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RÉSULTATS

Subvention aux Kings : « C'était ça ou rien »

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QUÉBEC - Il y a une chance sur 10 que les Nordiques reviennent à Québec, évalue le ministre des Finances, Eric Girard, qui a assuré mardi avoir fait ses « calculs ». Malgré cela, il compte multiplier les événements pour mousser la candidature de la capitale nationale.

M. Girard a expliqué qu'il y avait « une chance sur deux » que la Ligue nationale de hockey (LNH) prenne de l'expansion dans les cinq prochaines années et que cinq villes essaieraient d'avoir une équipe.

« Une chance sur deux d'une expansion, une chance sur cinq que (...) c'est nous qui aurait l'équipe. Point deux fois point cinq, point un », a lâché le ministre en conférence de presse.

Le grand argentier du gouvernement s'était présenté devant les journalistes pour défendre sa décision d'octroyer de 5 à 7 millions $ pour la tenue de deux matchs préparatoires des Kings de Los Angeles à Québec l'automne prochain.

Il a affirmé qu'il prenait acte des critiques « sévères » et de la réaction « très négative » de la population.

Or, ces matchs sont « une étape visant à promouvoir la candidature de Québec pour le retour d'une équipe dans la Ligue nationale, a-t-il dit. Ce sont des dépenses de promotion pour montrer qu'on a une infrastructure (...) qui est disponible. »

« Idéalement, on aurait d'autres événements des ligues majeures, par exemple (...) le Championnat du monde de hockey junior en 2027, (...) le Championnat du monde de hockey féminin en 2029, (...) des parties de saison régulière.

« Ce sont des étapes qui visent à utiliser notre infrastructure et à montrer que Québec a (...) une culture de hockey, a déclaré M. Girard. Si on ne fait rien, on ne fait rien pour la cause, là. »

« J'aurais aimé que ça coûte 2 millions $ moins cher »

Concernant les coûts entourant la visite des Kings à Québec, il a jugé la critique « légitime et solide ».

La subvention gouvernementale aidera notamment à couvrir les frais de transport, d'hébergement et de repas des joueurs, a-t-il reconnu.

Ces 5 à 7 millions $ proviendront d'un fonds régional destiné à soutenir des projets d'entreprises et d'organismes locaux sans but lucratif. La gestion de ce fonds avait été déléguée à la Ville de Québec; or, la Ville n'a pas pris part aux discussions sur la venue des Kings.

M. Girard a affirmé qu'il aurait aimé payer moins cher. Mais il a insisté pour dire que le gouvernement propose un « produit de qualité » aux Québécois. « On a essayé de négocier à la baisse, et puis, c'était ça ou rien », a-t-il soutenu.

« Moi aussi, j'aurais aimé ça que ça coûte moins cher; (...) j'aurais aimé que ça coûte 2 millions $ moins cher. »

Il a toutefois tenté de défendre « la qualité » du projet auprès des Québécois, rappelant que les joueurs québécois Pierre-Luc Dubois et Philip Danault seront en ville.

En comparaison, le Canadien de Montréal avait disputé un match préparatoire à Québec en 2018 avec un « alignement incomplet », a déploré le ministre des Finances, lui-même un grand amateur de hockey.

Le 14 novembre dernier, le Canadien est sorti dans les médias pour dire qu'il aurait joué gratuitement à Québec en 2024.

Plusieurs ont aussi reproché au ministre le moment choisi pour cette annonce, alors que les syndicats sont en train de débrayer dans la rue pour réclamer de meilleures offres dans leurs négociations avec le gouvernement.

M. Girard s'est justifié en disant que l'entente pour les matchs des Kings avait été conclue au début du mois de septembre et que l'annonce avait été effectuée la semaine dernière pour des « raisons commerciales ».

Il a malgré tout rejeté les critiques des syndicats: « Il y a 8 milliards $ sur la table annuellement. Là, on parle de 5 millions $. Si vous me dites que tout ce qui manque pour conclure la négociation, c'est 5 millions $, on va le donner tout de suite. »

« Pas dans mes valeurs » : crise à la CAQ?

L'enjeu de la subvention aux Kings de Los Angeles a complètement dominé la période des questions à l'Assemblée nationale, mardi, l'opposition libérale soulignant à quel point cette subvention créait des tensions au sein de la Coalition avenir Québec (CAQ).

Deux députés caquistes venaient de confier aux journalistes qu'ils n'étaient pas d'accord avec l'octroi d'argent public à la LNH. La semaine dernière, au moins trois autres députés, dont des ministres, s'étaient dits mal à l'aise avec le « timing » de l'annonce.

« Je peux vous dire qu'il y aurait bien des choses à faire, et c'est contre les valeurs des citoyens de Lac-Saint-Jean », a déclaré mardi le député caquiste Éric Girard. « J'ai dit que c'était contre mes valeurs », a ajouté le député de Beauce-Nord, Luc Provençal.

Pour sa part, le ministre Girard a dit ne pas avoir « reçu » de « grogne », mais bien du « support » de la part de ses collègues caquistes.

« Mme la présidente, le premier ministre est face à une crise dans son caucus », a toutefois raillé le chef intérimaire du Parti libéral du Québec (PLQ), Marc Tanguay. « Le caucus caquiste est sur le bord de péter », a renchéri son leader parlementaire, Monsef Derraji.

En mêlée de presse, le premier ministre François Legault a reconnu que la subvention « ne fait pas l'unanimité », mais « on aimerait bien ça que cet amphithéâtre-là serve à (...) éventuellement avoir des matchs des Nordiques ».

Il n'empêche qu'il est anormal qu'une « industrie milliardaire » touche de l'argent public pour des matchs hors concours, selon l'ex-hockeyeur devenu député libéral Enrico Ciccone. « Est-ce que les équipes sont capables de payer le lunch? Je pense que oui », s'est-il exclamé.

Québec solidaire (QS) et le Parti québécois (PQ) ont également dénoncé le « gaspillage » de fonds publics. Lundi, QS a fait parvenir à la vérificatrice générale du Québec une lettre lui demandant d'enquêter sur ce dossier.