L'Angleterre mise sur Thomas Tuchel pour faire rugir ses « Three Lions »
LONDRES – L'Angleterre a confié, mercredi, les clés de son équipe nationale à l'Allemand Thomas Tuchel, troisième sélectionneur étranger de l'histoire des « Three Lions », chargé de faire d'une génération talentueuse mais jamais titrée une machine à gagner bien huilée.
Tuchel se dit prêt à relever le défi de mettre fin à des décennies d'attente des Three Lions pour remporter un trophée majeur pour la première fois depuis la Coupe du monde 1966 à domicile.
Il débutera son contrat de 18 mois le 1er janvier 2025, avec l'Anglais Anthony Barry comme adjoint et, dans le viseur, la qualification pour la Coupe du monde 2026 organisée au Canada, au Mexique et aux États-Unis.
« Maintenant, je dois être à la hauteur. Je sais qu'il manque quelques trophées à la fédération et, bien sûr, je veux contribuer à ce que cela se réalise », a déclaré Tuchel lors de la conférence de presse de sa présentation à Wembley.
« Fondamentalement, nous voulions engager une équipe d'entraîneurs qui nous donnerait les meilleures chances possibles de remporter un tournoi majeur, et nous sommes convaincus qu'elle y parviendra », a commenté le directeur général de la Football Association (FA), Mark Bullingham.
Lors du processus de recrutement, « Thomas a été très impressionnant et s'est démarqué par sa vaste expertise et son dynamisme », a ajouté le dirigeant, qui a reçu dix candidats en entretien.
Le technicien âgé de 51 ans succède à Gareth Southgate, parti en juillet après un règne de huit années (2016-2024) ponctué par deux finales successives perdues à l'Euro.
Dans cet intervalle, l'intérim a été confié à Lee Carsley, le sélectionneur des Espoirs, qui retrouvera son poste après les deux matchs de Ligue des Nations en novembre.
Avec Tuchel, le pays d'origine du football s'offre un entraîneur à succès, à la stature internationale, rompu à l'exercice médiatique et reconnu pour sa capacité à faire progresser ses joueurs, notamment les plus jeunes, dans des délais resserrés.
Cela ressemble aussi à un pari: l'ancien entraîneur de Mayence et Dortmund, novice dans la fonction de sélectionneur, n'est jamais resté longtemps dans les clubs huppés qu'il a fréquentés, que ce soit le PSG, Chelsea ou le Bayern Munich.
Cela ne l'a pas empêché d'amasser des trophées, surtout en Angleterre, avec la prestigieuse Ligue des Champions soufflée en 2021 au nez et à la barbe du Manchester City de Pep Guardiola.
Courte histoire de réussite
Avec les « Blues » de Chelsea, qu'il a dirigés entre janvier 2021 et septembre 2022, Tuchel a écrit une histoire de réussite de courte durée mais qui a marqué les esprits outre-Manche.
Il s'était offert un rebond assez inattendu à Londres quelques semaines après avoir été licencié par le PSG, qu'il avait pourtant hissé pour la première fois de son histoire en finale de la LdC.
Avec Southgate, l'équipe au maillot blanc s'est stabilisée dans les hauteurs du foot européen, mais elle a buté à deux reprises sur la dernière marche, en finale contre l'Italie en 2021 à Wembley, puis trois ans plus tard à Berlin face à une Espagne supérieure collectivement.
Le flegmatique Anglais a été vivement critiqué au pays pour le jeu jugé trop conservateur de son équipe, peu flamboyante malgré une abondance de biens, sur le terrain et le banc : Jude Bellingham, Declan Rice, Kobbie Mainoo, Bukayo Saka, Phil Foden, Cole Palmer, le capitaine Harry Kane...
Un sélectionneur venu d'outre-Manche sera peut-être moins perméable à la pression, constante et parfois démesurée, même si ce choix a suscité des critiques.
Tuchel n'est que le troisième étranger à occuper ce poste après le Suédois Sven-Goran Eriksson (2001-2006) et l'Italien Fabio Capello (2007-2012).
L'entraîneur a plaisanté en disant qu'il était "désolé" d'avoir un passeport allemand, mais il espère « convaincre » les sceptiques à travers ses futurs résultats.
La recette a en tout cas marché avec la Néerlandaise Sarina Wiegman, sélectionneuse de l'équipe féminine championne d'Europe en 2022 et vice-championne du monde en 2023.
L'influent tabloïd The Sun, réputé proche idéologiquement des conservateurs, a lui choisi l'humour grinçant pour accueillir Tuchel : « Fussball kommt nach hause » s'est affiché en Une, mercredi, soit la traduction allemande du célèbre « Football's Coming Home » (« le football rentre à la maison ») chanté au stade par les supporters anglais.