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LPHF : le nouveau défi de Gina Kingsbury

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UTICA, New York – Gina Kingsbury a réussi partout où elle s'est aventurée dans le monde du hockey. Comme joueuse, elle a remporté deux médailles d'or olympiques et trois titres de championne du monde. Comme dirigeante, elle a permis à l'équipe nationale féminine canadienne de retrouver ses lettres de noblesses face à ses rivales américaines.

Son prochain défi : transposer ces succès à l'intérieur des cadres de la Ligue professionnelle de hockey féminin. Kingsbury est la directrice générale de la formation torontoise, l'une des trois personnalités québécoises à occuper cette position parmi les six équipes originales de ce circuit naissant.

Les obstacles seront nombreux. Rencontrée au camp préparatoire organisé par la LPHF la semaine dernière à Utica, Kingsbury blaguait qu'elle a dû en surmonter un dès les premières journées de son mandat. « J'ai grandi à Rouyn-Noranda et je peux dire que j'ai toujours été une partisane des Canadiens, je ne prenais jamais pour Toronto. Mais on est tous compétitifs. Ça m'a pris peut-être une journée pour arriver à Toronto et dire : "Ok, Montréal c'est non!" »,

Plus sérieusement, l'Abitibienne de 42 ans a dû regarder par la fenêtre de son nouveau bureau et se demander quelle place l'équipe qu'elle avait la mission de bâtir serait en mesure de prendre dans le marché torontois.

L'offre sportive de la Ville Reine est incomparable à celle des deux autres marchés canadiens dans laquelle tentera de s'implanter la LPHF. L'amphithéâtre principal de la ville est partagé par une équipe de la LNH et de la NBA. Les Blue Jays s'installent dans leurs quartiers à partir du mois d'avril. Le bassin de population est plus important, certes, mais la compétition pour son attention et son budget loisir est féroce.

Les Marlies, le club-école des Maple Leafs, ne brisent pas des records aux guichets. Depuis le début de la présente saison, ils attirent la 22e foule en importance dans la Ligue américaine avec une moyenne de 4420 spectateurs par rencontre. En comparaison, dans un marché qui a lui aussi la réputation de ne pas se laisser conquérir facilement, le Rocket de Laval vend 8540 billets par match.

« Les gens voient souvent ça comme un challenge et c'est sûr qu'il y en a quand tu es dans un marché où il y a beaucoup d'options, reconnaît Kingsbury. Mais moi je le vois plus comme une opportunité. Toronto, c'est une ville de sports. Les gens qui y vivent, ce sont des gens qui appuient leurs équipes. Et il y a beaucoup de hockey féminin à Toronto. Si tu regardes la participation dans le hockey féminin au Canada, l'Ontario compte pour 50% de nos inscriptions. Alors je vois plus ça comme une chance d'être dans un marché où le hockey féminin est bien implanté, où il y a beaucoup de joueuses. »

L'équipe de la LPHF disputera ses parties locales au Mattamy Athletic Centre, en plein centre-ville. L'enceinte aménagée dans la structure de l'ancien Maple Leaf Gardens peut accueillir un peu plus de 2600 spectateurs pour un match de hockey. C'est peu – l'Auditorium de Verdun, domicile de l'équipe montréalaise, compte environ 4000 places assises – mais les sièges vides seront rares. Déjà, l'organisation a annoncé avoir liquidé tous les abonnements de saison et demi-saison qu'elle avait mis sur le marché.

Une constellation

Une équipe bourrée de vedettes aide toujours à plaire aux fidèles et à attirer les curieux. C'est exactement ce que Kingsbury a assemblée.

Si on inclut sa gardienne Kristen Campbell, qui occupait alors un rôle de réserviste, Toronto compte sept joueuses qui ont représenté le Canada aux plus récents championnats du monde. Victoria Bach et Lauriane Rougeau sont deux autres joueuses « locales » qui ont l'expérience des grandes compétitions.

D'ailleurs, l'effectif torontois a une forte saveur locale. Vingt-et-une des 23 joueuses sous contrat ont la nationalité canadienne. Les deux autres, Jesse Compher et Kali Flanagan, ont participé aux Jeux olympiques avec l'équipe américaine. Beaucoup de gros noms, qu'on vous disait. Kingsbury se défend toutefois d'être partie à la chasse aux joueuses étoiles pour aider son produit à se démarquer dans un marché compétitif.

« Pour nous, le but était vraiment d'aller chercher du caractère, le genre de caractère qui peut servir de base à notre franchise. Le leadership, c'est vraiment important pour nous », plaide la DG.

Pour être convaincu de la véracité de cette affirmation, il suffit de voir l'étincelle qui s'invite dans le regard de Kingsbury lorsque la conversation bifurque vers son entraîneur-chef. Troy Ryan aussi est un gros nom dans le milieu. Associé à l'équipe nationale senior depuis 2017, c'est lui qui était aux commandes pour la reconquête de l'or olympique à Pékin en 2022 et pour les deux triomphes adjacents aux championnats du monde.

Kingsbury, qui était juste en haut de Ryan dans l'organigramme de Hockey Canada, n'est pas peu fière de l'avoir convaincu de la rejoindre à Toronto.

« Je pense que c'est le meilleur entraîneur dans le hockey féminin, et possiblement dans le hockey tout court. Je pense que c'est un secret au niveau du hockey masculin, à quel point il est bon. Il est bon à tous les niveaux. Tactiquement, il est très fort, mais ce qui le sépare du reste des gens, c'est sa capacité à connecter les gens ensemble. Aux Jeux de Pékin, on a eu la meilleure performance de toutes les joueuses dans la formation. Tu ne vois jamais un tournoi ou un événement où toutes les joueuses font leur meilleure performance à vie. Mais c'est ça qu'on a vu à Pékin. »

« Troy a une facilité à élever toutes les performances individuelles pour bâtir une équipe unie, sur la même longueur d'onde. D'après moi, c'était le meilleur coach disponible dans le sport. Sans dire que je vais avoir la vie facile grâce à lui, je sais que ça va bien aller. »