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RÉSULTATS

Une longue traversée du désert, l'histoire des Coyotes en Arizona

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Un chapitre de l'histoire de la LNH s'est tourné mercredi, au tristement célèbre Mullett Arena, à Tempe en Arizona. Les Coyotes, qui sont arrivés dans la LNH en 1996 après un grand pari pour amener la LNH dans le désert, ont disputé leur dernier match devant plus de 5000 personnes qui avaient chèrement payé pour assister à la conclusion de la fascinante épopée de cette organisation.

Le passage des Coyotes en Arizona n'aura certainement pas été couronné de grands succès et de conquêtes glorieuses, mais plusieurs épisodes auront marqué la jeune, mais riche, histoire du hockey au sud des États-Unis.

Des débuts excitants et prometteurs

En 1996, Phoenix se retrouvait du « bon côté » de la relocalisation des Jets de Winnipeg. Imaginez, Steve Gluckstern et Richard Burke ont payé 65 M$ pour amener l'équipe en Arizona, des pinottes si on compare avec le prix des franchises modernes.

La naissance des Coyotes est venue avec de grands changements de personnel sur la patinoire. La vedette de l'époque, Teemu Selanne, se tourne vers Anaheim, alors que Jeremy Roenick et Mike Gartner se joignent à l'équipe.

Menés par Keith Tkachuk, auteur de 52 buts cette saison-là, et par le gardien Nikolai Khabibulin, les nouveaux Coyotes terminent au 5e rang dans l'Ouest avant de s'incliner au terme d'une longue série de sept matchs contre Selanne et ses Mighty Ducks lors de la première ronde.

Menés par un noyau fort composé de Roenick, Tkachuk et Teppo Numminen, les Coyotes vont se qualifier pour les séries éliminatoires pendant quatre saisons de suite, mais ils subissent le même sort à chaque occasion et sont éliminés en première ronde. La pire déception survient en 1999. Forts d'une avance de 3-1 dans leur série contre les Blues, les Coyotes sont éliminés par un but de Pierre Turgeon en prolongation lors du 7e match.

Une première vente et l'arrivée d'une « Merveille »

L'année précédente, Richard Burke avait acheté les parts de l'équipe appartenant à Gluckstern, avant de se résigner à vendre l'équipe après avoir été incapable de faire aboutir son projet d'aréna à Phoenix.

En 2001, Steve Ellman fait donc l'acquisition des Coyotes, avec l'aide d'un certain Wayne Gretzky, qui devient propriétaire minoritaire et directeur des opérations hockey de l'équipe. Encore une fois, ce renouveau correspond à des succès sur la patinoire. Les Coyotes amassent 95 points au classement, mais subissent le même sort en séries, en étant éliminés par les Sharks en seulement cinq parties. Ellman, un entrepreneur immobilier, concrétise peu de temps après son désir de déménager les Coyotes au Glendale Arena, en 2003.

Les déménagements se produisent également au niveau de la patinoire. En 2005, Wayne Gretzky passe des bureaux à un environnement qu'il connaît par coeur, le vestiaire, où il se nomme lui-même entraîneur-chef. S'il s'agit d'un grand coup pour la popularité de l'équipe, ses années à la barre resteront gravées dans les mémoires pour les mauvaises raisons. En quatre saisons derrière le banc, « La Merveille » présente un dossier de 143-161-24 et les Coyotes sont exclus des séries à chaque occasion.

Les « années Gretzky » ne sont pas exemptes de plusieurs enjeux au niveau de la propriété de l'équipe. En 2006, Ellman vend ses parts à Jerry Moyes, qui n'avait aucun intérêt à devenir propriétaire de l'équipe, sauf pour la vendre. À l'époque, la LNH fera tout pour mettre des bâtons dans les roues de Moyes dans ses efforts, si bien qu'en 2009, le propriétaire décide d'arrêter de financer l'équipe pour la placer sous les lois de la protection de la faillite. L'acheteur potentiel le plus sérieux de l'époque, Jim Balsillie, tentait de mettre la main sur l'organisation pour la faire déménager à Hamilton, en Ontario. À la fin d'une saga qui a connu quelques épisodes devant les tribunaux, c'est la LNH qui reprend possession de l'équipe pour un montant de 140 M$ en 2009.

Un renouveau après Gretzky

Face à l'évidence que ses talents de joueur ne se transmettaient pas comme il l'aurait voulu derrière le banc, Gretzky quitte son poste le 24 septembre 2009 pour être remplacé par Dave Tippett derrière le banc. Le changement est instantané, sur la patinoire du moins. Les Coyotes atteignent les 50 victoires pour la première fois et se qualifient aisément pour les éliminatoires où un rendez-vous avec les Red Wings est à l'horaire en première ronde.

Les Coyotes forcent la présentation d'un match no 7 après une victoire émotive à Detroit, mais le match ultime est complètement dominé par les Wings qui empêchent à nouveau les partisans de l'Arizona de goûter à une série victorieuse.

Un titre! Un déménagement?

En mai 2011, le Conseil municipal de la ville de Glendale a tenu un vote pour garder les Coyotes en Arizona sur une base intérimaire pour donner la chance à l'organisation de trouver un nouveau propriétaire. À l'époque, les rumeurs étaient nombreuses que l'équipe serait relocalisée pour retourner à Winnipeg.

Dans ce contexte, la nouvelle campagne s'annonçait aussi pénible que les précédentes après le départ d'Ilya Bryzgalov vers Philadelphie, mais un groupe de caractère mené par l'immanquable Shane Doan a défié les pronostics.

Cette année-là, Radim Vrbata a atteint un sommet personnel avec 35 buts, le vétéran de 36 ans Ray Whitney a trouvé l'élixir de jeunesse en menant l'équipe avec 77 points et le gardien Mike Smith a fait des miracles pour mener les Coyotes au seul titre de division dans leur histoire.

La belle histoire s'est poursuivie lors des séries éliminatoires, où le parcours des Coyotes s'est arrêté en finale de l'Ouest contre les vainqueurs de la Coupe Stanley, les Kings de Los Angeles. Les victoires en séries contre les Blackhawks et les Predators demeurent sans doute les plus grands moments de l'histoire de l'équipe.

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

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La valse des propriétaires, la danse des défaites

Les succès n'ont pas sécurisé la place des Coyotes en Arizona pour autant. Lors de l'été 2013, l'équipe passe à un cheveu de prendre le chemin de Seattle. Le bail que la ligue avait signé à l'origine avait expiré. Les tensions étaient vives et tous les signes indiquaient que les Coyotes allaient finalement déménager. Il a toutefois fallu un coup de théâtre pour que tout se mette en place. Le 2 juillet, en fin de soirée, le conseil municipal de Glendale a voté par 4 voix contre 3 pour approuver un nouveau bail de 15 ans permettant à l'équipe de continuer à jouer à Glendale.

En sécurisant l'avenir des Coyotes en Arizona, la LNH vend l'équipe à un groupe nommé RS&E, dont le visage le plus connu est Anthony LeBlanc, qui se nomme lui-même président de l'équipe. Le nouveau groupe de propriétaires s'amuse, se paye des voyages et suit l'équipe sur la route... mais ce train de vie n'a rien de viable pour une équipe de la LNH. RS&E, maintenant appelé IceArizona, vend 51 % de l'équipe à l'homme d'affaires Andrew Barroway pour 152,5 M$, seulement un an après avoir fait l'acquisition de la franchise.

Dès son arrivée, Barroway fait face à de nouveaux défis. Lors de l'été 2015, la ville de Glendale met fin à son accord de 15 ans, car selon le conseil municipal, l'intégrité du contrat signé avec la LNH a été compromise lors de la revente de l'équipe. Malgré un accord temporaire pour garder l'équipe à Glendale pendant deux autres saisons, Barroway part à la recherche d'alternatives alors que ses relations avec la ville sont déjà effritées. Le propriétaire s'associe à l'Université Arizona State pour la mise en place d'un aréna de 16 000 spectateurs, mais ce projet, comme plusieurs autres avant lui, ne verra jamais le jour.

En 2019, Barroway lance la serviette et vend l'équipe à Alex Meruelo, l'actuel propriétaire de l'équipe. Durant « l'ère Barroway », il y a beaucoup plus de choses à dire sur la propriété de l'équipe qu'au sujet de ses performances sur la patinoire. Après leur parcours lors des séries de 2012, les Coyotes sont exclus des séries éliminatoires pendant sept saisons consécutives. Après 2012, le capitaine Shane Doan, le plus grand joueur de l'histoire des Coyotes, sera exclu des séries chaque saison jusqu'à sa retraite, en 2017.

ContentId(3.1443324):LNH : Des adieux émotifs pour les Coyotes (hockey)
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La fin de la traversée du désert

Le mandat de Meruelo : bâtir un nouvel aréna pour ses Coyotes. Une mission quasi impossible, si l'on se fie aux précédentes tentatives. En 2021, Meruelo est mis devant le fait accompli quand la ville de Glendale refuse de prolonger le bail pour la location du Gila River Arena et force l'équipe à s'installer au Mullett Arena, un amphithéâtre qui ne répond en aucun cas aux standards du hockey professionnel.

Meruelo tente alors d'acheter un terrain à Tempe pour la construction d'un projet de 16 000 places qui se voit refuser après un vote public des citoyens. Par la suite, Meruelo tente le coup pour l'achat d'un terrain à Mesa, mais la tentative tombera vite dans l'oubli. Puis, Meruelo affirme son intention d'acquérir un nouveau terrain, cette fois à Phoenix. Cependant, ce dernier espoir fait rapidement place à des rumeurs plus persitantes, voulant que l'équipe déménage dans un état voisin, en Utah, là où Ryan Smith et son groupe ont continué de démontrer leur sérieux dans leurs démarches pour attirer la LNH.

Les échecs successifs auront finalement eu raison de la ténacité de Gary Bettman de faire survivre la franchise dans le désert. Si la LNH se dit déjà intéressé par un retour en Arizona, le départ des Coyotes semblait inévitable et pour l'instant, leur retour semble plus improbable que jamais.

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