MONTRÉAL – L’Impact a l’habitude de ne pas être pris trop au sérieux. Le Bleu-blanc-noir a campé le rôle de faire-valoir avant de franchir avec succès chacune des étapes qui lui ont permis d’arriver devant le dernier grand défi de son improbable parcours en Ligue des champions.

Le trajet parcouru par ce petit club devenu grand est déjà remarquable. Ce soir, il aura une dernière chance de confondre les sceptiques. Un résultat favorable face au géant mexicain Club América permettrait à une ville entière de célébrer un sacre qui est encore aujourd’hui considéré comme utopique.

Comme les deux équipes ont fait match nul 1-1 la semaine dernière à Mexico, l’équipe qui sortirait gagnante du deuxième et dernier duel au Stade olympique gagnerait automatiquement sa qualification pour la Coupe du monde des clubs, récompense ultime attribuée aux champions de la Concacaf. Un match nul de 0-0 favoriserait l’Impact en vertu de son but marqué à l’étranger tandis qu’un pointage de 1-1 forcerait les deux équipes à disputer une prolongation. Tout match nul impliquant deux buts ou plus de chaque côté favoriserait les favoris latins.

« Ce n’est pas tous les jours qu’on joue une finale, constatait le défenseur central Bakary Soumaré, serein comme tout avant le dernier entraînement des siens en prévision du moment de vérité. C’est un gros match, c’est vrai qu’il y a un peu de tension, mais le principal, c’est de se faire plaisir et d’essayer de donner à cette ville et ce club un gros trophée. Ça serait le plus gros moment de l’histoire du club et pour la plupart des joueurs, ça serait aussi un très grand coup. »

Frank Klopas affiche lui aussi son plus beau sourire depuis le début de la semaine, mais le sérieux de la situation est bien perceptible dans ses propos. Fier de ses joueurs et du chemin qu’ils ont parcouru au cours des derniers mois, l’entraîneur ne veut pas entendre parler de victoire morale alors que sa troupe est si près du but.

« Toute la pression est sur eux, souligne Klopas au sujet des Aguilas. Nous sommes les négligés et je n’ai pas de problème avec ça, mais nous comptons sur plusieurs joueurs de qualité qui ont joué des matchs à un très haut niveau. Nous avons beaucoup de respect pour América, mais nous ne les craignons pas. »

Des preuves de cette affirmation sont observables sur vidéo. On ne donnait pas cher de la peau de l’Impact au Stade Azteca avant qu’un but d’Ignacio Piatti dès la 16e minute du match aller vienne procurer un peu de crédibilité à sa quête. Il aura fallu attendre la 88e minute que l’égalité soit créée.

L’Impact a semé un doute et gagné en confiance, mais le fait demeure qu’América a dominé de grands pans de la rencontre, dirigeant notamment 25 tirs vers Evan Bush. Un effort semblable risque de ne pas suffire la prochaine fois et les joueurs en sont conscients.

« C’est important pour nous de ne pas sortir et jouer défensif comme on l’a fait en deuxième demie au Mexique. On va sortir et essayer d’aller marquer un but pour se donner un peu d’assurance », prévoit Piatti, qui a déjà été courtisé par América.

« On doit s’assurer d’exceller dans la phase offensive et contrôler le ballon plus efficacement qu’on l’a fait au match aller. Si on parvient à le faire, on ne devrait pas avoir de problème », entrevoit le milieu de terrain Nigel Reo-Coker.

« On va devoir démarrer directement le match, ne pas les laisser jouer et mettre la pression. On est à domicile, devant notre public. On ne doit pas changer de plan de match. On doit jouer pour gagner », insiste le défenseur Laurent Ciman.

« On savait que ce serait ardu à l’Azteca, mais nous avons réussi à nous placer dans une situation favorable pour le match retour. Nous ne sous-estimons pas la tâche qui nous attend, nous savons que ce sera un autre match difficile, mais nous sommes prêts », promet Klopas.

Un trou à droite?

Quelques questions subsistent quant à la formation que Klopas enverra sur le terrain pour ce grand rendez-vous, les plus importantes portant sur le côté droit de la défense.

Tout semble indiquer que Victor Cabrera ne sera pas disponible tandis que la présence de Hassoun Camara, blessé à un genou la semaine dernière, n’a pas été confirmée. En point de presse, Klopas a parlé de la possibilité de déplacer un milieu de terrain sur la ligne arrière pour régler le problème.

Touché au pied gauche au Mexique, Laurent Ciman s’est voulu rassurant. « L’hématome est parti. J’ai eu peur parce que j’ai quand même entendu un craquement, mais ça va, plus de peur que de mal. Je peux m’entraîner correctement », a dit le Belge en début de semaine.

À l’avant, on pourrait fort bien revoir la même combinaison que la semaine dernière avec Dominic Oduro comme attaquant appuyé par Dilly Duka, Piatti et Andrés Romero. Mais encore là, Klopas n’a rien voulu dévoiler.

« Lors du dernier match, on savait qu’ils contrôleraient le temps de possession. De notre point de vue, on préférait attendre et frapper sur la contre-attaque et c’est exactement ce qu’on a fait. Mais je ne crois pas que notre stratégie sera la même à domicile. On sera dans leur face, on ne les lâchera pas », anticipait pour sa part Oduro.

Du côté des visiteurs, Klopas s’attend à devoir trouver un moyen de neutraliser l’attaquant Oribe Peralta, le buteur d’América lors du match aller, pendant 90 minutes.

« Il est entré en deuxième demie et a tout changé pour eux. En plus, il n’a pas joué en fin de semaine contre Chivas (en championnat mexicain), il était sur le banc, alors je suppose qu’il sera partant demain », a supposé Klopas.

En revanche, une blessure à la jambe droite empêcherait le milieu de terrain Rubens Sambueza de faire partie du onze partant mexicain.

Nicht, l'anonyme sauveur
« Ce sera un match différent »