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Blessés au CFM : malchance ou mauvaise gestion?

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MONTRÉAL – Est-ce qu'une image peut mieux résumer le début de saison du CF Montréal que celle de Samuel Piette, accroupi et dépité, frappant de la paume la surface de jeu du BC Place?

La scène tirée de la dure défaite de 5-0 au BC Place évoquait à différents niveaux les maux qui affligent le onze montréalais depuis le lancement de son calendrier. Symboliquement, elle représentait une goutte additionnelle dans un vase qui est au bord du débordement pour un club auquel semble coller la malchance et la controverse. De façon plus concrète, elle signifiait une nouvelle inscription à une liste des blessés déjà exhaustive.

Dans un geste banal, sans le moindre contact avec un adversaire, Piette a aggravé une blessure aux adducteurs qui l'avait déjà tenu à l'écart pour deux matchs. En point de presse jeudi, l'entraîneur-chef Hernan Losada a estimé qu'il devra s'absenter pour une période d'environ six à huit semaines.

Son nom rejoint ceux de George Campbell, Matko Miljevic, James Pantemis, Jojea Kwizera, Jules-Anthony Vilsaint et Lassi Lappalainen dans le groupe des éclopés du CFM. Il est aussi de notoriété publique qu'Aaron Herrera et Kamal Miller jouent en dépit d'un inconfort au bas du corps.

Plusieurs de ces joueurs sont incommodés par une blessure musculaire. Joel Waterman et Romell Quioto, qui jouent aujourd'hui sans limitation apparente, ont aussi fait partie de ce groupe à un moment ou un autre depuis le début de la campagne.

« Toutes les équipes ont beaucoup de blessés », a laconiquement fait remarquer Losada au début de sa mise à jour hebdomadaire.

Il est vrai qu'ailleurs en MLS, d'autres clubs doivent gérer une atteinte à leur profondeur. Les Whitecaps, plus récents tombeurs du CFM, sont par exemple privés du joueur désigné Sergio Cordova et de l'international autrichien Alessandro Schöpf en raison de blessures à une cuisse. Le Revolution de la Nouvelle-Angleterre, prochain adversaire à l'horaire, a notamment perdu son joueur étoile Carles Gil pour quelques parties. Huit joueurs des Timbers de Portland étaient inscrits sur la plus récente liste des blessés produite par le site de la MLS.

La guigne n'est donc pas unique au CF Montréal, mais elle est assez problématique pour avoir suscité une réaction des patrons. Avant le match à domicile contre l'Union de Philadelphie il y a quelques semaines, le vice-président et chef de la direction sportive, Olivier Renard, avait reconnu que la situation nécessitait une introspection à l'interne.  

« Le staff a aussi des responsabilités là-dessus, d'avoir le moins de blessés possible à disposition », avait souligné le dirigeant, ajoutant que la semaine de congé qui approchait allait donner à tout le monde l'occasion de se pencher sur le problème et d'apporter les ajustements jugés nécessaires.

« Les meetings sont toujours positifs, ce sont des meetings pour trouver des solutions pour certaines choses. Mais on n'a pas plus de blessés que les autres équipes », s'est contenté de dire Losada lorsque questionné sur le brassage d'idées promis par Renard.

Dans une quête d'explications, les regards ont déjà commencé à se tourner vers le préparateur physique de l'équipe. Engagé en remplacement de Jules Gueguen, qui a suivi Wilfried Nancy à Columbus durant la saison morte, Barthélémy Delecroix n'est pas arrivé à Montréal avec une réputation sans tache. En février 2022, il avait été licencié par le Stade de Reims, un club de première division française, alors que celui-ci était accablé par une accumulation de blessures.

« C'est un sujet au Stade de Reims, mais c'est un sujet aussi dans les autres clubs de Ligue 1 », avait déclaré le directeur général du club, Mathieu Lacour, une dizaine de jours avant le congédiement de Delecroix.

Dans une récente entrevue à l'émission radiophonique FC 919 pilotée par le confrère Olivier Brett, Renard avait défendu Delecroix en expliquant qu'une adaptation aux particularités de la MLS faisait partie d'un processus normal pour quelqu'un de sa profession.

« Le staff est nouveau, le préparateur physique est nouveau et il y a plusieurs joueurs qui doivent apprendre de nouvelles manières de travailler, avait justifié Renard. C'est un peu le revers de la médaille de changer de staff. On doit tous apprendre à se connaître. »

Le CF Montréal a répondu par la négative à une demande faite cette semaine par RDS pour s'entretenir avec Delecroix. Le détenteur d'un doctorat en Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives a toutefois lui aussi plaidé sa cause au micro d'Olivier Brett dans les derniers jours.

« On a eu beaucoup de blessures, mais quand on regarde les équipes contre lesquelles on joue, on voit qu'elles sont aussi souvent handicapées par des absences de joueurs importants liées à des blessures musculaires. C'est un championnat qui est exigeant à ce niveau-là. On s'entraîne, nous, sur un synthétique, on joue sur de l'herbe, les voyages sont longs. Nos trois premiers déplacements, on n'est jamais rentrés avant cinq heures du matin à Montréal, donc la récupération n'est pas la même et la gestion de la charge de travail dans la semaine qui suit n'est pas la même. On ne peut pas pousser les joueurs comme on le voudrait et forcément, ça met les organismes dans une situation de stress et donc on est plus à risque de blessures. »

« On a analysé tout ça, tous ensemble, on a fait plusieurs points pour essayer de rectifier le tir et on va voir. C'est un long processus. »