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Mason Toye veut se dissocier des chiffres pour rebâtir sa confiance

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MONTRÉAL – Les tensions entre Kei Kamara et la direction du CF Montréal soulèvent plusieurs questions. L'une d'elles : si les choses s'envenimaient au point où le vétéran devait partir, comment l'équipe récupérerait-elle une production offensive équivalente aux 16 buts auxquels il a contribué la saison dernière?

 

Mason Toye pourrait détenir la clé de l'énigme.

 

Tantôt prolifique, tantôt maladroit et souvent malchanceux, Toye a été un joueur polarisant depuis son arrivée à Montréal. À son meilleur, il s'est avéré être un dangereux buteur. Il a marqué sept buts en à peine 900 minutes de jeu avant que sa saison ne soit abrégée par une blessure à une épaule en 2021. L'été dernier, après avoir combattu de nouveaux problèmes de santé, il a enfilé une paire à sa première titularisation. C'est sur cet assassin des surfaces que le nouvel entraîneur Hernan Losada voudra pouvoir compter.

 

Mais cette belle confiance qui semblait avoir résisté à une très longue absence s'est peu à peu évaporée. Toye s'est mis à cafouiller, à s'énerver, à se chercher. Des buts, il n'en a plus marqué du reste de l'année, même lorsque ceux-ci se présentaient sur un plateau d'argent.

 

À quelle version de Mason Toye aurons-nous droit en 2023? Ironiquement, c'est en évitant de penser à la première que l'Américain de 24 ans sent qu'il maximisera ses chances de s'éloigner de la deuxième.

 

« L'une des choses que j'ai apprises l'année dernière, qui a été une année difficile pour moi en termes de production offensive, c'est d'arrêter de me baser uniquement là-dessus pour bâtir ma confiance. Je crois que ça peut devenir très toxique d'associer son estime de soi à la quantité de buts qu'on marque. Tout le monde dans une équipe va connaître des moments plus difficiles. Pour certains, ça va durer plus longtemps que d'autres. Mais ça devient trop lourd mentalement si on se base seulement [sur les buts] pour remonter la pente. »

 

Toye a donc commencé à faire un effort constant pour se détacher des attentes chiffrées qui reposent sur ses épaules et se concentrer davantage sur les petites choses qu'il peut effectuer au quotidien afin d'amorcer la campagne dans de bonnes dispositions. Beaucoup de tout ça se joue entre les deux oreilles. Et physiquement, si la chance veut bien lui sourire, le plus importante sera de faire tout en son pouvoir afin de demeurer en santé et à la disposition de l'entraîneur.

 

« Dans la vie, il y a toujours des petits détails sur lesquels on peut s'acharner et se remettre en question en se demandant si on aurait dû agir différent. Et puis parfois, je crois qu'on joue simplement de malchance, affirme Toye en repensant à ses deux saisons trouées. J'ai retenu des leçons de tout ce qui m'est arrivé, des leçons que je garderai avec moi pour le reste de ma carrière, le reste de ma vie. J'en ai bavé ces dernières années et je sens que je suis ressorti grandi. »

 

Compétition interne

 

Et si Kamara devait rester, Toye ne s'en porterait pas plus mal. En fait, il pourrait être le premier à en bénéficier.

 

Sur le terrain, les deux ont été capables de belles choses ensemble. C'est d'ailleurs Kamara qui avait préparé les deux buts de Toye lors de son retour dans le XI partant à Seattle en juin dernier. Mais au-delà de ça, il existe un lien d'amitié entre les deux attaquants qui semble avoir quelque chose de réconfortant pour le cadet de la paire.  

 

« On s'est côtoyé pendant quelques semaines au Minnesota avant que je ne sois échangé et déjà à l'époque, il avait exprimé à quel point il était excité à l'idée qu'on joue ensemble. Le sort a voulu qu'on se retrouve ici et il a démontré le même enthousiasme. On a eu plusieurs bonnes conversations à propos de choses comme le positionnement et la volonté de vouloir faire la différence. Tout le monde sait à quel point il est un buteur légendaire. »

 

Il y a présentement congestion à la position d'attaquant dans l'effectif montréalais. Romell Quioto, le meilleur franc-tireur de l'équipe au cours des trois dernières saisons, apparaît toujours comme l'homme de la situation. Derrière, Sunusi Ibrahim tentera de se faire justice à sa troisième saison à Montréal. Il faut aussi considérer l'arrivée de deux nouveaux visages, soit Chinonso Offor et Jules-Anthony Vilsaint.

 

« Je crois que c'est sain, estime Toye. La compétition interne ne peut que pousser tout le monde à s'améliorer pour gagner du temps de jeu. Tout le monde voudra jouer, mais il y a un nombre limité de substitutions dans un match et l'entraîneur ne pourra plaire à tout le monde. Les entraînements n'en seront que plus relevés, le niveau de tout le monde va augmenter. Si on l'aborde de la bonne façon, ça ne peut être que positif. »