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« Personne ne veut être second » : tout est à refaire pour Zachary Brault-Guillard

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MONTRÉAL – S'il avait su, Zachary Brault-Guillard admet qu'il y aurait pensé deux fois avant de mettre sa signature au bas d'un contrat de deux ans avec le CF Montréal en avril de l'année dernière.

En 2022, Brault-Guillard a dû se contenter d'un rôle de second tandis qu'à sa position, Alistair Johnston explosait avec la meilleure saison de sa carrière. Même s'il s'est avéré un remplaçant de grande qualité, il n'a jamais pu renverser l'ordre des choses et a dû se contenter d'à peine 600 minutes de jeu.

Quand les performances de Johnston lui ont ouvert les portes de l'Europe, on a cru que la patience de Brault-Guillard serait récompensée. Mais le directeur sportif Olivier Renard a réagi en retournant chercher du renfort au poste de latéral droit. Pour un magot composé de 500 000$ d'argent d'allocation, une place de joueur étranger et un choix de première ronde au repêchage, il a obtenu l'Américain Aaron Herrera du Real Salt Lake.

Tout est donc à recommencer pour ZBG, qui à 24 ans entamera sa cinquième saison à Montréal.

« On ne peut jamais savoir le futur. Mais oui, ça aurait changé pas mal de choses dans ma décision, a dit Brault-Guillard lorsqu'invité à rejouer le scénario des derniers mois mardi. Après, ce sont des choses qui arrivent, ce n'est pas moi qui contrôle ça. C'est la direction, c'est Olivier Renard avec sa prise de décision. J'ai signé, j'ai signé, je dois faire avec. Maintenant, c'est à moi, entre guillemets, de me sortir les doigts des fesses pour prouver que je mérite ma place. »

Voilà, c'est dit. Plutôt que de broyer du noir devant ce qui pourrait être interprété comme un désaveu de la part de ses patrons, Brault-Guillard aborde le problème avec maturité et décide de faire contre mauvaise fortune bon cœur. C'est tout à son honneur.

Que penser de ses chances de s'imposer comme le titulaire qu'il a jadis été? Tout dépend de l'angle duquel on analyse la question.

Herrera est à peine plus vieux que Brault-Guillard, mais il est beaucoup plus expérimenté. Il a débuté 119 matchs en MLS et connu trois saisons de plus de 2000 minutes. Il a déjà obtenu onze passes décisives dans une campagne et on a beaucoup comparé ses attributs à ceux de Johnston. On ne fait généralement pas l'acquisition d'un tel profil pour le laisser sur le banc.  

« Le club a mis les moyens pour faire venir un joueur. C'est à eux de voir. Il faut aussi justifier cet achat, donc le faire jouer. C'est souvent comme ça que ça se passe », réalise, lucide, Brault-Guillard.

Mais ce qui joue en sa faveur, c'est la présence d'un nouvel entraîneur avec qui, en théorie, tout le monde part de la même case. Si Wilfried Nancy ne voyait en ZBG qu'un substitut de luxe, qui sait les idées que ses aptitudes pourraient faire germer dans la tête de Hernan Losada?

« Pour l'instant, il essaie de connaître au mieux ses joueurs. On parle, on discute, il connaît mes qualités. Il veut travailler sur mes qualités athlétiques et techniques. J'ai fait une marge de progression sur l'aspect offensif, mais il ne faut pas oublier que je suis défenseur en premier lieu et que je dois m'améliorer sur certaines tâches défensives. On peut toujours faire plus, faire mieux. À moi de bien travailler. »

« C'est que la présaison, s'encourage-t-il. Il y a beaucoup de choses qui vont arriver très vite. »

Prêt à s'adapter

Au terme de cette période d'évaluation, Losada ressentira peut-être le besoin d'être imaginatif afin d'avoir les deux compétiteurs simultanément sur le terrain.

Herrera a déjà joué comme axial droit dans une défense à trois et pourrait être intégré dans la charnière centrale si l'entraîneur y voyait la façon la plus efficace de jouer ses cartes. Quant à Brault-Guillard, il se dit ouvert à expérimenter ailleurs qu'à sa « position phare » de latéral droit.

« J'ai été formé en tant que milieu, mais aussi latéral droit. Si un jour [Losada] veut que je joue au milieu, pour aider l'équipe, je le ferai. J'ai aussi un bon pied gauche, si des fois je dois dépanner à gauche, je le ferai. J'ai aussi joué dans l'axe plus jeune à l'Olympique Lyonnais. Si je dois aider l'équipe, changer de position, je le ferai. Ce n'est pas rédhibitoire, au contraire. Il faut s'adapter. Maintenant la plupart des joueurs, en Europe ou en MLS, sont polyvalents. Mais pour l'instant, on n'a pas eu cette discussion. »

On sent toutefois que le sens du sacrifice de Brault-Guillard a ses limites et qu'ultimement, son avenir à Montréal pourrait se jouer dans cette lutte qu'il livrera au cours des prochains mois. Estimant que « personne ne voudrait continuer en tant que second », il affirme avoir fait part de ses préoccupations avec les dirigeants du club et qu'ils « savent la suite des événements si ça ne se passe pas en ma faveur. »

« Pour moi, ce n'est pas une question de départ ou quoique ce soit. C'est que je suis ambitieux, j'ai envie de jouer. Tout joueur veut avoir son temps de jeu. Si tu n'as pas de temps de jeu dans le club où tu es, si tu étais à ma place je pense que tu essaierais de trouver du temps de jeu ailleurs. »

« Pour l'instant, je suis au CF Montréal, ça se passe très bien. Ils m'ont [offert un nouveau contrat] l'an dernier, ce n'est pas pour rien. J'espère que cette année, ça va se passer en ma faveur. Après, il n'y a aucune précipitation, ce n'est que le début de saison. Il y a un nouveau coach avec des nouvelles idées. Tout est différent. C'est à chaque joueur de montrer qu'il mérite sa place et les cartes seront données. »

En plus de ses aspirations en club, Brault-Guillard voudra se rendre attrayant pour l'équipe nationale canadienne. Il avait été impliqué jusqu'à la toute fin dans le processus décisionnel qui a mené à la composition du groupe qui a participé à la Coupe du monde au Qatar. En 2023, il pourrait être appelé à faire sa part pour qualifier le pays pour la Copa América de 2024 par le biais des matchs de la Ligue des nations. Un rôle dans le prochain tournoi de la Gold Cup pourrait aussi être à sa portée.