OTTAWA – Mike Condon a été qualifié de sauveur, de cadeau du ciel et de plusieurs autres termes élogieux après avoir tenu le fort en participant à 27 matchs d’affilée pour les Sénateurs d’Ottawa, un record d’organisation.

Mardi soir, Condon a enfin pu se reposer – contre son gré en tant que compétiteur –, mais son équipe s’est effondrée dans un revers de 6-0 face aux Blues de St Louis.

L’Américain a donc renoué avec l’action deux jours plus tard et il a aidé les siens à renverser la vapeur avec un gain de 3 à 2 face aux Stars de Dallas.

L’histoire de Condon est bien connue et particulièrement à Montréal où il s’est fait connaître à travers la LNH. Les curieux ont été nombreux à épier celui qui a hérité de la mission de protéger le filet de Carey Price pendant sa longue absence en 2015-2016.

Nul doute, Condon en a surpris plus d’un pendant sa saison recrue. Le grand partisan des Patriots de la Nouvelle-Angleterre a fini par fléchir, mais il a accompli un travail plus que respectable grâce à son acharnement au boulot et aux conseils de l’entraîneur des gardiens, Stéphane Waite.

À la suite d’un bref passage avec les Penguins, Condon a atterri à Ottawa où le gardien de confiance, Craig Anderson, a dû s’absenter pour appuyer sa femme dans un combat contre le cancer.

Condon a donc eu l’impression de revivre le jour de la marmotte dans une organisation différente. Cette saison, c’est sous la supervision de Pierre Groulx – celui que Waite a remplacé à Montréal – que Condon essaie de parfaire son art.

Son rendement n’a pas été parfait ni toujours beau, mais il a sauvé la saison des Sens qui ont trouvé le moyen de se placer dans une position enviable pour accéder aux éliminatoires.

« Il est super important pour nous, il a quand même été une belle surprise pour notre équipe. On savait que Price avait été blessé l’an passé et qu’il avait eu le filet dans un gros marché comme Montréal. Ça l’a peut-être aidé parce qu’il est arrivé ici en pleine confiance et on joue avec ce sentiment devant lui. Le succès qu’on a cette année est en grande partie grâce à lui, c’est certain », a vanté l’attaquant Derick Brassard sans se faire prier.

Pour son arrivée derrière le banc des Sénateurs, Guy Boucher aurait souhaité pouvoir se fier sur Anderson, mais il se réjouit des résultats obtenus en vertu de la collaboration entre ses gardiens et Groulx.Mike Condon

« Je ne peux aucunement commenter son passé surtout que je ne connais pas Stéphane Waite. Tout ce que je sais, c’est que depuis le début de l’année, notre entraîneur des gardiens a été phénoménal autant avec Anderson que Condon. Ce que j’aime, c’est de voir qu’il y a une relation exceptionnelle entre eux. Ils sont ensemble tous les jours, ils font beaucoup de vidéo… Pierre sait aussi exactement quand ça va être plus dur pour lui (Condon) », a présenté Boucher.

À bien y penser, l’embauche de Groulx par Boucher avait du sens.

« Je savais que Pierre était une raison pour laquelle notre gardien est devenu un numéro un. Il a travaillé avec lui en Floride (chez les Panthers) et il a fait partie de son développement. Je connaissais déjà Pierre, il avait été exceptionnel avec mes gardiens dans la Ligue américaine (avec les Bulldogs de Hamilton). Nos deux gardiens (Cédrick Desjardins et Curtis Sanford) avaient eu de très bonnes moyennes et ils avaient beaucoup progressé. Quand j’ai eu le poste, c’est certain que Pierre était en haut de la liste », a expliqué Boucher.  

« J’avais aussi parlé avec Anderson et il m’a raconté comment il l’aimait. Ce n’est pas juste une relation de respect, il sait quel genre d’individu Craig est et il sait comment le gérer. Ce qui est plaisant, c’est qu’on a retrouvé cette chimie en très peu de temps et aussi avec Condon », a spécifié l’entraîneur québécois qui ne se gêne pas pour détailler ses réponses.

Condon a profité de ce contexte favorable pour relever le défi devant la cage des Sens et il présente une fiche de 16-9-5 avec une moyenne de 2,46 et une efficacité de ,913.

 « On n’est pas la seule équipe qui a perdu son numéro un, mais une des raisons expliquant où on se retrouve, c’est que notre gardien a été capable de nous faire survivre.

« Il n’a pas grimpé à ,925 comme un numéro un constant, mais on ne s’attend pas à ça. Tu ne peux pas le faire, tu serais complètement irréaliste. Mais de pouvoir jouer autant de matchs, rebondir mentalement et nous donner ces performances, ce fut assez pour qu’on puisse gagner des matchs et demeurer dans la course pour les séries », a détaillé Boucher.

La réponse a de quoi réjouir Condon, mais l’entraîneur s’assure de ne porter aucun gant blanc.

« On ne se contera pas de menteries, à un certain moment donné, tu as besoin de ton numéro un parce que toutes les équipes ont le leur. Ils ont même de la difficulté à gagner parce que ce n’est pas facile d’y arriver dans la LNH », a admis Boucher.

 « Il a fait plus que sa job et, éventuellement, ce sera au tour d’Anderson de revenir faire ce qu’il faisait », a-t-il ajouté.

De toute évidence, ce souhait se réalisera dans les prochains matchs.  

« Est-ce qu’on s’approche? Oh oui. […] On veut gérer ça de manière intelligente. Il doit se sentir prêt et Pierre doit penser qu’il l’est. Si rien n’arrive, c’est imminent, mais ça peut être la semaine prochaine également », a témoigné Boucher.

La présence d’Anderson devant le filet devrait permettre de corriger certaines erreurs en attendant que les protégés de Boucher retrouvent leur aplomb défensif. Sa touchante histoire risque aussi de produire une dose de motivation à un moment opportun.

« Notre entraîneur a rappelé un point pertinent, on va affronter des équipes qui sont dans la course ou qui veulent y revenir. Ces formations sont déjà en mode éliminatoire et il faut jouer avec autant sinon plus d’intensité qu’elles. On n’est pas assez bons pour se fier seulement sur nos habiletés », a révélé Marc Methot avec une affirmation qui touche la grande majorité des équipes.