RIO DE JANEIRO - Neymar qui embrasse le ballon, permettant à son équipe de remporter la médaille d'or et qui fond en larmes avec les autres Brésiliens.

Il n'y a pas plus forte image pour représenter les Jeux olympiques de Rio de Janeiro.

« C'est la seule médaille qui comptait vraiment, a affirmé Salvador Gaeta lors d'une balade en vélo sur le site désert du Parc olympique. Tous les Brésiliens vont s'en souvenir. »

D'autres souvenirs se sont estompés depuis l'ouverture des Jeux il y a un an. Certaines attentes ont été remplies, mais d'autres, promises par le président du Comité international olympique (CIO) Thomas Bach et le comité organisateur mené par Carlos Nuzman, n'ont pu être comblées.

Bach s'est même vanté lors de la cérémonie de fermeture d'un « Rio de Janeiro avant, et d'un Rio de Janeiro nettement meilleur après le passage des Olympiques ».

Nuzman a désigné Rio comme étant le prochain Barcelone, l'une des villes transformées par l'événement.

Mis à part quelques changements esthétiques, la ville entourée de montagnes et meurtrie par les inégalités sociales est demeurée ce qu'elle était. Les crimes violents, cachés pendant les Jeux olympiques, sont en hausse, en plus du pire ralentissement économique depuis les 100 dernières années et du sort des policiers mal rémunérés qui ne cessent de déserter les rangs. Des militaires ont été dépêchés afin d'atténuer la violence grandissante.

Rio a accueilli de peine et de misère les Olympiques et a eu besoin d'une aide gouvernementale pour organiser les paralympiques. La ville s'est ensuite écroulée sous le poids de la récession économique et sous les scandales de corruption.

Les compétitions se sont déroulées principalement dans le sud et l'ouest de la ville, où résident les plus fortunés. De l'autre côté, au nord, le décor reste inchangé. On y aperçoit toujours un ramassis d'usines délabrées, de bidonvilles, de toits de taule et d'égouts éventrés.

Le Brésil a révélé avoir dépensé 13 milliards $ en argent public et privé pour organiser les Jeux olympiques, quelques estimations suggèrent même 20 milliards $, et plusieurs projets reliés avant de s'engouffrer dans les scandales de corruption qui ont entaché les Jeux et qui ont augmenté les coûts. La police fédérale et les procureurs ont surévalué le coût des projets afin d'éviter la corruption entre les politiciens et les compagnies de construction.

Un regard sur les retombées qu'ont eu les Jeux olympiques sur Rio depuis leur ouverture le 5 août dernier:

Les bons coups

Les Olympiques ont permis d'inaugurer une nouvelle ligne de métro, un service d'autobus à haute vitesse et un joyau urbain: une toute nouvelle zone portuaire, entièrement rénovée, parsemée de divers kiosques alimentaires, de musiciens et qui offre un endroit paisible dans une ville où la violence est omniprésente.

Ces installations n'auraient sûrement pas été mises en place si la ville n'avait pas accueilli cette compétition internationale, mais les Jeux ont également imposé des échéances très serrées et ont augmenté les prix. Un rapport du commissaire a révélé que le prix de la nouvelle ligne de métro, qui s'est élevé à 9,7 milliards $, a été surfacturée de 25 pour cent.

« C'est certain que c'est mieux qu'avant », a affirmé Igor Silverio qui habite près du port, dans une favela. Il a toutefois mentionné qu'il s'attendait à bien davantage des Olympiques.

Les déceptions

Le passage des Jeux olympiques a laissé plusieurs vides, notamment une demi-douzaine de stades dans le Parc et 3600 appartements vides dans le village olympique. Deodoro, un complexe majeur du site, situé dans la partie plus pauvre de la ville, au nord, est dissimulé derrière des portes de fer.

Un terrain de golf de 20 millions $ a de la difficulté à trouver des joueurs et du financement.

Les organisateurs et le CIO stipulent que Rio aura besoin de temps pour développer les différents sites et accusent la récession économique pour les divers problèmes rencontrés depuis un an.

Juliana Solaire, une pharmacienne de 30 ans qui habite en face du parc croit que l'espace est « un excellent legs », mais que « peu de personnes l'utilisent ».

Le parc offre peu de commodités: pas de restaurants, aucune partie ombragée et pas grand-chose mis à part des stades vides. Les conseillers de l'hôtel de ville et ceux du gouvernement fédéral ont avancé qu'ils planifiaient un événement qui se déroulera le 5 août prochain pour réunir les gens sur le site pour la journée.

Les horribles conséquences

Les organisateurs de l'événement avaient promis de nettoyer les eaux polluées de la baie de Guanabara lorsque leur candidature avait été retenue en 2009. Durant les Olympiques, les responsables avaient mis en place des solutions provisoires pour empêcher des objets flottants, des billes de bois ou encore des animaux morts, d'entrer en collision avec les bateaux durant les épreuves nautiques.

Depuis les Olympiques, la ville de Rio de Janeiro, au bord de la faillite, a cessé les efforts majeurs déployés pour nettoyer la baie et son odeur nauséabonde qui dérive le long de l'autoroute qui rejoint l'aéroport international.

Avenida Brasil, l'artère principale qui relie le nord et le sud à travers la ville, est un amas de routes incomplètes et de lignes de bus express, de viaducs qui ne mènent nulle part et de détours sur des kilomètres jonchés par des cônes.

Plusieurs politiciens ont été accusés de corruption, et les organisateurs doivent toujours à leurs créanciers de 30 à 40 millions $.

Carlos Nuzman, le président du comité organisateur, n'a pas été élu plus tôt cette année à la tête de l'Organisation sportive panaméricaine, terminant troisième parmi deux autres candidats.