Au loin, le Centre Bell; dans l'immédiat, Minnesota
MONTRÉAL – Il y avait un éléphant dans la pièce mardi à l'Auditorium de Verdun.
On pourrait dire de cette incontournable évidence de laquelle personne ne pouvait détourner le regard qu'elle était de la taille du Centre Bell. Point de figure de style ici. C'était, littéralement, le Centre Bell.
Trois semaines après avoir mis leur saison en suspens pour permettre la tenue du Championnat du monde, les joueuses de l'équipe montréalaise de la Ligue professionnelle de hockey féminin étaient de retour au boulot avec un objectif concret en tête. Dans deux jours, elles reprendront enfin le collier en recevant la visite du Minnesota.
L'affrontement sera d'une grande importance. Avec cinq matchs à jouer avant la conclusion sa saison inaugurale, Montréal occupe le troisième rang au classement de la LPHF, quatre points derrière ses prochaines adversaires. Une victoire en temps réglementaire des visiteuses jeudi éloignerait considérablement les Québécoises de la possibilité de commencer les séries éliminatoires avec l'avantage de la glace.
Un gros match, donc, mais dont personne ne semblait vouloir parler. La discussion a plutôt été largement orientée vers l'événement suivant au calendrier, le match contre Toronto qui sera présenté à guichets fermés au domicile du Canadien samedi.
« Tout le monde nous parle du Centre Bell le 20 [avril], mais on a un match le 18 », ne s'est d'ailleurs pas empêchée de mentionner Danièle Sauvageau au début d'une généreuse conversation avec les médias.
« C'est dans deux jours. Les joueuses de l'équipe nationale reviennent sur la glace demain, c'est un pivot très rapide. Donc nous, le 20, on essaie de ne pas y penser, a insisté la directrice générale. Moi, j'y pense parce qu'il y a une panoplie de coordination et de préparation [à compléter]. C'est comme : "Hey mon Dieu, est-ce qu'on peut le repousser d'une semaine?" Mais en même temps, on est prêts et ça va bien aller. »
Que les journalistes souhaitent commencer à mettre la table pour ce rendez-vous historique tombe sous le sens. Que les dirigeantes de l'équipe acceptent de discuter des enjeux et des potentielles répercussions d'un palier si marquant dans l'histoire du hockey féminin va de soi.
Le piège, c'est que les joueuses se permettent d'y rêvasser un peu trop tôt. Il en revient au personnel d'entraîneurs mené par Kori Cheverie de s'assurer que personne ne fixe son regard au-delà du prochain objectif.
« Honnêtement, je n'ai même pas pensé au Centre Bell parce qu'il faut préparer un match à la fois », a dit Cheverie, elle-même à peine revenue du Championnat mondial où elle œuvrait à titre d'adjointe sur le banc de l'équipe canadienne.
« C'est à nous, les entraîneurs, de passer le même message par l'entremise de nos actions. C'est important pour nous de se concentrer sur notre prochain adversaire, une équipe bien structurée et très talentueuse. Je ne crois pas que nos joueuses pensent à autre chose présentement. Chaque match est important dans cette ligue, on a toujours l'impression de jouer des matchs sans lendemain. Alors le Centre Bell, on n'en parle pas encore. »
Le retour de Poulin
Les cinq médaillées d'or montréalaises qui ont patiné au Championnat du monde ont obtenu congé d'entraînement mardi. Il faudra donc attendre avant de voir Marie-Philip Poulin se greffer officiellement au groupe en vue d'un retour au jeu.
Poulin a fait l'impasse sur les trois derniers matchs de son équipe en LPHF afin de soigner une blessure au bas du corps. Elle a pu renouer avec l'action de façon progressive au Mondial. Durant la ronde préliminaire, son temps d'utilisation est passé de 12 minutes 10 secondes réparties sur 14 présences lors du premier match contre la Finlande à 18 minutes réparties sur 25 présences dans le quatrième match contre les États-Unis.
Muselée offensivement avant d'accéder à la grande finale, elle a explosé avec deux buts dans le match ultime, une performance qui laisse présumer que ses problèmes de santé sont bien derrière elle.
Son retour en forme n'est pas anodin pour l'équipe montréalaise, qui a perdu les trois matchs pour lesquelles elle a été privée de sa capitaine. En tout, Montréal a subi quatre défaites consécutives.
« On n'a pas gagné quand elle n'était pas dans notre formation, mais on ne pense pas que son absence explique pourquoi on n'a pas gagné ces matchs, a proposé Cheverie. Elle rend évidemment notre équipe meilleure puisqu'elle rend toutes les équipes pour lesquelles elle joue meilleures. Sa progression durant le tournoi a été fantastique. Fidèle à son habitude, elle a gardé le meilleur pour la fin. »
« Ceux qui ont remis en question sa performance ont leur réponse aujourd'hui, a relevé Sauvageau, qui a analysé tous les matchs de l'équipe canadienne sur les ondes de RDS. Année après année, elle a ces réponses. Malheureusement, ce que les gens ne voient pas, c'est son impact sur la patinoire même lorsqu'elle ne marque pas. Je l'ai vu faire des gestes qui ont fait que les Américaines n'ont pas marqué. »
« C'est indescriptible ce qu'elle apporte à une équipe, s'épate la DG. Oui, elle a compté deux buts en finale, mais jusque-là sa performance dans le contexte dans lequel elle devait performer était exemplaire. »
Les trois autres joueuses qui étaient blessées avant la pause internationale, soit les attaquantes Ann-Sophie Bettez et Kennedy Marchment et la défenseuse Dominika Lásková, étaient absentes à l'entraînement.