Passer au contenu principal

Départ d'Olivier Renard : Gervais cite des « divergences stratégiques »

Publié
Mise à jour

MONTRÉAL – Un joueur étoile qui se voit ailleurs, un directeur sportif qui quitte le navire en pleine saison et le bras droit de l'architecte qui songerait à le suivre. Même selon les standards historiquement établis par le club, les dernières semaines ont été mouvementées chez le CF Montréal.

Son président Gabriel Gervais a tenté d'éteindre les feux, vendredi matin, se présentant devant la presse pour faire le point sur le divorce entre l'organisation et Olivier Renard, l'ancien chef de ses opérations sportives.

Pour justifier le départ du dirigeant belge, confirmé la veille après des jours de rumeurs persistantes, Gervais a cité des « divergences stratégiques » et « un manque de consensus sur certaines décisions ». Il a précisé que le fossé idéologique entre Renard et ses patrons s'était creusé dans les derniers mois.

« Ça fait un petit bout que ça dure », a-t-il révélé, spécifiant que la séparation s'était faite d'un commun accord et de façon respectueuse.

Dans une déclaration écrite qu'il a lue avant de répondre aux questions des journalistes, Gervais a reconnu que Renard « occupait un rôle central au sein du club », mais que « son départ ne compromet d'aucune façon notre philosophie sportive, nos plans et nos ambitions. »  

« Je suis d'accord avec vous, ce n'est pas le temps idéal, a-t-il reconnu plus tard. Mais c'est comme ça que le dossier a suivi son cours. »

Plusieurs observateurs ont établi un lien entre le départ de Renard et les informations qui ont coulé dans les jours précédents à l'effet que le milieu de terrain Mathieu Choinière, apparemment insatisfait de sa situation contractuelle, aurait exigé une transaction. Selon les chiffres divulgués par Radio-Canada, Choinière viserait un salaire annuel de 600 000$ tandis que l'offre du club avoisinerait les 350 000$.

« Je ne ferai aucun commentaire sur les dossiers confidentiels ou les rumeurs, a répondu Gervais sur la question. Mathieu Choinière est un joueur important pour nous. Le coach peut compter sur lui. Je vous rappelle aussi qu'il est encore sous contrat pour 19, 20 mois. Et nous, on ne négocie pas publiquement. C'est tout ce que je vais dire par rapport à Mathieu. »

Gervais a aussi fait la lumière sur le fonctionnement interne du CF Montréal, confirmant que Renard devait soumettre ses décisions à l'approbation des hautes instances du club. C'est ainsi qu'il a abordé ce que le collègue Olivier Brett lui a présenté comme étant « l'éléphant dans la pièce ». Sur la place publique, on chuchote que Renard en aurait eu assez de l'ingérence de Joey Saputo dans ses dossiers.

« Il y avait une discussion à avoir avec moi et avec le conseil d'administration, a expliqué le président. J'ai été très ouvert avec vous, on se rencontre fréquemment et les décisions stratégiques du club sont partagées. [...] Je ne le vois pas comme quelque chose de négatif. Moi, je me sens bien dans mes décisions quand je suis appuyé par des gens avec des expériences différentes pour apporter le bon angle. C'est comme ça qu'on opère et c'est comme ça qu'on m'a présenté ma présidence quand je suis rentré. Je me rapporte au conseil d'administration, qui sont les propriétaires du club, et je travaille avec mon équipe exécutive pour mettre en place les objectifs et la stratégie. »

Gervais, qui assurera la relève de Renard sur une base intérimaire, a exprimé qu'il n'avait pas d'intérêt à prendre le contrôle du secteur sportif sur une base permanente. Il profitera de ce remaniement forcé pour revoir la structure du département.

« Je vais prendre mon temps. Je ne dis pas que je vais prendre des années non plus, mais je vais prendre un recul pour prendre la meilleure décision pour mieux avancer. Je n'ai pas de candidat en tête pour l'instant. Je suis plus en réflexion sur les rôles et les responsabilités que je souhaite mettre en place dans l'organisation sportive, un peu comme je l'ai fait du côté des affaires. »  

Gervais a précisé que son directeur sportif adjoint, Vassili Cremanzidis, faisait encore partie de l'organisation « aux dernières nouvelles ». Jeudi, le journaliste Jeremy Filosa rapportait sur la plateforme X que Cremanzidis avait lui aussi vidé son bureau.

« Mon patron, c'est Laurent Courtois »

L'entraîneur Laurent Courtois, qui a été embauché par Renard il y a à peine quelques mois, a dit avoir appris la nouvelle de son départ « avec beaucoup de déception ».

« On pensait être un bon fit pour faire avancer le club. Bien sûr que ce n'est pas évident », s'est-il désolé.  

Visiblement mal à l'aise, ou peut-être irrité d'avoir à répondre depuis une semaine à plusieurs questions qui débordent de sa définition de tâche, Courtois a répété qu'il n'était intéressé que par ce qui se passait entre les lignes blanches.

« Mon refuge, c'est les joueurs et le terrain », a-t-il illustré. Ainsi, il s'est montré plus loquace lorsque la discussion a dévié vers la visite attendue de l'Inter Miami samedi au Stade Saputo.

Samuel Piette a lui aussi cherché à minimiser les répercussions de ce changement de garde dans les bureaux du club.

« En toute honnêteté, le départ d'Olivier ne nous concerne pas nécessairement parce qu'au jour le jour, notre patron, c'est Laurent Courtois, a prêché le capitaine. C'est lui qui décide comment on va jouer, comment on va être utilisés sur le terrain, quelle formation on va jouer. »

« C'est vrai que notre identité de jeu est très bien définie et qu'Olivier a fait un gros travail là-dessus. Mais ça ne nous affecte pas tant parce que nous, on est ici pour performer aux matchs. Ce n'est pas Olivier qui allait jouer pour nous demain. »

Piette a admis avoir été surpris par cette nouvelle bombe qui a explosé dans l'environnement de l'équipe. Il prétend que les premières rumeurs sont arrivées aux oreilles des joueurs mardi midi, après le match en Championnat canadien à Hamilton. Il a ainsi voulu invalider la théorie selon laquelle la performance de l'équipe samedi dernier à Nashville avait été affectée par ces bouleversements.  

Le joueur qui a foulé le plus souvent le terrain dans l'histoire du club en MLS a aussi tenté d'atténuer la panique qui sévit chez des partisans écoeurés par le départ d'une autre personnalité compétente à laquelle ils s'étaient attachés.

« Au final, ça fait partie du sport. Je sais qu'à Montréal, il y a eu quelques changements, évidemment. Mais ça ne se fait pas juste à Montréal. Ici ça peut paraître comme quoi ça arrive souvent, mais je prends d'autres clubs, comme Marseille par exemple, c'est un peu la même chose. Il y a des trucs un peu épeurants qui se passent dans des clubs ailleurs. Je ne pense pas que ça va effrayer des joueurs ou du staff de venir à Montréal. »