JO: plusieurs athlètes de pointe russes n'ont subi que le minimum de tests antidopage
Deux meilleurs nageurs de Russie n'ont subi que deux tests antidopage de la part de leur agence nationale en 2023, une tendance qui s'étend à plusieurs sports et qui ajoute une couche d'incertitude à la décision du Comité international olympique (CIO) de permettre à certains athlètes du pays de participer aux Jeux olympiques de Paris.
L'Agence russe antidopage, RUSADA, a indiqué sur son site internet le nombre de tests effectués auprès des athlètes, une procédure qu'on lui a longtemps reproché de ne pas adopter. Elle a administré 10 500 tests en 2023, des chiffres soulignés par des hauts dirigeants du CIO dans un mémo signé par des membres du Mouvement olympique l'été dernier et qui souhaitait démontrer que « les tests se poursuivent en Russie ».
Parmi tous ces tests, seulement deux ont été subis par le champion du 100 et 200 m dos Evgeniy Rylov et par le détenteur du record du monde 50 m dos, Kliment Kolesnikov.
Un autre espoir de médaille, Evgeniia Chikunova, n'a subi que trois tests par la RUSADA. Deux escrimeurs médaillés d'argent n'ont subi qu'un test. Cinq gymnastes, qui ont mené les équipes masculine et féminine de Russie à des médailles d'or, n'ont subi que neuf tests ensemble.
Tous ces athlètes doivent toujours se qualifier pour les JO 2024. Il faudra aussi voir si leurs fédérations respectives et le CIO leur permettront d'y participer.
Rylov, par exemple, a déclaré qu'il n'allait pas signer une déclaration disant qu'il n'appuie pas la guerre en Ukraine, un prérequis du CIO afin de participer aux JO. Les gymnastes sont dans les limbes en raison des positions des fédérations internationale et européenne dans ce sport.
Le président de l'Agence américaine antidopage, Travis Tygart, s'inquiète que les Jeux de Paris ne soient pas disputés à armes égales.
« Les choses ne sont pas exactement ce qu'ont dit qu'elles sont. De dire que les athlètes russes ont été traités de la même façon que les autres athlètes est une gifle au visage des athlètes propres », a-t-il dit.
Les athlètes américains de pointe ont été testés de trois à quatre fois plus souvent en 2023. La gymnaste Simone Biles (quatre tests) a subi à elle seule près de la moitié des tests des deux équipes de gymanstique de Russie.
De trois à cinq tests par année par les agences antidopage sont habituellement requis pour assurer que le passeport biologique des athlètes soit efficace.
Un courriel envoyé par l'Associated Press à la RUSADA est demeuré sans réponse.
Les déboires du système antidopage russe durent depuis 10 ans. Un programme étatique de dopage avait été mis à jour après les JO de Sotchi, en 2014.
Des doutes ont persisté avant les Jeux de Tokyo, tenus en 2021, alors que les tests ont diminué de façon drastique sur la planète en raison des restrictions imposées pendant la pandémie de COVID-19.
L'Agence mondiale antidopage (AMA) continue de surveiller la RUSADA et travaille de concert avec les autorités internationales des différents sports afin de s'assurer que les Russes soient testés de façon appropriée.
« L'AMA demeure sceptique et craintive quand on parle de la Russie, a déclaré son porte-parole James Fitzgerald. Nous devons demeurer vigilants et nous assurer de tout faire en notre pouvoir afin de vérifier que tous les tests sont effectués avant les Jeux de Paris. »