BOSTON - Il n’y a pas qu’à Montréal où le premier trio est en panne.

À Boston, on attend avec une certaine perplexité le réveil de David Krejci, Milan Lucic et Jarome Iginla, qui ont fourni un maigre but à cinq contre cinq depuis le début de la série qui oppose les Bruins au Canadien. Et il a été inscrit dans un filet désert.

Si les grands favoris dans l’Est ont réussi à renverser la vapeur et à s’approcher à une victoire d’une qualification pour la finale d’Association, c’est en bonne partie grâce à la contribution de leur troisième ligne d’attaque.

Carl Söderberg, Loui Eriksson et Matt Fraser revendiquent tous les buts inscrits à forces égales dans les deux derniers matchs de la série, qui ont permis aux Bruins de transformer un déficit de 1-2 en une avance de 3-2. Le premier a participé à trois des quatre filets des siens dans le match numéro 5, dont celui d’assurance inscrit par son ailier finlandais. Fraser, on s’en souviendra, avait mis fin à la prolongation deux jours plus tôt à son tout premier match de séries dans la Ligue nationale.

« Le trio de Söderberg a probablement été notre meilleur jusqu’à maintenant dans cette série. Il provoque des choses et enlève assurément beaucoup de pression aux autres lignes », a louangé Claude Julien après la victoire de ses troupes samedi.

Les compliments de Julien concordent avec sa récente utilisation de ses talentueux joueurs de soutien. Avant le but gagnant de Fraser au Centre Bell, Eriksson et Söderberg avaient passé respectivement 19:32 et 18:32 sur la patinoire. Seul David Krejci a été plus sollicité ce soir-là parmi la douzaine d’attaquants des Bruins. Lors du match suivant, les membres de la paire scandinave ont été les joueurs d’avant les plus occupés des Bruins à égalité numérique.

« Je crois que Loui et moi jouons bien depuis le tout début des séries. On n’avait simplement pas trouvé le moyen de marquer. C’est bien d’avoir finalement pu le faire dans le même match », a sobrement commenté Söderberg, vêtu du veston remis au héros du vestiaire des Bruins après le match de samedi.

À pareille date l’an dernier, Söderberg était un contribuable marginal aux succès des Bruins. Mis sous contrat à deux semaines du début des séries éliminatoires après avoir passé les dix premières années de son parcours professionnel dans sa Suède natale, le joueur de centre de 28 ans, un choix de deuxième ronde des Blues de St Louis en 2004, n’avait pris part qu’à deux matchs alors que sa nouvelle équipe traçait son chemin vers la finale de la coupe Stanley.

Le départ de Rich Peverley vers Dallas dans la transaction estivale qui avait comme pièce maîtresse Tyler Seguin a donné à Söderberg l’espace nécessaire pour s’imposer comme pivot du troisième trio. En 73 matchs à sa première année complète en Amérique du Nord, l’athlète de Malmö a amassé 48 points, dont 16 buts.

« On savait qu’il était un excellent joueur, mais à son arrivée, on voyait qu’il n’était pas en assez bonne forme physique et qu’il manquait un peu d’expérience. Il a comblé ces deux lacunes cette saison. Éventuellement, il a trouvé ses repères et aujourd’hui, il cadre extrêmement bien avec nous. Il est gros, fort et semble être constamment près de la rondelle. »

« Quand je suis arrivé ici, ma priorité était de me tailler un poste au sein de l’équipe. Je ne pensais à rien d’autre qu’à travailler le plus fort possible pour y parvenir », s’est souvenu Söderberg.

Chimie instantanée

Julien a tenté plusieurs combinaisons avec sa troisième ligne d’attaque depuis le début de la deuxième ronde.

En uniforme pour les cinq rencontres de la série précédente contre les Red Wings de Detroit, le jeune Justin Florek a tout juste eu le temps de vivre son baptême de la rivalité Canadien-Bruins avant d’être sorti de l’alignement. Le vétéran Daniel Paille a eu son tour avant d’éventuellement retrouver ses complices Gregory Campbell et Shawn Thornton sur le quatrième trio. Le Québécois Jordan Caron a aussi fait partie, brièvement, de la rotation.

En finir au plus vite

Mais c’est en rappelant Matt Fraser de la Ligue américaine avant le match numéro quatre que le directeur général Peter Chiarelli semble avoir fourni à son entraîneur l’élément manquant pour produire l’étincelle recherchée au sein de la profondeur de l’effectif de son club.

La chimie entre la recrue américaine et les deux vétérans européens s’est installée de façon instantanée.

« Je vais jouer avec qui l’entraîneur veut bien me faire jouer, mais depuis que Fraze est arrivé, il cadre plutôt bien au sein de notre trio, est forcé d’admettre Söderberg. Avant, avec Chris Kelly, ça avait dû prendre 10 ou 15 matchs avant de bien s’entendre. Loui et moi jouons bien ensemble depuis un certain temps et pour le moment, j’ignore pourquoi, mais Fraze est une très bonne option à nos côtés. »

« C’est fou l’effet qu’un peu de confiance peut avoir sur un trio, a remarqué Fraser. C’est agréable de jouer avec ces gars-là. Ils travaillent bien avec la rondelle, alors j’essaie simplement de bien lire leurs intentions et de trouver les espaces libres. »

« On se crée de bonnes chances de marquer en jouant de façon simple et intelligente, a renchéri Eriksson. Il faut continuer dans la même veine. »