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RÉSULTATS

Sylvain Lefebvre : aussi efficace qu'effacé

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SUNRISE - Sylvain Lefebvre a connu une très belle carrière dans la LNH. 

Au fil des 945 matchs qu'il a disputés, Lefebvre n'a pourtant jamais marqué plus de cinq buts au cours d'une même saison. Il n'a jamais récolté plus de 18 passes. Il n'a jamais totalisé plus de 23 points. Des sommets atteints en 1990-1991 à sa deuxième saison dans la Ligue.

Mais quand Lefebvre sautait sur la glace, ses entraîneurs, ses coéquipiers et les gardiens qu'il a protégés savaient qu'ils pouvaient compter sur lui. Ils savaient que, discrètement, Lefebvre offrirait des performances impressionnantes.

C'est pour cette raison que ce défenseur, boudé par tous les clubs de la LNH après son séjour à Laval dans les rangs juniors, a fait bonne impression partout où il est passé. Qu'il a laissé de bons souvenirs à Montréal, où il a fait le saut dans la LNH en 1989 après avoir passé deux ans à Sherbrooke avec le club-école du Canadien, à Toronto, à Québec où il s'est retrouvé dans le cadre de la mégatransaction qui a envoyé Mats Sundin avec les Leafs, à Denver où il a déménagé avec ses coéquipiers des Nordiques et à New York où il a endossé le chandail des Rangers pendant quatre saisons avant de mettre un terme, à 35 ans, à sa carrière.

Sylvain Lefebvre a gagné la coupe Stanley au Colorado en 1996. Il l'a soulevée comme il a toujours joué : discrètement. Car si on se souvient facilement des visages des Sakic, Forsberg et des autres vedettes de l'Avalanche des premières heures brandissant la coupe Stanley, il faut se gratter la tête pour se rappeler du tour d'honneur du défenseur québécois.

Sylvain Lefebvre pourrait soulever la coupe Stanley d'ici quelques jours. Il faudra d'abord que les Panthers trouvent une façon de combler le recul de 0-2 qu'ils accusent aux mains des Golden Knights de Las Vegas. Ils devront ensuite ajouter les deux gains qui seront encore nécessaires.

Mais si les Panthers arrivent à réaliser cet exploit, Sylvain Lefebvre soulèvera la coupe Stanley pour la deuxième fois de sa carrière. Et comme il l'avait fait en 1996, il la brandira en toute discrétion.

Sa bonne réputation l'a propulsée en Floride

Sylvain Lefebvre complète sa première saison à titre d'entraîneur adjoint responsable des défenseurs avec les Panthers de la Floride.

Il s'est retrouvé dans le Sud de la Floride grâce aux bons souvenirs et bonnes impressions qu'il a laissés partout où il a joué, aux bons souvenirs et aux bonnes impressions qu'il a aussi laissés là où il est passé depuis qu'il a troqué son rôle de joueur, pour celui d'entraîneur.

Sylvain Lefebvre a connu plus que sa part de difficulté comme entraîneur. Surtout comme entraîneur-chef. Avec le cub-école du Canadien entre les saisons 2012-2013 et 2017-2019 (3 saisons avec les Bulldogs de Hamilton, 2 saisons avec les IceCaps de St. John's et une avec le Rocket de Laval), Lefebvre a participé aux séries que lors de la campagne 2016-2017 et sa formation a été éliminée au premier tour.

À l'automne 2021, il s'est retrouvé au centre d'une controverse alors que les Blue Jackets de Columbus, qui venait de l'embaucher, ont rapidement dû mettre un terme à son contrat, car le Québécois refusait de recevoir les vaccins requis par la LNH pour composer avec la Covid-19.

Malgré ces ennuis, Lefebvre a toujours été encensé pour la qualité de son travail à titre d'entraîneur responsable des défenseurs. C'est pour cette raison que Paul Maurice l'a contacté afin de faire sa connaissance. Très rapidement, il a été convaincu que Lefebvre était l'adjoint dont il avait besoin.

D'étranger à grand complice

« Je ne connaissais pas du tout Sylvain. Mais quand je suis à la recherche d'un adjoint pour m'aider j'appelle tous ceux que je connais dans le monde du hockey pour obtenir des suggestions. Pour obtenir leurs impressions sur un candidat ou un autre. Chaque fois qu'il était question de Sylvain, les réponses que j'obtenais étaient plus que positives. Ces réponses venaient d'anciens coéquipiers, venaient de gars qui ont ensuite travaillé avec lui ou joué pour lui. Quand des gars que tu respectes, des gars de caractère comme Adam Graves et d'autres en qui tu as une grande confiance te parlent en bien d'un gars comme Sylvain, ça ouvre les yeux », a indiqué Maurice lors de son point de presse mercredi au FLA Live Arena où ses Panthers et les Golden Knights de Las Vegas se croiseront jeudi dans le cadre du troisième match de la finale de la coupe Stanley.

Paul Maurice ne s'est pas arrêté là : « Quand il a été su autour de la Ligue que je cherchais un adjoint pour s'occuper des défenseurs ce n'est plus moi qui faisais des appels, mais bien moi qui étais contacté par des connaissances qui me disaient : j'ai entendu dire que tu te cherches un adjoint, tu devrais penser à Sylvain Lefebvre. »

Quand conviction devient certitude

Paul Maurice a vite été convaincu. Son directeur général Bill Zito l'a été aussi.

« Je n'ai jamais joué dans la LNH. J'ai donc toujours eu comme politique, à tort ou à raison, que je devais être entouré de gars qui ont joué dans la Ligue pour m'aider à rejoindre et convaincre les joueurs. Sylvain n'a pas seulement joué. Il a été très bon. Il a gagné la coupe Stanley. En plus, il répondait exactement au profil que Bill et moi recherchions en fonction des besoins spécifiques que nous avions, des besoins associés aux joueurs qui composaient notre brigade défensive », a ajouté Paul Maurice dans ses explications de la sélection de Lefebvre.

Déjà convaincu d'avoir fait le bon choix, l'entraîneur-chef des Panthers a obtenu la certitude dès la première semaine de la saison régulière.

« Les choses vont vite derrière le banc pendant les matchs. Rendu à la cinquième partie, j'ai réalisé que " Sly " gérait parfaitement bien l'utilisation des défenseurs. Il m'est déjà arrivé au cours de ma carrière de voir un de mes défenseurs sur la patinoire et de me dire : mais veux-tu bien me dire ce qu'il fait sur la glace en ce moment? J'ai vite compris que je pouvais laisser Sylvain aller. Qu'il savait ce qu'il faisait. »

Influence positive

En 1101 matchs de saison régulière disputés en 16 ans dans la LNH, Marc Staal a vu passer plusieurs entraîneurs responsables des défenseurs derrière lui.

Il apprécie grandement la complicité développée cette année avec Sylvain Lefebvre.

« Sly est incroyable, j'adore travailler avec lui. Il possède une vaste expérience comme joueur et comme entraîneur. C'est un gars positif. Il ne nous mitraille pas d'informations. Il nous donne ce dont on a besoin et nous laisse jouer. C'est un charme de travailler avec lui au quotidien », que Staal a indiqué.

La touche positive de Lefebvre a aussi été soulevée par Brandon Montour qui a ajouté : « Il tient vraiment à ce que nous soyons tous en mesure de nous améliorer. Il manie bien l'art du vidéo et de la concision dans les informations qu'il nous donne. Personnellement, il me laisse jouer le genre de hockey – plus offensif – qui caractérise mon jeu tout en m'apportant son aide. Il a été une superbe addition à notre personnel d'entraîneurs », a-t-il complété.

« Marc Staal nous a donné du hockey de grande qualité cette année. Sly est allé chercher le meilleur de ce qu'il avait à offrir. Derrière Staal, nous avons trois ou quatre gars qui ont connu les meilleures saisons de leur carrière ou qui se sont établis dans la LNH. Ça donne une bonne idée de la qualité du travail de Sylvain », a conclu Paul Maurice.

En raison de la politique de gestion médiatique des Panthers, il a été impossible d'échanger avec Sylvain Lefebvre. De lui poser des questions sur sa saison, sur le fait de se retrouver à nouveau en finale de la coupe Stanley.

Cela dit, s'il était discret comme joueur et qu'il l'est encore aujourd'hui comme entraîneur, Sylvain Lefebvre l'a toujours été plus encore en entrevue. Je suis donc convaincu qu'il aurait été beaucoup plus humble, voire effacé, dans l'analyse de la qualité de son travail que l'ont été son patron et les joueurs qu'il dirige.