Daniel Jacob aide Vincent Desharnais, « une grosse bibitte hyper intelligente et passionnée »
BOUCHERVILLE – « On a une grosse bibitte, hyper intelligente et passionnée ». Rarement a-t-on entendu parler d'une « bibitte » avec autant de respect que lorsque Daniel Jacob décrit Vincent Desharnais, le défenseur qu'il épaule depuis quatre ans dans son ascension étonnante jusqu'à la LNH.
Quand Desharnais a été repêché en septième ronde en 2016, il y a déjà sept ans, il était perçu comme un grand « projet » qui n'avait que de minuscules chances de s'établir dans le circuit Bettman.
Au fil de son parcours à l'Université Providence, il a fini par augmenter ses probabilités d'atteindre son rêve. Des blessures et des enjeux de santé mentale auraient toutefois pu faire dérailler le tout.
« Mais le kid est extraordinaire, c'est un vrai », a ajouté Jacob pour expliquer la persévérance l'ayant mené à son premier match dans la LNH, le 11 janvier, à 26 ans.
Et voilà que, tout d'un coup, Desharnais est passé de la belle petite histoire du géant tenace à un défenseur qui a obtenu un poste régulier avec les Oilers d'Edmonton et ce, même lors des séries éliminatoires. Il a joué 36 matchs en saison régulière ce qui est déjà mieux que plusieurs joueurs sélectionnés en deuxième ronde de sa cuvée.
« Son parcours, ce n'est pas un tour de magie ! », a statué Jacob qui retrouvera sous peu une place derrière le banc d'une équipe.
« Vincent, c'est du travail. Il y a eu des échecs en route, mais il faut se relever malgré l'adversité et voilà ce qu'il a réussi à faire. Son plan a toujours été clair que c'était le chemin de garnotte. A-t-il douté? C'est certain. Ce n'est pas facile comme milieu. On le voit, les gars arrivent et partent », a décrit le spécialiste des défenseurs.
En devenant plus mature au fil des ans, Desharnais a réalisé qu'il avait besoin d'un entraîneur de perfectionnement et le mérite lui revient pour cette démarche. Avec un spécimen physique de six pieds six pouces, Desharnais pourrait devenir un outil fort intéressant s'il poursuit son évolution.
« Tu le regardes maintenant et il s'est établi de très belle façon. Il comprend bien son rôle et on sera capable de rajouter de la viande sur l'os. Il a su travailler sur ses forces et ses faiblesses et il a encore beaucoup de marge de manœuvre pour progresser », a indiqué Jacob en précisant connaître Desharnais depuis qu'il est « ti-cul » ce qui doit faire une éternité.
Réaliste et volubile comme il l'est, Desharnais est conscient qu'il a connu quelques séquences erratiques pendant les éliminatoires. Il racontait, il y a quelques semaines, à Jason Gregor, que ses erreurs (dans le quatrième match face aux Kings et le premier contre les Golden Knights) ont été difficiles à encaisser.
Grâce à des coéquipiers comme Mattias Ekholm, qui l'a supporté, il a compris qu'il n'allait que grandir avec ce bagage supplémentaire. Desharnais s'est repris n'ayant pas été sur la patinoire pour aucun but de Vegas à cinq contre cinq lors des autres parties de la série.
« Ça arrive aux meilleurs. Il faut se rappeler qu'il est arrivé en milieu d'année dans un tourbillon médiatique. Il a pu jouer, il a été sorti de la formation quelques fois et il est devenu un régulier pour aboutir en séries avec l'engouement autour des Oilers. Pour un gars arrivé comme un cheveu sur la soupe, il a fait du bon boulot », a cerné Jacob.
Sans surprise, le plan estival culminera vers un accent sur le jeu avec la rondelle pour se sortir de certaines situations et se défaire de la pression. Le jeu de pieds et le travail à la ligne bleue offensive pour utiliser son lancer seront aussi à l'agenda.
Jacob se servira de situations concrètes pour aider son protégé. Pendant la saison, Desharnais est souvent heureux de dire à Jacob qu'une séquence s'était déroulée exactement comme un exercice effectué à ses côtés.
« Je regarde l'extrait et je lui réponds ‘C'est malade ce que tu as fait!' », a exposé Jacob avec le sourire.
Maintenant que Desharnais a donné aux entraîneurs des Oilers la piqûre de son jeu robuste et son efficacité en infériorité numérique, il doit demeurer à la hauteur.
« Le côté physique et avoir une couleur dans son arsenal, c'est important de le réaliser. Plein de joueurs peuvent le faire, mais ne veulent pas le faire. Lui, même si défendre ce n'est pas sexy, il trouve ça cool », a souligné l'entraîneur.
Jacob a profité de l'occasion pour remercier Desharnais car c'est grâce à lui qu'il a pu lancer le concept qu'il avait en tête : de l'enseignement dédié aux défenseurs en petits groupes (maximum de 6) pour bien personnaliser le tout dont via des extraits vidéos.
« J'ai toujours voulu partir un projet comme celui-ci, je trouvais que c'était une position délaissée qui est très cérébrale. C'est Jean St-Pierre de l'Université McGill qui a établi le lien entre nous », a conclu Jacob qui aide également Alexandre Carrier, Maveric Lamoureux, Jonathan Aspirot et des défenseurs représentés par l'agence Quartexx.