Avenir de Wilfried Nancy : des réponses, mais peu de clarté
MONTRÉAL – Les questions entourant l'avenir de Wilfried Nancy au CF Montréal sont pour la plupart demeurées sans réponses mardi lors du bilan de fin de saison auquel se sont prêté l'entraîneur-chef et son patron, le vice-président et chef de la direction sportive du club Olivier Renard.
Nancy a d'entrée de jeu indiqué qu'il n'entendait pas discuter de sa situation personnelle, préférant profiter du temps qui lui était accordé pour revenir sur les accomplissements de son équipe sur le terrain. Il s'est dit toujours « intéressé par le projet de Montréal », mais a mystérieusement ajouté que « le projet, c'est ma façon de vivre, donc il ne changera jamais ».
Pour l'instant, Nancy est sous contrat avec le club pour la saison 2023. Renard a confirmé les informations révélées plus tôt dans la journée par le journaliste Tom Bogert selon lesquelles le club avait exercé l'option prévue à l'entente de l'entraîneur.
Bogert prétend également que le nom de Nancy est sur la liste des candidats ciblés par le Crew de Columbus dans sa recherche d'un nouvel entraîneur. Les dirigeants du Crew devraient obtenir la permission de leurs homologues du CF Montréal avant de faire une approche concrète vers celui qui a terminé deuxième au scrutin visant à élire l'entraîneur de l'année en MLS.
Renard a précisé que c'est à la demande de Nancy lui-même que le club n'avait pas cherché à négocier une entente à long terme en cours de saison.
« Jusqu'à présent, je n'ai pas encore menacé un joueur avec une arme pour signer un contrat, ni un staff. On a accepté les règles du jeu », s'est défendu Renard.
« Comme club, on a bien évidemment envie de continuer pour plusieurs années avec Wilfried. »
Pourquoi Nancy n'aurait-il pas voulu assurer son avenir à long terme au milieu d'une saison historiquement réussie? C'est ici que les explications deviennent plus nébuleuses.
Une théorie persistante circule selon laquelle Nancy se serait embrouillé avec Joey Saputo. En juillet dernier, après une défaite gênante contre Sporting KC au Stade Saputo, le confrère de La Presse Jean-François Téotonio avait surpris une conversation animée entre le propriétaire et son président Gabriel Gervais. Le travail de Nancy semblait être la source de l'ire du bouillant proprio.
La réaction de Nancy, à l'époque, avait été brève. « Chaque leader gère sa compagnie comme il le souhaite, je n'ai aucun problème avec ça. Par contre, j'ai des valeurs sur lesquelles je ne dérogerai jamais », avait-il envoyé. Mardi, il a carrément refusé d'aborder le sujet.
Renard, quant à lui, s'est gardé de spéculer sur les motifs qui ont pu inciter Nancy à fermer les canaux de communication en cours de saison.
« Nous, comme je l'ai dit, ce n'est pas depuis hier qu'on veut parler avec Wil. Ça fait plusieurs semaines, plusieurs mois. S'il ne veut pas ouvrir la discussion, qu'est-ce que tu veux que je réponde à ta question? », a-t-il lâché, agacé.
« Sans la confiance... »
Nancy a peut-être indirectement jeté un peu de lumière sur les raisons derrière ses actions lorsqu'on lui a demandé de définir la culture qu'on lui donne le mérite d'avoir instaurée depuis son arrivée à la succession de Thierry Henry il y a deux ans.
« La confiance, a-t-il synthétisé. Parce que sans la confiance, on ne peut pas avancer. »
Nancy a développé sa pensée en dissertant sur le lien solide qui doit se créer entre un groupe de joueurs et un personnel d'entraîneurs afin de pouvoir établir des bases de jeu aussi solides que celles sur lesquelles s'est appuyé le CF Montréal cette saison. On peut toutefois attribuer différemment les rôles et imaginer que Nancy, hypothétiquement, parle ainsi des valeurs qui le font se tenir debout devant une figure d'autorité.
Voyez : « Je ne suis pas en train de dire que ma façon de jouer, elle sort de j'sais pas quelle planète. C'est une façon de jouer qui est tout à fait normale, que des entraîneurs ont mis en place. C'est juste que moi, j'ai des convictions qui sont fortes. J'ai appris que dans ce métier, quand on demande aux joueurs de faire quelque chose qui demande beaucoup de courage, de temps en temps dans la vie de tous les jours on n'a pas envie de le faire parce qu'on se dit que si ça ne marche pas, qu'est-ce qui se passe? Eux, si ça ne marche pas. ils n'ont pas de contrat, ils ne jouent pas, les médias vont les torpiller. Du coup, ce qu'on veut mettre en place et ce qu'on a mis en place, c'est cette confiance-là. Pour moi, c'est quelque chose qui est primordial. »
« Confiance, donc. Confiance et prendre le temps aussi de mettre quelque chose en place. »
Le temps. Jusqu'ici, le CF Montréal a donné deux ans à Nancy pour faire ses preuves. Les résultats ont été probants. Difficile d'imaginer qu'on ne fera pas les compromis nécessaires pour couler cette union dans le béton.
Message aux partisans
Nancy a longtemps travaillé dans l'ombre avant de se voir confier le poste le plus en vue chez le CF Montréal. Il a d'abord œuvré à l'Académie de l'Impact, puis a été l'adjoint de quatre entraîneurs avant d'obtenir sa chance.
Mardi, il a blagué en disant que « c'est la première fois de ma vie que je dois me coiffer pour sortir ». Impossible de savoir s'il s'agissait d'adieux ou d'un simple au revoir, mais il a enchaîné avec des paroles empreintes de gratitude à l'intention des partisans du club.
« J'ai pas de mots quoi... Que j'aille à l'épicerie, que je fasse du gaz ou que je récupère les enfants, ils ont toujours été extraordinaires pour moi. Je sais aussi que tout va très vite dans le football, donc j'apprécie ces moments-là. Après, j'ai pas besoin de rassurer les fans. Ils savent que je les aime, ils savent que je suis d'ici. Ma femme est de Montréal, mes enfants sont Montréalais, moi je suis Montréalais. Je suis reconnaissant de l'attitude qu'ils ont envers moi, de cette sympathie qu'ils ont envers moi. Et je leur dis merci, tout simplement. »