Passer au contenu principal

RÉSULTATS

La AEW veut s'inscrire dans l'histoire de la lutte à Montréal

La AEW au Centre Bell La AEW au Centre Bell - Getty, AEW
Publié
Mise à jour

Montréal et la lutte, c'est une longue histoire d'amour.

Vous ferez le test durant vos rencontres familiales dans quelques semaines. Évoquez la lutte lors d'une conversation et soyez attentifs aux réactions.

Les plus âgés du groupe mentionneront avec une nostalgie enivrante les cabrioles du Français d'origine Édouard Carpentier. À la fin des années 50, dans un Forum de Montréal effervescent au possible, Carpentier époustouflait les amateurs du Québec avec ses prouesses en avance sur son temps à l'époque où la véracité de la lutte était encore solidement ancrée dans l'imaginaire collectif.

La génération plus jeune, mais quand même âgée poussera des anecdotes sur la lutte au défunt Centre Paul Sauvé. Théâtre de plusieurs grandes rencontres dans le quartier Rosemont, c'était aussi le quartier général de Johnny Rougeau alors qu'il présentait des spectacles de lutte à guichets fermés plus souvent qu'à son tour. Lutte internationale, jusqu'à la fin des années 80, séduisait le public montréalais avec une proposition d'envergure qui a marqué ses habitués.

Ensuite, ce sont les visites ponctuelles de la WWF (WWE) de la famille McMahon qui teinteront les anecdotes des gens qui se seront forcément greffées à votre discussion sur la lutte, parce que la discipline possède ce magnétisme qui ne laisse personne indifférent. Même – et surtout – les irréductibles sceptiques qui se sentent le besoin de souligner, avec un air suffisant, que tout ça c'est faux.

Ils feront quand même partie de la discussion et auront, à leur façon, des anecdotes sur la lutte.

Parce que cette histoire d'amour s'est transmise d'une génération à l'autre. Elle a solidifié des relations, orchestré à l'occasion de grands moments de rassemblement collectif (comme plus tôt cette année au Centre Bell pour Samy Zayn) et, dans de rares cas, des situations légendaires avec suffisamment de munitions pour meubler des heures de discussions.

Vous ferez le test durant vos rencontres familiales en glissant le nom d'André le Géant dans une discussion, par exemple. Glissez-le juste un peu plus fort pour bien ponctuer votre phrase et, aussi, capter l'attention des inattentifs autour.

L'histoire d'amour se transformera en collections d'anecdotes, de rumeurs et de légendes urbaines.

C'est la force d'attraction de la lutte et cette semaine, alors que le Canadien délaissera le Centre Bell après la visite du Kraken, ce sera au tour de la All Elite Wrestling (AEW) de venir offrir un nouveau chapitre à cette histoire d'amour entre les Montréalais et le divertissement sportif.

Cette visite n'est pas banale dans la mesure où depuis l'ascension de la WWF au milieu des années 80, aucune fédération d'envergure ne s'est invitée au Centre Bell ou au Forum avant ça. Pas même la World Championship Wrestling (WCW) de Ted Turner alors qu'elle offrait une compétition sérieuse au milieu des années 90.

Sans parler d'un territoire consacré à une seule compagnie, puisque plusieurs fédérations indépendantes présentent de l'excellente lutte chaque semaine, disons que la métropole est habituée de vibrer au diapason du produit offert par la WWE et que la montée de Kevin Owens et Sami Zayn lors des dernières années a certainement cimenté cette relation d'amour entre le public québécois et le divertissement sportif.

All Elite qui ?

Fondée en 2019 en réaction à la réponse très encourageante des amateurs de lutte pour une alternative d'envergure à la WWE, sans réelle compétition depuis le rachat de la WCW en 2001, la AEW est organiquement devenue une compagnie très sérieuse grâce au support financier considérable de Tony Khan et elle s'est distancée de ses racines indépendantes en s'invitant dans les plus grands amphithéâtres disponibles sur le marché.

Pour vous épargner la longue histoire, disons que la AEW, qui soufflera cinq bougies après le Nouvel An, commence à prendre le moyen de ses ambitions après son éclatante visite au Wembley Stadium de Londres devant 80 000 spectateurs l'été dernier. La AEW compte maintenant deux émissions hebdomadaires en direct à la télé (Dynamite et Collision, qui seront enregistrées à Montréal cette semaine), une dizaine d'événements à la carte (PPV) sur son calendrier, un retour prévu à Wembley en août et des associations avec plusieurs fédérations à travers le monde.

Même sans l'envergure financière de la WWE, plus imposante que jamais depuis sa fusion avec l'UFC afin de former une seule et même entité (TKO) à la bourse, la AEW a rapidement tiré son épingle du jeu et la petite initiative coopérative est devenue un joueur sérieux et une alternative offrant des centaines d'emplois à des lutteurs et des artisans loin de l'empire de Stamford.

En visitant Montréal, la AEW élargit son emprise au Canada alors que des visites à Toronto et ailleurs dans l'Ouest ont déjà fait beaucoup de vague.

Une corrélation normale puisque plusieurs grandes vedettes de l'organisation proviennent du Canada. Adam Copeland, qui a récemment rejoint la AEW, sera d'ailleurs en vedette mercredi contre son allié de longue date, Christian Cage, maintenant opposé à son éternel partenaire des dernières décennies. D'autres grosses pointures comme Kenny Omega (en action mardi soir) et Chris Jericho sont originaires des prairies canadiennes.

C'est un autre lutteur du Canada avec de grandes ambitions, Ethan Page, qui a secoué les puces d'Omega avec un défi lancé la semaine dernière pour une collision toute canadienne en sol québécois.

« Comme on vient rarement au Canada, me confiait Page lors d'un entretien téléphonique quelques heures après son arrivée à Montréal au milieu de la première tempête de neige de l'hiver, je veux démontrer que je peux me comparer au meilleur qui soit en affrontant Kenny Omega. »

Ethan Page, comme plusieurs de ses collègues à la AEW, n'en est pas à sa première visite à Montréal, lui qui a fait ses classes sur la scène indépendante avant d'aboutir en direct à la télévision américaine.

Il a souvent foulé le ring de la très populaire C4 dans la région d'Ottawa, mais Page s'est aussi aventuré dans les salles plus modestes empruntées par la IWS à Montréal, par exemple.

Cette route vers les grandes ligues, c'est monnaie courante pour les lutteurs, mais ça a une saveur spéciale pour l'Ontarien d'origine qui souhaite toujours donner un effort supplémentaire pour les partisans canadiens.

« Il y a une passion pour la lutte au Canada qu'on veut vraiment combler, ajoute-t-il après m'avoir détaillé son itinéraire très chargé des derniers jours avant de franchir les douanes. Les grosses compagnies ne traversent pas souvent la frontière au nord, alors, c'est toujours très spécial pour nous et on veut en donner plus. »

À ce sujet, la AEW compte aussi plusieurs Québécois au sein de ses effectifs et même s'ils n'ont pas la popularité de leurs homologues Owens et Zayn à la WWE, ils auront tout de même le mandat de raviver la flamme nationale entre les câbles cette semaine.

Le Québec à la AEW, ça débute avec Evil Uno, de Gatineau, qui a rejoint l'aventure très tôt avec le groupe Dark Order. Accompagné par Stu Grayson, un autre lutteur d'ici, Uno a bénéficié d'une amitié forgée avec les Young Bucks sur la scène indépendante pour être sur le haut de la liste des équipes réclamées lors de la genèse de l'organisation.

On pourra aussi voir le coloré Matt « Daddy Magic » Menard et son acolyte Angelo « Cool Hand Ang » Parker. Associés au très populaire Chris Jericho jusqu'à tout récemment, l'équipe québécoise vole de ses propres ailes désormais et il faut souligner à quel point Menard tire son épingle du jeu dès qu'une caméra est braquée sur lui, que ce soit dans le ring ou à l'extérieur.

C'est encore plus impressionnant quand on relativise le tout et qu'on se rappelle qu'il y a quelques années à peine, Menard aveuglait ses rivaux avec de la poudre pour bébé au 2e étage des Foufounes électriques au centre-ville de Montréal alors que Parker s'imposait au sein de plusieurs fédérations indépendantes de la belle province, tout comme Menard d'ailleurs.

Cartes annoncées pour les deux soirs à Montréal

Même si plusieurs surprises sont à prévoir, notamment au niveau de l'utilisation de lutteurs locaux lors des deux soirs au Centre Bell, la AEW a tout de même fait l'annonce de plusieurs combats avant sa première visite au Québec.

Mardi, pour l'enregistrement de Collision (diffusé samedi soir sur TSN), la AEW a confirmé les combats suivants.

  • Claudio Castagnoli c. Eddie Kingston (Tournoi Continental Classic)
  • Bryan Danielson c. Andrade El Idolo (Tournoi Continental Classic)
  • Ethan Page c. Kenny Omega

Pour mercredi, lors de l'enregistrement en direct de Dynamite de 20h à 22h, les matchs suivants sont confirmés.

  • Christian Cage c. Adam Copeland pour le Championnat TNT
  • Jon Moxley c. RUSH (Tournoi Continental Classic)
  • Jay White c. Jay Lethal (Tournoi Continental Classic)
  • Serve Strickland c. Mark Briscoe (Tournoi Continental Classic)
  • Toni Storm c. Skye Blue pour le Championnat féminin
  • MJF et Samoa Joe c. deux adversaires mystères

Il y a aura aussi l'enregistrement de l'émission Rampage, diffusée vendredi sur les ondes de TSN, ainsi que des combats pour la Ring of Honor (ROH) qui seront diffusés sur le web lors des prochaines semaines.