MONTRÉAL – La victoire de l’Impact en quarts de finale de la Ligue des champions de la CONCACAF fut aussi inattendue que dramatique. Le 3 mars, le Stade olympique fut le théâtre du triomphe des grands négligés.

Mais à quelques jours d’amorcer l’étape suivante de leur parcours, les joueurs du club montréalais sentent que les rôles sont maintenant inversés. Visiblement, la qualification historique arrachée au club mexicain de Pachuca a débarrassé le bleu-blanc-noir de tous ses complexes.

« À Pachuca, dans le fief d’une grosse équipe mexicaine, c’était évident qu’on allait être les grands négligés. Mais je crois que les équipes de la MLS sont sous-estimées et ne reçoivent pas le respect qu’elles méritent dans cette compétition. On a prouvé qu’on formait une équipe solide », estime l’attaquant Jack McInerney, qui pourrait obtenir son premier départ de l’année en Ligue des champions lorsque L.D. Alajuelense, la formation du Costa Rica qui a éliminé D.C. United il y a deux semaines, donnera le coup d’envoi à la demi-finale mercredi.

« On est l’équipe la mieux classée, fait remarquer le gardien Evan Bush. Ils en ont battu une bonne au tour précédent, mais on a survécu à une série en sortant l’un des meilleurs clubs du tournoi. Je ne sais pas ce qu’en disent les parieurs et je ne m’en soucie pas. Ce que je sais, c’est que ce groupe regorge de confiance. »

Beaucoup de confiance, mais pas en excès. « Ils ne sont peut-être pas aussi bons que Pachuca, mais ils forment sans aucun doute une très bonne équipe », assure McInerney.

L’écart véritable entre les deux clubs latins sera plus facile à mesurer une fois que l’Impact aura échangé quelques ballons avec Alajuelense. Ce qui est certain, pour l’instant, c’est qu’ils montrent un visage complètement différent.

« J'ai des choses à me faire pardonner »

« En fait, je dirais carrément que ce sont deux clubs contraires, évalue McInerney. Pachuca aimait faire de longues basses et transporter le ballon avec vitesse par les flancs. Nos prochains adversaires pénètrent dans votre zone avec le ballon, mettent l’accent sur la possession et décochent des centres avec cinq ou six gars dans la surface de réparation. Bien défendre notre boîte sera l’un des éléments clés de ce match. »

« Leur progression est rapide, mais tout se fait en groupe. Ils aiment jouer en partenariat », renchérit Bush.

Ainsi, les joueurs de l’Impact s’attendent à passer une bonne partie du match sans le ballon mercredi. Comme l’explique McInerney, « c’est comme ça avec les équipes sud-américaines, elles jouent un style différent. Ils domineront probablement le temps de possession, aussi bien se faire à l’idée. »

« Le fait qu’ils aient le ballon ne signifie pas nécessairement qu’ils dictent l’allure du match, fait remarquer Bush. Si on reste organisés et qu’on amène le jeu où on le veut, c’est nous qui serons en contrôle. Si on essaie de s’éloigner de notre identité, c’est là qu’on pourrait être dans le trouble. Il ne faut pas commencer à se prendre pour Barcelone si vous n’êtes pas Barcelone. Il se peut bien qu’ils aient le ballon plus longtemps, mais ce qui importe, c’est ce qu’on fera avec quand il nous appartiendra. »

« Tout dépend de l’endroit où ils ont possession du ballon. S’ils sont pris avec profondément dans leur zone, ils peuvent bien le garder toute la journée », a résumé Frank Klopas, peu impressionné par cette perspective.

 « On n’est pas ici pour niaiser »

La dynamique de la prochaine série sera également différente de ce que l’Impact a connu auparavant. Contre Pachuca, les négligés étaient parvenus à accomplir un objectif important en enfilant deux buts payants sur le terrain de l’adversaire, se donnant ainsi des options additionnelles pour savourer le succès lors du deuxième match de la série aller-retour.

« C'est un tout nouveau défi »

Cette fois, le onze montréalais doit aborder le défi d’un autre œil.

 « Le plan de match change énormément, admet Bush. À Pachuca, on voulait aller chercher un but, peut-être deux, et garder le match serré. Ici, ça nous prendra une victoire, mais on voudra aussi protéger le jeu blanc. »

« C’est évident qu’on aimerait prendre une bonne avance, mais qu’on marque un ou quatre buts, l’important sera d’aller chercher le blanchissage, a répété McInerney. C’est ce qui prime quand on joue le premier match à la maison. On se concentrera à défendre adéquatement à l’arrière parce que sur vidéo, on a vu qu’ils envoient souvent sept ou huit joueurs à l’assaut du filet adverse. Pour nous, ces occasions seront des occasions idéales de contre-attaquer. Ça devrait être du jeu assez ouvert. »

« Il faudra pousser l’action, mais le faire intelligemment », simplifie Klopas.

Pour Maxim Tissot, qui risque d’obtenir ses premières minutes d’action en l’absence de Justin Mapp dans le milieu de terrain, l’Impact devra s’assurer d’offrir une meilleure performance qu’à sa dernière sortie devant ses partisans.

« Je pense qu’on avait fait un bon match à Pachuca, mais à notre retour ici, on avait été un peu timides. Il va falloir qu’on fasse mieux contre Alajuelense, qu’on impose notre rythme. On est la seule équipe de la MLS toujours en vie, à nous de prouver qu’on n’est pas ici pour niaiser. »