MONTRÉAL – Hassoun Camara était en grande forme lundi.

Physiquement, d’abord, le grand défenseur se porte mieux. Touché au mollet droit lors du match aller du Championnat de l’Est la semaine dernière, Camara a raté les deux premiers entraînements du cycle de préparation de l’Impact en vue du match retour qui aura lieu mercredi à Toronto. La séance de lundi était la première à laquelle il prenait part sans limitation apparente avec le reste de ses coéquipiers.

« C’était vraiment nécessaire, a plaidé le latéral droit. Je me suis fait mal surtout par rapport à la surface. J’avais quelque chose et ça s’est confirmé sur un duel avec [Jozy] Altidore, je crois. À la fin, j’ai préféré ralentir pour mieux repartir. »

Par sa présence sur le terrain du Centre Nutrilait, donc, Camara a en quelque sorte confirmé qu’il sera à son poste lorsque l’Impact tentera d’assurer sa qualification pour la première grande finale de sa brève histoire en MLS.

Et une fois cette partie du travail terminée, c’est son verbe, toujours bien aiguisé et parfaitement mesuré, qu’il a utilisé pour passer un autre message. C’est que Camara, voyez-vous, est d’avis que les joueurs du Toronto FC ont bénéficié d’un peu trop de latitude lors de leur récent passage à Montréal.

« On connaît les qualités [d’Altidore]. Il a été physique et ça lui a réussi sur leur deuxième but, c’est vrai. Mais à certains moments, on l’a été aussi à son endroit et je pense qu’il a été bien protégé par les arbitres, a laissé tomber le doyen de la ligne défensive de l’Impact. Je ne cherche pas d’excuses, mais j’ai l’impression qu’ils sont plus protégés. Que ce soit Altidore, mais aussi [Sebastian] Giovinco. Chaque fois qu’il y a un micro-duel, c’est une faute automatique. »

« Alors voilà, on se bat contre l’équipe de Toronto, mais on se bat un petit peu contre les décisions arbitrales aussi, j’ai envie de dire, a déploré Camara. Pas contre l’arbitre, parce que l’arbitre a toujours raison et il n’y a pas de problème. Mais certaines décisions arbitrales, pour être très précis, nous sont un peu défavorables. Mais on va faire avec, il n’y a pas de problème. »

Les statistiques ne concordent pas nécessairement avec les doléances du vétéran. Selon les chiffres compilés sur le site officiel de la MLS, 15 fautes ont été décernées à l’Impact mardi dernier sur la pelouse du Stade olympique contre 13 à Toronto. Aucune des deux équipes n’a reçu de carton.

Plus que 48 heures avant le match retour à Toronto

« J’observe, c’est tout, insiste Camara. Si vous comptez le nombre de coups francs qui ont été accordés à Giovinco, c’est juste incroyable. Je n’ai jamais vu ça. »

« À la fin, on fait avec. Les arbitres le savent. Je pense qu’ils regardent aussi le travail qu’ils font à la fin des matchs. On espère que la faute sur Victor [Cabrera] a été vue et aussi que certaines fautes attribuées à nos défenseurs sur Giovinco sont un peu trop faciles, je trouve. »

En insérant le nom de son partenaire argentin dans la conversation, Camara ramenait sur le tapis la séquence qui a mené au deuxième but du TFC mardi dernier, alors qu’Altidore a semblé pousser son couvreur au sol avant de repérer un coéquipier dans la surface de réparation. Quelques instants plus tard, Michael Bradley, le capitaine des visiteurs, trouvait le fond du filet.

« On devra être fort et jouer notre match »

Deux jours après le match, Altidore s’était défendu en affirmant qu’il n’avait donné qu’une petite caresse affectueuse – une love tap – à Cabrera, à qui il avait ensuite suggéré de passer un peu plus de temps en gymnase.

Camara s’est vu offrir l’occasion de saisir la balle au bond, lundi, quand un journaliste anglophone lui a demandé comment un défenseur se préparait pour un match contre un joueur aussi imposant physiquement qu’Altidore.

« On va au gym, comme il l’a dit », a répondu le défenseur, rieur, tout en feignant de muscler ses biceps.

Incitation au jeu physique

Certains joueurs de l’Impact devaient marcher sur des oeufs lors du premier duel contre Toronto. À l’instar de ses coéquipiers Evan Bush, Laurent Ciman et Johan Venegas, Camara traînait un carton jaune dont il avait hérité précédemment depuis le début des séries et jouait ainsi sous une tranchante épée de Damoclès : un autre avertissement à un membre de ce quatuor aurait entraîné une suspension automatique en vue du match retour dans la Ville Reine.

« On doit être prêt, les détails feront la différence »

Sans doute bien au fait de cette réalité, l’arbitre Juan Guzman a eu la clémence de garder son fouet dans son étui, offrant à tous ceux qui traînent un boulet une marge d’erreur beaucoup plus confortable en vue du deuxième chapitre de la rivalité. En effet, comme toutes les fautes accumulées au dossier s’effaceront avant la finale, on devrait voir des défenseurs plus instinctifs et des duels plus corsés mercredi au BMO Field.

« C’est sûr que c’était délicat de défendre en sachant qu’on pouvait être suspendu au match retour, alors qu’on savait que la vraie finale se jouerait là-bas, a convenu Camara. Maintenant, ce qu’il va falloir faire, c’est peut-être monter un peu plus au niveau de l’intensité. On peut se le permettre et prendre des risques. À la fin, ça va se jouer sur un équilibre à ce niveau. Une finale, c’est toujours à haute intensité et on doit se sentir libre de pouvoir faire ce qu’on a envie. »

« C’est normal, quand un joueur a un jaune en banque, qu’il y ait une hésitation dans son jeu. Maintenant, il pourra avoir cette volonté d’aller fermer sans penser au carton », affirme l’entraîneur Mauro Biello, en continuant toutefois d’appeler ses joueurs à la prudence.

« Le message, c’est d’être équilibré et intelligent dans notre façon de faire certaines choses et aussi observer comment le match se déroule. Il y a des arbitres qui vont laisser certaines choses aller alors que d’autres seront un peu plus stricts. Il faut penser un peu à ça. »