Olivier Renard en appelle à la solidarité de ses joueurs
MONTRÉAL – Olivier Renard s'est déjà retrouvé dans des situations où ça brassait pour vrai. « Je peux vous dire qu'à Naples, il y avait parfois des moments de tension énormes, évoque l'ancien gardien de but devenu chef de la direction sportive du CF Montréal. On est très, très loin de cela ici. Ce n'est pas du tout cela. »
Trois défaites pour commencer une saison, ce n'est pas suffisant pour installer une cellule de crise dans le quadrilatère du Parc olympique. Pas avec un nouvel entraîneur en poste, pas avec autant de blessés, pas avant même d'avoir joué une seule fois à domicile. En entrevue, Renard réitère chaque fois qu'il en a l'occasion sa sérénité malgré le bilan peu réjouissant que son équipe ramène de sa récente séquence de matchs à l'étranger.
« Le club est en évolution sportive et même au niveau des ventes de joueurs. Ce n'est pas maintenant, après trois défaites, qu'on va tout changer », lancera-t-il sur un ton convaincu au tournant d'une discussion d'une vingtaine de minutes avec RDS jeudi.
Serein, donc, mais ni sourd ni aveugle. Des traces de mécontentement sont passées entre les craques des murs du vestiaire dans les dernières semaines. De façon peu subtile, des vétérans ont émis des doutes quant à la solidité de l'effectif et à la capacité de l'équipe à gagner sans l'arrivée de renforts.
Renard a vu dans ces sorties une verrue qu'il importait de brûler avant qu'elle ne devienne trop gênante.
« Je peux vous dire qu'en interne, on en a discuté avec eux et ils sont très conscients de la façon dont ils ont un peu mal géré les médias à ce niveau-là. Parce qu'au fait, il y a une très bonne ambiance dans le vestiaire et ils comprennent le projet du club aussi. Sans dire que ce n'était pas intelligent de leur part, ils se sont rendu compte que dans ce moment-là, vis-à-vis même des jeunes, inconsciemment tu attaques ton propre coéquipier qui est à côté de toi. »
Renard a noté que Joel Waterman a appris à la dure à son arrivée en MLS et que ses coéquipiers « l'ont laissé s'améliorer sans lui lancer des flèches via la presse ». La même chose peut s'appliquer à Rudy Camacho, un leader qui a aussi vécu des périodes noires. Renard les a invités à une réflexion quant aux effets que quelques mots mal choisis peuvent avoir sur l'esprit de corps au sein d'un groupe.
« C'est pour ça qu'il faut de la solidarité dans le vestiaire. Si jamais tu perds ça, c'est pire que de perdre de la qualité », insiste le grand patron des opérations soccer du CFM.
« On peut s'attendre à des acquisitions »
Quand Camacho dit qu'« on fait avec ce qu'on a » ou que Waterman mentionne que l'ajout d'un ou deux joueurs d'expérience ne ferait pas de tort, on peut y voir un désaveu envers les jeunes qui occupent des rôles plus importants au sein du onze montréalais. On peut aussi l'interpréter comme une pointe à l'endroit de la direction, qui a laissé partir plusieurs joueurs phares sans les remplacer.
Djordje Mihailovic, Ismaël Koné et Joaquin Torres ont été vendus à bons prix, mais leur départ a laissé des trous qui n'ont pas été comblés au milieu de terrain. Kei Kamara a quant à lui quitté la ville en paria. Son flair pour trouver le fond des filets adverses manque cruellement à son ancienne équipe.
Mais si ces déclarations étaient effectivement des insinuations au sujet de son travail, Renard ne s'est pas senti visé. Il rappelle que la philosophie qui motive ses décisions a toujours été clairement exprimée aux joueurs et en remet en affirmant que les jeunes ne sont pas à blâmer pour les récents résultats.
« Dans les matchs auxquels nous avons participé, les joueurs qui ont été cités comme des réussites, c'était Sirois, c'était Rea. Ça veut dire que les jeunes, ils ont apporté leur pierre à l'édifice. C'est plus les anciens qui ne sont pas encore au niveau de la saison dernière. C'est pour ça que j'ai appuyé sur le bouton en disant "Oh! Il ne faut pas agiter le drapeau de la jeunesse". Faut d'abord que les anciens autour d'eux soient irréprochables et peut-être que dans ce cas-là, ils pourront commencer à hausser la voix. Mais même là, il faut du soutien entre les joueurs et c'est là où j'ai voulu remettre les pendules à l'heure. »
Il n'est pas impossible que les renforts demandés arrivent avant la fermeture de la période permise pour attirer des joueurs en MLS, le 24 avril. Mais Renard ne se laissera pas influencer par la mauvaise passe de son équipe pour poser un geste impulsif. Si la bonne affaire ne se présente pas dans les prochaines semaines, il repoussera sans culpabilité ses emplettes au mercato estival.
« Mes recrutements ne sont pas basés sur le fait que maintenant, on a peut-être une position en difficulté. Je ne vais pas aller chercher un joueur pour ça. Tant pis si nous avons des blessés. Si je commence à aller chercher des joueurs en urgence, ce n'est pas du long terme. Moi je dois recruter sur le long terme. Maintenant, évidemment que oui, on peut s'attendre à des acquisitions. Que ça soit dans les prochains jours, les prochaines semaines ou dans le prochain mercato, on a encore quelques places libres et on va regarder ce qu'on peut faire. »
Le départ d'un ou deux autres joueurs en prêts n'est pas exclu, « mais ce n'est pas non plus une certitude. »