BROSSARD - Depuis cinq ans, les dirigeants d’Équipe Canada Junior se creusent les méninges pour identifier la solution à leurs ennuis sur la scène internationale, mais ils possèdent maintenant la source d’inspiration idéale.

C’est même inutile de regarder au sud de la frontière ou même de l’autre côté de l’océan Atlantique pour inspirer la cuvée 2015 d’ÉCJ puisque la formation masculine canadienne a brillé de tous ses feux aux Jeux olympiques de Sotchi. 

Bien sûr, la prétention des dirigeants du clan canadien ne vise pas à égaler ou imiter l’exceptionnelle prestation du groupe dirigé par Mike Babcock, mais plutôt d’installer une philosophie semblable.

« C’est un excellent exemple pour nous. J’ignore si on peut dire que c’était la meilleure équipe de l’histoire canadienne, mais ils ont si bien joué à Sotchi, c’était remarquable. Ils ont été dominants même s’ils ont gagné des matchs par un but », a confié l’entraîneur Benoit Groulx.

En compagnie de ses complices, Groulx a déjà commencé à montrer des extraits des performances des médaillés d’or en sol russe avec un argument de poids à leur disposition. 

« On veut surtout insister sur un fait : si des joueurs comme (Sidney) Crosby, (Ryan) Getzlaf et (Drew) Doughty peuvent adapter leur façon de jouer pour le bien d’une équipe, nos joueurs peuvent certainement accepter d’en faire autant », a-t-il décrit.

Le travail appartient maintenant aux meilleurs joueurs de 19 ans et moins du pays de s’inspirer de ce parcours étincelant. Parmi les ingrédients essentiels de cette réussite, le Canada disposait d’une brigade défensive phénoménale avec les Doughty, Keith, Weber, Pietrangelo et compagnie.

Darnell NurseÀ ce niveau, ÉCJ peut se targuer de posséder un contingent très prometteur à ligne bleue. En effet, il ne serait pas surprenant que les Aaron Ekblad (six pieds trois pouces), Haydn Fleury (six pieds trois pouces), Darnell Nurse (six pieds quatre pouces), Samuel Morin (six pieds sept pouces), Josh Morrissey (seulement six pieds!) et autres se situent parmi l’élite de la LNH dans un avenir rapproché. À un point tel que ce groupe impressionne même plusieurs recruteurs des équipes de la Ligue nationale qui s’arrachent ce type de joueurs.

« Nous sommes conscients qu’ils sont imposants et habiles sur leurs patins. Pour nous, c’est essentiel d’avoir cette mobilité pour aller récupérer les rondelles et relancer l’attaque. C’est un superbe atout et nous allons devoir trouver la combinaison pour aussi miser sur des défenseurs très fiables dans leur territoire », a convenu Ryan Jankowski, le dépisteur en chef de l’équipe.

Lors de la dernière conquête de l’or par le Canada en 2009, l’équipe misait justement sur Tyler Myers et Keith Aulie qui étaient surnommés les « Tours jumelles ». Cette année, le nombre de gratte-ciel pourrait donc se multiplier.

Même s’il n’affiche pas un gabarit aussi impressionnant, Morrissey (photo) considère qu’une défense redoutable procure souvent des résultats intéressants.

« En regardant les JO, tout le monde a vu comment le Canada se comportait dans son territoire défensif. On entend souvent le dicton selon lequel les défenses gagnent les championnats et je suis un peu partial en tant que défenseur, mais je considère que c’est très difficile de gagner sans une excellente défense et un bon gardien », a-t-il avancé.

Dès la première rencontre préparatoire, l’impact de ces défenseurs s’est fait ressentir autant dans la protection de l’enclave que dans la relance expéditive de l’offensive. S’il se voit confier le filet une deuxième année d’affilée, Zachary Fucale serait heureux d’être entouré par eux.  

« On possède beaucoup d’habiletés de ce côté, mais c’est aussi le cas en attaque et devant le filet. Nous devrons être prêts pour jouer à notre meilleur niveau à toutes les positions car c’est essentiel pour gagner le tournoi », a rappelé le cerbère des Mooseheads de Halifax et éventuel dauphin de Carey Price.

Ignoré pour la compétition 2014, Nurse s’est pointé au camp avec de grandes aspirations et un jeu plus responsable en zone défensive.

« Je veux me présenter comme une véritable éponge et assimiler tous les conseils des entraîneurs. Je suis prêt à suivre toutes leurs recommandations pour me tailler une place dans la formation sans oublier de m’amuser parce que c’est important dans ce processus », a détaillé le neveu de Donovan McNabb.

Ne pas redouter la pression 

Dans ce portrait, il ne faut pas négliger l’impact de l’échec de la quatrième place en Suède il y a huit mois.

« C’est toujours très difficile de ne pas mériter l’or quand tu portes le chandail du Canada, mais c’était une bonne leçon », a souligné Morrissey qui entend jouer un rôle clé s’il ne perce pas la formation des Jets.

« Je voudrais être un meneur puisque la dernière expérience favorise la confiance et la pression sera plus élevée au Canada donc je pourrai aider l’équipe à ce chapitre », a-t-il décrit.

Déjà bombardés de questions au sujet de cette fameuse pression, les joueurs et entraîneurs d’ÉCJ ne sont pas effrayés par ce phénomène et ils s’y habituent dès maintenant.

« Avoir de la pression, ça veut dire que nous avons une chance de gagner. Ensuite, c’est un privilège de jouer ce tournoi à Montréal et à Toronto; tu ne peux pas te retrouver dans un meilleur environnement pour le hockey. Ce sera incroyable de sentir le support de nos partisans même si ça vient avec une dose de pression et ça peut être un contexte bénéfique selon nous », a répondu Groulx.

En l’espace de quelques jours d’entraînement, quelques jeunes invités ont déjà gagné en confiance comme Morin et Fleury. Même s’il ne décidera rien de la composition finale d’ÉCJ, ce camp estival aura donc été utile car le Canada a concédé pas moins de 20 buts en sept matchs en Suède. Dans cette catégorie, seulement la Slovaquie, l’Allemagne, la Suisse et la Norvège avaient fait pire.