Les ailes de Mathieu Choinière
MONTRÉAL – Les mots prononcés par Hernan Losada tard samedi soir dans les coulisses du Stade olympique ne sont pas tombés dans l'oreille d'un sourd. En fait, peut-être, mais ils sont aussi arrivés à celles de Mathieu Choinière.
Le nom du milieu de terrain québécois était sur toutes les lèvres après la victoire du CF Montréal aux dépens de l'Union de Philadelphie, mais aucune fleur n'aurait pu avoir meilleur parfum que celles que lui a lancées Losada. Quelques minutes après avoir vu son jeune protégé se faire passeur décisif sur le but vainqueur de Romell Quioto, le tacticien argentin, habituellement plutôt avare de compliments, l'avait qualifié de « phénoménal ».
« J'ai vraiment énormément de respect pour lui parce que peu importe où il joue, il fait le boulot, s'était émerveillé Losada. Il est incroyable. [...] Je l'adore vraiment. »
Choinière, qui n'est pas reconnu pour se péter les bretelles, a apprécié la tape dans le dos.
« C'est sûr que venant du coach, ça me donne un peu des ailes, a reconnu l'orgueil de Saint-Alexandre après l'entraînement de mercredi. Je vois qu'il a confiance en moi et c'est sûr que ça m'en donne en retour. Donc c'est le fun, mais faut pas que j'arrête là. Faut que je performe, faut que je continue d'apporter ce que j'ai apporté au dernier match. »
Quantitativement, ça serait beaucoup lui en demander. Contre Philadelphie, Choinière a été directement impliqué dans tous les buts de son équipe. Avant de servir un centre parfait à Quioto à la 98e minute, il avait envoyé une tête sur la barre transversale qui avait mis la table pour le but égalisateur de Chinonso Offor.
C'est toutefois sa contribution la moins « sexy » des trois, celle ayant mené au but sur penalty de Quioto dès la troisième minute, qu'il retenait comme la plus satisfaisante.
« Parce qu'on n'avait pas marqué encore cette année et ça a fait du bien, je pense que ça a libéré toute l'équipe, a-t-il expliqué sans hésiter. On a montré qu'on pouvait marquer des buts. On ne l'avait pas fait encore, mais on avait nos chances. Là, c'est allé au fond du filet. »
Dans un début de saison où des vétérans ont été critiqués pour leur lenteur à se mettre en marche et où quelques recrues apprennent le métier à coup d'essais et d'erreurs, Choinière s'est positionné comme l'une des rares valeurs sûres chez le CF Montréal. Des joueurs autour de lui tombent au combat, d'autres ne livrent pas la marchandise et au milieu de toutes les rotations qui en découlent, il hoche la tête et fait son boulot avec la constance du métronome.
Pourrait-il un jour se détacher de cette réputation de « couteau suisse » qui lui colle à la peau – il en a lui-même fait allusion mercredi – et devenir un joueur sur qui l'équipe pourra compter pour orchestrer des actions décisives semaine après semaine?
L'échantillon est modeste, mais déjà, on voit que son implication dans la phase offensive est plus importante que lors des deux dernières saisons. Après quatre matchs, Choinière est le joueur du CF Montréal qui a touché au plus grand nombre de ballons dans le tiers offensif. Il a été crédité de 12 actions ayant mené à un tir au but, un sommet au sein de l'équipe, et en a lui-même décoché huit en 312 minutes de jeu. En guise de comparaison, il avait terminé la saison dernière avec 15 tirs vers les filets adverses en près de 1400 minutes.
C'est une chose d'avoir des ailes. Choinière semble savoir utiliser les siennes à bon escient.
« C'est un feeling, a-t-il tenté d'expliquer quand on l'a questionné sur la place grandissante qu'il prenait, à 24 ans, au CFM. Je pense que tu le ressens dans un match, tu sens que tu peux apporter de quoi, tu te sens bien. L'énergie, tu essaies de la donner aux autres joueurs, tu essaies de tirer le groupe vers le haut. C'est plus sur des questions de moments. C'est sûr que ça serait le fun de l'avoir tout le temps, d'apporter cette énergie-là tout le temps et de donner l'exemple avec l'énergie à chaque match, mais c'est des moments. »
« Je vais essayer de le ressentir de plus en plus! »