Misère de misère!
COLLABORATION SPÉCIALE
L'orgueil peut représenter pour certains un défaut, mais pour plusieurs autres il représente davantage une qualité, surtout quand il s'agit de fierté et de ce sentiment qui pousse les athlètes professionnels à se surpasser. Quand des situations difficiles se présentent, certains ont tendance à se retrousser les manches tels des combattants, tandis que d'autres s'écrasent sous cette pression du moment.
Sans trop revenir sur ma précédente chronique de la semaine dernière sur cette problématique récurrente de manque de production offensive en situation de 5 contre 5 chez les Sénateurs d'Ottawa (31e LNH, tout juste devant les Blackhawks de Chicago), il faut dire que malheureusement la situation ne semble pas se replacer dans l'environnement de l'édition actuelle. La semaine dernière a été très difficile, autant au chapitre de l'absence de résultats qu'au chapitre de la performance sportive. On voit de plus en plus de signes de frustration au sein de l'équipe.
Les Sens présentent une fiche de 2-6-0 à leurs 8 dernières sorties, avec seulement 17 buts marqués contre 36 buts alloués à l'adversaire. Au cours de la semaine dernière, qui a été très chargée avec quatre matchs en six soirs, les hommes de D.J. Smith ont remporté une victoire de 5-4 en prolongation face aux Penguins de Pittsburgh, mais ont subi trois revers (Blues de Saint Louis, Penguins et Jets de Winnipeg) durant lesquels ils ont marqué un seul but par partie. Cela est clairement trop peu dans cette nouvelle Ligue nationale, qui en exige aujourd'hui trois et plus pour espérer remporter la victoire.
Donc, est-ce une question de système? Un manque de rigueur dans l'engagement collectif? Un certain manque de force physique au sein des deux premières unités offensives dans les batailles en espace restreint? Ou bien est-ce cette absence de sacrifices à l'intérieur des points de mises en jeu, pour se créer davantage de chances de qualité? Quel est le plus grand problème à Ottawa?
Chose certaine, la réalité est dure à accepter aujourd'hui pour Ottawa, qui se trouve dix points d'une place en séries éliminatoires. Plus important encore, les Sens sont devancés par cinq autres formations qui partagent les mêmes ambitions de se classer parmi les deux équipes repêchées donnant place à la danse du printemps.
Sans jeter l'éponge, il faudra tout de même se rendre à l'évidence que la troupe de Smith, qui nourrissait l'ambition de reproduire les récents succès de mois de décembre dernier (8-4-2), n'a pas réussi sa mission. Ce mois de janvier (4-6-0), auquel il reste encore quatre parties au compteur, et avant la pause du Match des étoiles, a été jusqu'ici très laborieux pour la formation de la capitale nationale. L'espoir des séries a presque complètement disparu lors des deux dernières semaines.
Dans un milieu où le mot imputabilité prend tout son sens, autant comme joueur que comme équipe, l'édition actuelle démontre les signes de déjà vu, ce qui est très décevant après plusieurs saisons en phase de reconstruction complète.
Oui, certains jeunes (Josh Norris et Tim Stützle, par exemple) vont probablement prendre un peu plus de coffre physiquement au cours des prochaines saisons afin de mieux répondre aux exigences de la game – un peu comme Marian Hossa l'avait fait. Or, dans l'entretemps, pour la haute direction, il faudra passer par une phase de remise en question, afin de retrouver le bon équilibre au sein de la charte de profondeur et dans sa répartition.
Erik BrannstromUne ligne bleue très peu productive!
La production offensive à la ligne bleue des Sens représente le talon d'Achille de la formation, et ce n'est malheureusement pas une surprise, car cela avait été anticipé en lever de rideau par les différents experts. La défensive est composée à 50 % de défenseur au profil stabilisateur et non offensif, comme Artem Zub, Travis Hamonic, Nick Holden et Nikita Zaistev. Concours de circonstances ou pas, tous les quatre évoluent pour la forte majorité du temps du côté droit au sein de leur duo respectif...
Ottawa utilise en permanence seulement un défenseur lors de l'avantage numérique à cinq contre quatre. Le temps est réparti entre le « vétéran » Thomas Chabot et la verte recrue à l'allure de vétéran, Jake Sanderson. Les deux font un bon boulot, la preuve : les Sénateurs se retrouvent dans le premier tiers de la ligue au chapitre de l'avantage numérique.
En contrepartie, Ottawa se retrouve aussi au 27e rang du circuit pour le nombre de buts marqués en situation de cinq contre cinq, avec seulement 16 buts marqués en provenance de la pointe. L'équipe vient aussi au 31e rang au niveau des points récoltés par les défenseurs en pareilles circonstances, avec seulement 68 (30e dans la ligue), ce qui a de quoi interpeller au plus haut point.
Prenons l'exemple des Jets, que les Sénateurs ont affronté samedi soir. Josh Morrissey cumule 51 points (3e chez les défenseurs de la LNH), tandis que Chabot compte 25 points (28e chez les défenseurs de la LNH). Au-delà de Morrissey, les Jets peuvent compter sur 118 points en provenance de la ligne bleue (2e dans la ligue). Cela a de quoi inquiéter la haute direction et les entraîneurs.
Erik Brännström fait partie des défenseurs qui déçoivent. Oui, il n'est pas beaucoup utilisé en avantage numérique depuis le début de la saison, mais cela n'excuse en rien son manque de production. Il a été blanchi de la feuille de pointage à ses 24 dernières parties et compte 0 but et 3 passes depuis le début de la saison, lui qui normalement aurait dû trouver une solution à ce manque de productivité en raison de certaines de ses qualités offensives.
Or, l'absence de confiance en soi est bien présente chez le principal concerné, lui qui a peur de faire des erreurs, et ce, même s'il a réussi à améliorer son jeu en territoire défensif sans la rondelle. Les éclaireurs avaient davantage déniché Brännström pour son jeu offensif, mais jusqu'ici dans la LNH ça ne fonctionne pas vraiment, lui qui sera encore une fois agent libre avec compensation à la fin de la présente saison.
Dorion et sa garde rapprochée doivent absolument s'interroger sur la composition de leur ligne bleue, car la nouvelle Ligue nationale de hockey exige un support offensif des défenseurs en deuxième vague d'attaque, surtout sur les entrées de territoires. Les bons défenseurs offensifs ont cette facilité à repérer les espaces libres et permettent aux attaquants de mieux se démarquer.
La réalité d'aujourd'hui, surtout en saison régulière, veut que sans la présence d'un minimum de quatre défenseurs dotés d'un flair offensif et d'un bon hockey IQ (Sens du jeu), il devient de plus en plus difficile d'avoir du succès. Les Sénateurs, et surtout Pierre Dorion, ont des devoirs à faire à ce chapitre...
Bonne semaine de hockey!