Maggie Coles-Lyster incapable de conclure en beauté
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Douce-amère. C'est de cette façon que Maggie Coles-Lyster a décrit sa neuvième place à l'omnium des Jeux olympiques de Paris, pourtant l'une des belles performances de la délégation canadienne en cyclisme.
C'est que Coles-Lyster s'était merveilleusement bien positionnée au troisième échelon après les trois premières épreuves – la course scratch, la course tempo, la course à élimination –, mais une 16e place à la course aux points l'a fait glisser du troisième au neuvième rang du classement général.
Au terme de la course aux points, l'Américaine Jennifer Valente, maintenant double championne olympique et double championne du monde en titre de la discipline, est montée sur la plus haute marche du podium avec 144 points. Elle a été suivie de la Polonaise Daria Pikulik (131) et la Néo-Zélandaise Ally Wollaston (125).
Coles-Lyster n'a engrangé que cinq points dans la dernière course pour terminer avec 101.
« Cette course aux points est vraiment chaotique et plusieurs de ces filles sont très bonnes pour reprendre des tours sur le peloton (NDLR : ce qui procure 20 points), a dit la cycliste de Maple Ridge, en Colombie-Britannique. Au final, je n'avais tout simplement pas les jambes pour suivre la cadence.
« Ça laisse un goût amer. J'étais plutôt heureuse de ma situation après la troisième course. Je suis très fière de la façon dont j'ai couru, mais j'en voulais davantage. »
En deçà des attentes
En vouloir davantage, c'est un peu ce qu'on aurait pu dire après toutes les courses des Canadiens au Vélodrome national de Saint-Quentin-en-Yvelines, où la délégation a connu une semaine pour le moins difficile.
De nouveau dimanche, le parcours des Canadiens James Hedgcock et Nick Wammes s'est arrêté en quarts de finale au keirin. Kelsey Mitchell, médaille d'or au sprint à Tokyo, a été dévastée par sa huitième place.
L'équipe arrivait pourtant en France avec deux médailles acquises à Tokyo (le bronze de Lauriane Genest au keirin étant l'autre). Le parcours des deux femmes s'est aussi arrêté en quarts au keirin. Les sprints et poursuites par équipe n'ont pu faire mieux qu'une septième place et trois huitièmes. À la course à l'Américaine, le Canada a fermé la marche.
« En général, c'était solide, mais c'était aussi un peu en deçà de nos attentes. Nous sommes arrivés ici sans nécessairement avoir d'espoir de médaille, car nous sommes un peu en reconstruction, surtout au vélo de montagne et sur route », s'est défendu le directeur haute performance de Cyclisme Canada, Kris Westwood.
« Je suis vraiment impressionné par la performance de Molly Simpson [cinquième au BMX]. Mais à la piste, ç'a été un peu décevant. Dans les poursuites par équipe, ce n'était pas ce à quoi nous nous attendions. »
Westwood assure que son équipe planche déjà pour trouver des solutions.
« Il n'y a pas qu'une explication. C'est compliqué le sport et il y a toujours des imprévus qui arrivent. C'est un peu un mélange de plusieurs choses. Il y a une combinaison de pression, parce que ce sont les JO. Les gens répondent de façon différente aux Jeux. Ce n'est pas rationnel, mais c'est comme ça. Il y a plus de pression, d'eux-mêmes, mais de l'externe aussi. On essaie de limiter ça, mais on ne peut pas l'éliminer.
« C'est aussi le niveau rencontré ici qui a été incroyable, a-t-il souligné. On a vu des records du monde tomber, des performances quasi inattendues. (...) Les records, ils sont presque uniquement battus aux Jeux, alors ça veut dire que tout le monde est à son top aux Olympiques. »
Les données utilisées par la fédération nationale indiquent pourtant que le groupe progresse. Ce n'est donc pas une question de méthodes d'entraînement ou de moyens.
« Si on regarde la progression de nos performances – et là je ne parle pas des résultats – on progresse plus rapidement que le reste de la compétition. Mais il reste toujours un écart à rattraper. Notre courbe de progression est plus rapide, mais les autres nations demeurent un pas devant. Notre grand questionnement est de savoir comment on peut combler cet écart.
« On n'a pas nécessairement les mêmes ressources que les autres nations, mais nous ne sommes pas pauvres non plus. On a plusieurs idées en tête. (...) Mais au bout du compte, c'est l'athlète qui pédale sur le vélo en compétitions. Nos équipements sont aussi bons que ceux des autres nations. Nos vêtements sont aussi bons que ceux des autres nations. Notre expertise est aussi bonne que celle des autres nations. Parfois, les étoiles s'alignent, parfois, elles ne s'alignent pas. »
Désaccord
Mitchell semble toutefois voir les choses d'une autre façon. La Manitobaine a tout tenté pour finir en beauté ses deuxièmes Jeux olympiques. Dans la course pour déterminer les positions cinq à huit, elle a lancé son attaque avec un peu moins de deux tours à faire, mais les trois autres cyclistes ont tôt fait de la rejoindre et de la dépasser. Avec un peu plus d'un quart de tour à compléter, Mitchell a levé le pied, se sachant battue.
C'est une athlète écorchée vive qui s'est présentée dans la zone mixte.
« Je pense que j'ai été dans le coup, parce que je suis une battante, mais physiquement, je n'étais pas là, a-t-elle dit après avoir pris une très longue pause pour évacuer ses sanglots. Les filles [des autres pays] sont devenues très fortes et nous n'avons pas été en mesure de suivre la cadence. C'est très fâcheux.
« Il y a plusieurs éléments qu'on peut identifier [pour expliquer ces résultats], a ajouté Mitchell. Mais ce ne sont pas d'excuses dont nous avons besoin. Nous courons les mêmes courses que tout le monde et pouvons obtenir les mêmes points.
« À Tokyo, je crois que ça s'est avéré une bénédiction pour nous en raison de la COVID-19 et des petites bulles d'entraînement. Nous avons été en mesure de nous entraîner à fond et d'être très concentrés. Ç'a entraîné des résultats fabuleux. La vie a repris son cours et la dynamique de groupe a changé. J'adore le groupe avec qui je m'entraîne, mais des choses doivent changer. »
Mitchell n'est pas la première Canadienne à exprimer ses frustrations par rapport aux choix qu'a faits Cyclisme Canada. Certains athlètes en ont même identifié d'autres qui, selon eux, avaient davantage leurs résultats personnels à coeur que ceux de l'équipe. Pour Westwood, il n'y a pas de solution parfaite aux JO.
« L'approche pour les Jeux olympiques est toujours bourrée de compromis, car le groupe d'athlètes qu'on peut y amener est trop restreint. On doit donc prioriser certaines épreuves aux dépens de certaines autres, a-t-il admis. Comment peut-on équilibrer tout ça afin que tous les athlètes quittent les Jeux en sachant qu'ils ont eu les meilleures opportunités de performer? Toutes les équipes ont le même problème. Au final, il faut qu'on regarde nos meilleurs espoirs de médailles, tout en comprenant que les athlètes sont des êtres humains et qu'ils ont leurs propres espoirs et ambitions. »
Westwood et son équipe ont du pain sur la planche d'ici les Jeux de Los Angeles.