Gilles Lupien n'est pas étranger à la création d'un syndicat dans la Ligue canadienne de hockey (LCH). S'il n'est pas impliqué officiellement, l'agent de joueurs accepte volontiers d'être la voix francophone de cette association qui pourrait naître d'ici une dizaine de jours.

« J'ai été contacté il y a environ deux mois par deux avocats torontois qui connaissaient mon opinion sur le sort réservé aux joueurs juniors. L'un d'entre eux est le père d'un ancien joueur de la Ligue de l'Ontario et ils m'ont demandé si j'étais intéressé à leur venir en aide dans leur cheminement. J'ai accepté », a expliqué Lupien en entrevue à RDS.

L'Association des joueurs de la Ligue canadienne (AJLCH), qui a embauché Georges Laraque à titre de président, regrouperait la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ), la Ligue de l'Ouest (WHL) et la Ligue de l'Ontario (OHL).

L'ancien bagarreur dans la LNH a annoncé via son compte Twitter, mardi, qu'il était «fier» d'accepter ce rôle.

« Si des joueurs millionnaires de la LNH ont besoin du support d'une association, imaginez-vous à quel point des jeunes de 18 ans touchant 50 $ par semaine ont besoin d'encadrement », a lancé Laraque lors d'un entretien avec RDS en soirée.

Les détails du fonctionnement de l'AJLCH n'ont pas encore été dévoilés.

« La première étape sera de contacter le président de la LCH, David Branch. Ce circuit fait des profits de plus de 250 millions $ par année. On a comme objectif de gérer une part de cette somme au profit des joueurs. C'est loin d'être déraisonnable », a poursuivi Laraque.

« Présentement, les agents de joueurs de la LCH jouent tous les rôles, que ce soit celui de psychologue ou de docteur. Il ne faut toutefois pas oublier qu'ils ont une entreprise à faire rouler et ils ne peuvent donc pas consacrer tout le temps qu'ils voudraient à la carrière de leurs protégés. On (la AJLCH) veut être là pour les appuyer et régler leurs problèmes » a fait savoir Laraque.

Ce dernier a évolué pendant trois saisons dans la Ligue de hockey junior majeur du Québec — remportant la coupe Memorial avec les Prédateurs de Granby en 1996 — avant de disputer 695 matchs au cours de sa carrière dans la LNH.

Il n'a pas joué dans la LNH depuis 2010.

Ce nouveau syndicat aurait pour mandat d'offrir une meilleure représentation aux joueurs juniors relativement à leurs droits, leur éducation et leur compensation en ce qui a trait à leur participation à des événements de la LCH, d'Hockey Canada et surtout le Championnat mondial junior.

« Quand je jouais junior majeur, je recevais 30 $ par semaine. Trente-cinq ans plus tard, les p'tits gars touchent un salaire hebdomadaire de 35 $. Sur cette somme, ils paient de l'impôt. Il leur reste donc 28 $ dans leurs proches. Pendant ce temps, le commissaire de la LHJMQ (Gilles Courteau) fait 300 000 $ par année. Si c'est bon pour lui de toucher un tel salaire, les joueurs méritent certainement une augmentation », a réclamé Lupien.

« Ce que les équipes font, c'est qu'elles refilent la facture aux parents. Ceux-ci se voient obligés de donner de 200 à 300 $ à leur enfant afin qu'il soit en mesure de s'acheter du dentifrice, de se payer une coupe de cheveux ou encore un repas au restaurant », a enchaîné Lupien, sans détour.

Selon l'agent de Roberto Luongo, les joueurs évoluant au sein de la LCH sont victimes d'abus, bien que les équipes déboursent les frais reliés à l'équipement, la pension et à l'éducation.

« Personne d'autre au Québec n'a calculé la somme de travail qui pèse sur eux au cours d'une semaine. Je l'ai fait. Si on additionne les heures consacrées aux pratiques, aux matchs et au voyagement, les joueurs jouent pour 1.05 $ de l'heure », a noté Lupien.

L'ancien homme fort du Canadien est catégorique, la création d'un syndicat est maintenant impérative.

« Les joueurs et leurs parents n'ont personne à qui s'adresser en cas de problème. Ils ne peuvent que se rabattre sur l'instructeur ou encore la Ligue. Tout cela pour se faire toujours dire non. Il faut donc une association afin que les joueurs et les parents puissent parler et se plaindre », a-t-il estimé.

Courteau réagit

Appelé à réagir quant à la création prochaine de l'AJLCH, le commissaire de la LHJMQ Gilles Courteau a indiqué à RDS avoir pris connaissance du projet par l'entremise des médias.

« En aucun temps, je n'ai été contacté, tout comme mes homologues de la Ligue de l'Ontario et de l'Ouest », a-t-il confié.

M. Courteau refuse pour l'instant de dire si oui ou non il s'opposerait à la création de ce syndicat.

« On a toujours dit qu'on est autonome et qu'on est doté d'une structure bien en place pour opérer convenablement. Nous en sommes toujours convaincus. »

« La plus belle réponse qu'on a à savoir si on encadre bien nos joueurs se situe peut-être dans le fait que beaucoup de nos anciens reviennent dans la LHJMQ, soit comme entraîneur, dirigeant ou même propriétaire, a ajouté M. Courteau. S'ils le font, c'est qu'ils ont dû apprécier leur stage junior et ne se sont pas sentis abusés ou maltraités d'une quelconque façon que ce soit. »