monde. Mais ça ne veut pas dire qu'on pourra le prendre en défaut. Il s'est donné comme mission de relancer les Flyers et je suis certain qu'il prendra les bons moyens pour y arriver », a conclu Mike Grier.