MONTRÉAL – L’Impact a concédé 34 buts en 23 matchs cette saison avant que la direction du club ne montre la porte à Frank Klopas pour remettre les clés à Mauro Biello. Depuis le changement d’entraîneur, le contraste est frappant. Incluant ses deux récents matchs éliminatoires, le onze montréalais n’a cédé que 11 fois en 13 parties.

La capacité d’adaptation du pilote intérimaire apparait comme l’un des éléments centraux de ce revirement de situation. Si son prédécesseur semblait souvent réticent à déroger des principes de base de sa philosophie, Biello fait preuve d’une ouverture d’esprit et d’une créativité qui ont eu un effet libérateur sur ses troupes.

Sous le règne de Klopas, l’Impact se déployait presque en toute circonstance dans un schéma tactique 4-2-3-1 où deux milieux récupérateurs opéraient devant la défensive alors que trois milieux à vocation offensive avançaient derrière un attaquant unique.

Biello n’a pas totalement renoncé au stratagème, mais son approche est plus malléable. Peu après son arrivée au pouvoir, il a instauré un système en 4-3-3 avec un triangle inversé devant le rempart défensif et un des ailiers de chaque côté de Dider Drogba en pointe.

« Je voulais maîtriser un peu le milieu de terrain contre certains adversaires, expliquait Biello jeudi. Toutes les bonnes équipes ont un bon milieu de terrain. Quand elles en ont trois, c’est parfois difficile à gérer avec une formation 4-2-3-1, surtout sur la route. »

Alors que Klopas semblait s’entêter à imposer sa vision à son effectif, Biello s’efforce de placer les joueurs qu’il a sous la main dans une position où leurs atouts serviront le mieux l’intérêt du groupe.

Donadel : reposé et lucide

« Il faut analyser les caractéristiques de chaque joueur. Chacun peut apporter quelque chose à l’équipe. Tu essaies de voir comment les caractéristiques d’un joueur peuvent aider l’équipe dans ce schéma. Tu essaies des choses à l’entraînement, tu vois comment ça fonctionne et puis tu les essaies dans un match. Ensuite, tu analyses les résultats et tu prépares ton équipe en conséquence. »

Que devra faire l'Impact pour gagner?

Le changement de tactique a eu un effet particulièrement revitalisant sur Marco Donadel. L’Italien de 32 ans semblait dépassé par les événements en début de saison. On disait que sa condition physique n’était pas à point et on critiquait son indiscipline récurrente.

Depuis quelques mois, Donadel a retrouvé la position qu’il avait l’habitude d’occuper en Serie A et, du même coup, sa vigueur des beaux jours.

« Personnellement, ça me permet de me reposer un peu et d’être plus lucide, confie Donadel. Dans l’autre système, j’avais l’impression d’être toujours en train de courir. Maintenant, j’ai plus d’espace pour voir le jeu dans son ensemble et je peux reprendre mon souffle à l’occasion. J’ai plus de vitesse et c’est mieux ainsi. C’est mieux pour toute la défensive. »

Biello reconnaît que ses ajustements ont eu un effet bénéfique sur Donadel, dont il vante aujourd’hui le travail dans l’ombre.

« Il fait le travail que peu de gens remarquent. Ceux-ci diront ‘Oh, Donadel n’a pas beaucoup touché au ballon’, mais parfois, quand tu es dans une bonne position, tu coupes une bonne option de passe à l’adversaire. Ça, c’est du travail important. Ça rend la vie un peu plus simple à tout le monde quand, par exemple, un gars comme Donadel est devant Kei Kamara et que Will Trapp décide d’envoyer le ballon sur les côtés parce que ça ne passe pas en direction de son attaquant. »

Bernier ressuscité

Autre conséquence du changement opéré en milieu de terrain : moins de Calum Mallace, plus de Patrice Bernier. Le jeune Écossais, un régulier sous l’ancien régime, n’a obtenu que quatre départs depuis l’entrée en poste de Biello, qui a littéralement ressuscité la carrière de son capitaine en lui donnant des responsabilités qui cadrent mieux avec son profil naturel.

À 36 ans, Bernier est en train d’écrire l’une des belles histoires du parcours éliminatoire de l’Impact. Il a marqué dans deux matchs successifs en plus d’élaborer une spectaculaire mise en scène sur un but de Didier Drogba.

« Tout le monde disait que Patrice était fini, mais il n’y a rien de fini, s’est fait un plaisir de corriger Wandrille Lefèvre. Il y a un système dans lequel il est à l’aise, il a la confiance de l’entraîneur, il se sent bien et il donne la pleine mesure de son talent. C’est la même chose avec Nigel [Reo-Coker], hein! »

« Je lis les médias, je sais qu’on a beaucoup parlé de ces joueurs individuellement, a poursuivi Lefèvre. Mais là, on les a réunis et ils font un travail incroyable. Balle au pied, Patrice est une coche au-dessus de ce qui peut se faire dans cette ligue. Mais moi, c’est le travail, le volume de jeu que ces gars-là amènent qui m’impressionne. Ça fait une grande différence. »

Au-delà des choix tactiques qu’il a décidé de faire, il y a les impondérables que Biello a apportés avec lui dans le vestiaire et que ses joueurs continuent de chérir ouvertement. Quand un collègue a demandé à Lefèvre comment son nouvel entraîneur s’y était pris pour améliorer le collectif défensif de l’Impact, le Néo-Canadien s’est prononcé sans hésiter.

« La confiance, a dit le grand défenseur central. Je ne peux pas parler pour tout le monde, mais quand je rentre sur le terrain, je sais que je ne suis pas épié au moindre geste, je sais que ma performance d’ensemble est jugée – ça fait une grande différence – et aussi que j’ai sa confiance. Autant sans le ballon qu’avec le ballon, j’ai pleine liberté de faire ce que je sais faire, il a pleine confiance en ce que je sais faire et donc ça donne quelque chose de bien sur le terrain. Vous demandez aux autres et ils vous diront la même chose. »