MONTRÉAL – Au début de son premier camp d’entraînement en MLS, Eric Miller s’émerveillait devant l’opportunité qui lui était offerte de partager le terrain avec des joueurs de la trempe de Marco Di Vaio, Matteo Ferrari et Patrice Bernier.

Le plus récent choix de première ronde de l’Impact a depuis pris bien du galon. Le jeune défenseur a fait sa place dans le onze partant pour les deux premiers matchs de la campagne à Dallas et Houston et rien ne laisse croire qu’il ne sera pas à son poste de latéral droit pour le lancement de la saison locale en fin de semaine contre les Sounders de Seattle.

L’émerveillement quotidien devant le travail de ses célèbres coéquipiers s’est peut-être estompé, mais du haut de ses 21 ans, Miller peut encore reconnaître une grande occasion lorsqu’elle se présente. C’est pourquoi il s’avoue un brin déçu devant la possibilité que Clint Dempsey, l’une des inspirations de son adolescence, rate le rendez-vous du week-end au Stade olympique.

« J’attendais ce match avec beaucoup d’impatience, a admis le natif du Minnesota après l’entraînement de l’Impact, jeudi. Bien évidemment, c’est un joueur que je regarde jouer depuis que j’ai 10 ou 11 ans. Pour moi, il a toujours fait partie du portrait. J’avais hâte, mais nous allons bien finir par le revoir éventuellement. »

Mercredi, le Toronto Sun rapportait que Dempsey, l’attaquant étoile des Sounders, allait écoper d’une suspension de deux matchs pour avoir frappé dans les parties intimes le joueur du Toronto FC Mark Bloom. Vingt-quatre heures plus tard, par contre, la confirmation de la MLS se faisait toujours attendre.

Mais peu importe. L’entraîneur de l’Impact, Frank Klopas, a préparé ses troupes à tous les scénarios possibles à quelques jours de son premier match sur les lignes de côté de l’équipe locale en sol montréalais.

L'Impact rentre à la maison

« Il n’était pas de la formation partante lors de leur premier match, alors nous avons eu la chance de les voir sous un visage différent alors que (Kenny) Cooper jouait avec (Obafemi) Martins et (Marco) Pappa et tous les autres changements qu’ils ont fait. On a aussi pu voir un peu de Chad Barrett. Alors ce qui est bien, c’est qu’on détient assez de vidéo sur une équipe que je connais à la base très bien. Notre équipe sera prête », a assuré Klopas.

Le statut de Dempsey, aussi nébuleux puisse-t-il être, justifie sa présence dans le plan de match. Le joueur de 31 ans, capitaine de l’équipe nationale américaine et vétéran de la première ligue anglaise, peut être considéré comme le visage du circuit qu’il a réintégré en 2013, sept ans après son départ du Revolution de la Nouvelle-Angleterre. En deux sorties cette saison, le joueur désigné des Sounders a marqué un but et s’est fait complice du seul autre de son équipe, qui a remporté un de ses deux premiers matchs.

« Je dirais que ça complique un peu notre tâche, concédait Miller face à l’incertitude de la situation. Ils joueront probablement de façon différente dépendamment de sa disponibilité, mais d’un autre côté, je suis convaincu qu’on peut s’adapter rapidement et bien faire peu importe qui se retrouve sur le terrain. »

 « Qu’il soit là ou non, il faudra être bien préparé, prévient Patrice Bernier. C’est sûr que c’est un élément important. C’est un joueur qui peut faire pencher la balance d’un match. S’il est suspendu, tant mieux pour nous, mais je vois qu’ils ont quand même Kenny Cooper, qui a prouvé qu’il pouvait marquer des buts et qui peut faire la différence. Bref, il ne faut pas baisser notre garde, parce qu’un autre pourrait tirer profit de la situation. »

 « C’est un bon joueur, l’un des meilleurs de la Ligue », concède le milieu de terrain Felipe, « mais je crois que sur le terrain, il ne montre pas toujours qu’il est l’un des meilleurs. Je crois que nous devons avant tout nous soucier de ceux qui seront appelés à le remplacer parce qu’ils joueront probablement plus fort que lui. »

Match sans lendemain? Un instant...

Klopas refuse de croire que son équipe, qui revient d’un infructueux voyage de deux parties au Texas,  fera déjà face à une situation où elle doit l’emporter à tout prix lorsqu’elle défendra son terrain pour la première fois devant une foule qui était estimée, en début de semaine, à plus de 24 000 spectateurs.

« Ce n’est pas un match sans lendemain, on n’en a que deux de joués, a-t-il rapidement rectifié lorsqu’un journaliste l’a placé devant cette hypothèse. Mais oui, je crois que nous devons commencer à mettre quelques points en banque et dans cette optique, c’est bon d’être à la maison », a poursuivi Klopas, qui était de l’autre côté du terrain, comme entraîneur du Fire de Chicago, lorsque l’Impact a disputé le tout premier match local de son histoire en MLS le 17 mars 2012.

« C’est notre premier match à domicile. Considérant la position dans laquelle nous nous trouvons, il est temps pour nous d’obtenir des résultats. Les trois points sont à notre portée, nous le savons et nous savons ce que nous avons à faire pour aller les chercher », a simplifié Felipe.  

Solide, la recrue

Miller, lui, ne devrait pas être trop nerveux devant le bruyant appui des partisans montréalais. La saison dernière, il a évolué devant une foule de 55 000 personnes sous les couleurs de l’équipe américaine des moins de 20 ans.

« C’était une bonne préparation pour ce qui s’en vient », a laissé tomber en souriant l’ancien Bluejay de l’Université Creighton.

« C’est une période de l’année excitante, j’ai très hâte de jouer devant nos partisans. J’espère que l’atmosphère qui régnera ici nous aidera à obtenir les résultats désirés. »

À ses premiers pas en MLS, Miller a profité du manque de profondeur de l’Impact pour s’emparer d’un poste de partant et emmagasiner de précieuses minutes d’expérience. Il n’a pas quitté le terrain depuis qu’il a obtenu le départ comme latéral droit lors du premier match de la saison.

« J’ai vraiment l’impression que je n’ai pas grand-chose à faire quand je suis dans l’action. Je joue simplement et je laisse les gars autour s’occuper des tâches plus difficiles. C’est ce qu’on me demande de faire et c’est tout ce dont je me préoccupe », analyse humblement le numéro 3 du bleu-blanc-noir.  

« J’ai confiance en mes joueurs. Lorsqu’une opportunité se présente et qu’ils méritent une chance de la saisir, ils l’obtiendront », garantit Klopas.