Cinq raisons pour lesquelles ma vie a complètement changé
Il y a trois mois, je mettais les pieds pour la première fois à Ashburn, Virginia, ville à 40 minutes au nord-ouest de Washington, DC. Ma nouvelle maison. Mes premiers mois au Washington Spirit ont été occupés.
Entre un camp d'entrainement en Floride, la She Believes Cup avec l'équipe canadienne, un second camp de préparation en Floride, nos premiers matchs de la saison et un match international en France, j'ai passé plus de nuits à l'hôtel qu'à mon appartement. Appartement qui commence à se demander si ses murs blancs seront un jour décorés.
Malgré ce rythme de vie qui m'a laissé peu de temps de répit, je suis très heureuse à Washington. Ma nouvelle réalité dans la capitale américaine et en NWSL est assez différente de la vie que je menais en Suède. Voici 5 points qui le prouvent.
Les fans
Depuis quelques années, le soccer féminin gagne rapidement en popularité. Ce mouvement se fait ressentir en NWSL, l'engouement pour la ligue professionnelle américaine grandissant à chaque saison. 11 000 personnes se sont déplacées pour notre premier match à domicile. Sur la côte Ouest, il y avait plus de 30 000 fans dans le stade du San Diego Wave pour leur match d'ouverture.
En Suède, ils étaient en moyenne 500 à 1000 dans les estrades. Lors de notre match contre Brommapojkarna, à Stockholm, seules 14 personnes étaient présentes dans le stade. Malgré le fait que la présence des fans suédois se faisait sentir et que leur support était indéniable, entendre les encouragements de dizaines de milliers de personnes simultanément, c'est une sensation inégalée.Gabrielle Carle célèbre avec ses coéquipières
Jouer devant des milliers de spectateurs, pouvoir inspirer la prochaine génération de joueuses et joueurs, c'est une opportunité et une responsabilité que la visibilité de la NWSL offre à ses athlètes.
Proximité de la maison
D'ailleurs, parlant de fans, ma famille a pu assister en personne à notre match d'ouverture nous opposant à l'OL Reign il y a quelques semaines. Une première en 7 ans. Ma mère et mon beau-père on fait les 12 heures de route séparant Quebec et Washington pour venir voir mes premières minutes en NWSL. Trajet qui ne se fait pas sur un coup de tête, mais qui reste beaucoup plus facile à effectuer (autant du côté logistique que monétaire) qu'un voyage jusqu'à FSU, en Floride, ou pire encore, jusqu'en Suède.
Être si près de la maison, pouvoir passer plus de temps avec mes proches, c'est la cerise sur le gâteau d'une vie que je me considère déjà incroyablement chanceuse de mener.
Ressources
L'année dernière, je vous parlais de nos maillots aux multiples commanditaires, nécessaires pour financer notre saison et payer nos salaires. Cette année, ma réalité au Washington Spirit est assez différente. Notre support financier, on le doit majoritairement à Michele Kang, la propriétaire milliardaire de notre équipe.
Originaire de la Corée du Sud mais vivant aux États-Unis depuis ses années universitaires, elle a bâti par elle-même sa compagnie Cognosante, spécialisée dans le domaine de la technologie informatique médicale. Michele a les moyens de ses ambitions, et de l'ambition, elle en a. Elle n'a pas acheté l'équipe dans le but d'en faire un trophée laissé sur une étagère poussiéreuse, elle a une vision ambitieuse pour notre club et pour le soccer féminin en général. Elle est dans les estrades à chacun de nos matchs, à domicile ou sur la route, et sa présence se fait sentir. Son but n'est pas simplement de créer un environment propice au succès à Washington, mais de faire du Washington Spirit le meilleur environnement de soccer féminin au monde. Selon moi, elle est sur la bonne voie.
Washington DC vs Kristianstad
Ma vie à Kristianstad était paisible, calme. Si je voulais un café, je prenais mon vélo, et 10 minutes plus tard, j'étais assise dans le centre-ville, café à la main devant une partie de Scrabble avec mes amies. Vivre à proximité de Washington DC ne m'offre pas ce même genre d'atmosphère charmante. Mais vivre près de la capitale américaine, c'est constamment avoir une panoplie de possibilités et d'opportunités devant soi. Washington est une métropole vivante, exaltante. Il y a tellement de choses à faire, de musées et de monuments à visiter, d'équipes à supporter. Je suis heureuse d'y jouer tous mes matchs à domicile, de faire partie de la dynamique de cette ville.
Horaire
En Suède, ma journée de « travail » commençait vers 15 h, et prenait fin aux alentours de 18 h. Nos entrainements étaient en fin d'après-midi parce que notre équipe comptait plusieurs joueuses avec un emploi de jour, ainsi que quelques joueuses toujours aux études. À Washington, j'arrive au complexe d'entrainement à 9 h 30, et j'en ressors entre 14 h 30 et 15 h 30.Gabrielle Carle
Non seulement mes journées sont plus longues, mais en plus, elles commencent plus tôt. Pas si tôt que ça, mais assez pour que je me réveille au son de mon alarme, chose qui arrivait rarement en Suède. Faisant partie de la catégorie de personnes qui préfèrent passer leur première heure de réveil dans le silence, je ne savais pas si m'entrainer le matin était quelque chose que j'allais apprécier. Trois mois plus tard, je confirme que c'est beaucoup mieux que ce que j'appréhendais. Je dirais même que je préfère maintenant m'entraîner le matin. En général, ma journée va comme suit: arrivée au complexe, physiothérapie et pré-activation, rencontre d'équipe, entrainement, gym et/ou récupération post entraînement (étirements, bain de glace etc…), diner (livré au complexe) et enfin, retour à mon appartement.
Pour conclure, mon transfert vers la NWSL m'a permis de découvrir un tout nouvel environnement. J'apprend encore à m'y adapter, mais je le fais avec enthousiasme, le Washington Spirit étant une organisation en laquelle je peux avoir confiance, et au sein de laquelle il me sera possible d'apprendre et de progresser.