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RÉSULTATS

Marie-Ève Croteau, survivante et médaillée d'or de la résilience

Marie-Ève Croteau Marie-Ève Croteau - rds.ca
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Marie-Ève Croteau était présente à la Coupe du monde de paracyclisme de Québec, la fin de semaine dernière, non pas sur son tricycle de compétition, mais à titre de spectatrice. Le quartier de Charlesbourg où étaient présentées les courses, c'est celui de son enfance, alors, c'est pourquoi ce forfait lui faisait encore plus mal. Mais plus important encore, au moins, elle était là. Quelques semaines plus tôt, sa vie ne tenait qu'à un fil alors qu'elle venait à peine de renouer avec la compétition.

La pandémie a reporté trois fois une opération où l'on devait remplacer la pile du stimulateur (pacemaker) dont elle a besoin pour rendre ses intestins fonctionnels. À cause de ces retards, l'athlète a donc raté les premières Coupes du monde de la saison. Un mois plus tard, elle passait à nouveau sous le bistouri pour soigner une hernie.

Croteau a repris l'entraînement et a fini première au contre-la-montre et à la course en ligne aux Championnats canadiens, à la fin juin. « Je suis fière de ce que j'ai accompli en peu de temps. Et tout s'enlignait pour la préparation de la Coupe du monde et des Championnats du monde. »

À son retour des nationaux d'Edmonton, l'athlète est devenue aphone. Une visite à l'hôpital lui a confirmé qu'elle n'avait pas contracté la COVID-19, mais bien une bactérie qui avait commencé à s'attaquer à ses poumons. Le personnel médical a compris qu'il fallait agir rapidement.

« C'est une bactérie coriace et j'ai dû être intubée trois fois pour me sauver la vie. C'est vraiment réel : on m'a sauvé la vie. Le pneumologue aux soins intensifs m'a expliqué que je n'avais pas d'air qui passait. Je lui dois la vie, carrément ! »

Les malchances, l'ancienne championne du monde en a eu son lot au fil des ans. À la course en ligne (T1-T-2) des Jeux de Tokyo l'an dernier, elle avait chuté et s'était fracturé un coude. À Londres, en 2012, elle était présente dans la capitale britannique, mais n'avait pu s'élancer en raison d'une commotion cérébrale survenue avant les Jeux. À l'aube des Jeux de Rio, en 2016, elle s'était fait voler ses vélos avant de mettre le cap sur le Brésil.

N'importe qui serait découragé de voir cette longue liste d'obstacles surgir aux pires moments, sauf que Marie-Ève Croteau est la mieux outillée pour les surmonter. Contrairement à son système immunitaire, sa résilience, elle, est à toute épreuve.

« Depuis que je suis toute petite, j'ai toujours été une personne positive et jamais négative, peu importe la situation. […] Dans ma jeunesse, j'ai eu un gros accident de voiture et j'ai probablement maturé plus vite. Plus jeune, j'en ai bavé, alors j'ai trouvé des moyens pour embellir (ma vie). Ça m'a toujours suivie. »

Une fin de saison, pas une fin de carrière

Marie-Ève Croteau a repris l'entraînement en gymnase même si sa saison est terminée. Son larynx étant grandement affecté par la bactérie, elle doit être très prudente à chaque séance.

C'est tout de même avec un pincement au cœur lorsqu'elle a vu ses coéquipières et adversaires d'élancer jeudi dernier, au contre-la-montre, une épreuve où elle aurait dû être présente.

« Ça part juste devant la maison de mes beaux-parents. C'est mon école, mes rues et c'est ma jeunesse que j'ai passée ici. Mais là, c'est correct », ajoute-t-elle en souriant.

La Paralympienne voulait avoir l'heure juste à savoir si sa carrière d'athlète était terminée. Les spécialistes lui ont confirmé que non. Mais un peu comme l'ancien plongeur Philippe Comtois qui avait dû réapprendre à plonger avec une nouvelle jambe d'appel à la suite d'un grave accident, la paracycliste devra apprendre à respirer d'une nouvelle façon si elle veut retrouver les compétitions de haut niveau.

Avant même qu'on lui pose la question, elle confirme qu'elle visera une autre participation paralympique.

« Mon désir est là. Si le désir, la santé et les résultats sont là, ben go ! L'objectif, honnêtement, c'est Paris en 2024 », poursuit celle qui fera passer sa santé avant le sport. « C'est beau le sport, mais il y a une carrière et une vie en arrière de ça. Ça ne m'intéresse pas de payer le prix ou que ma famille garde un mauvais souvenir. »

Une journée à la fois, elle profite de la vie et elle ne s'empêche pas de manger un filet mignon avec son fiancé si elle en a envie.

« Autant je profitais de la vie (avant), là, j'en profite encore plus. Je suis vraiment reconnaissante. Écoute, on, m'a sauvé la vie ! Je suis une battante, une lionne, et si la compétition revient à Québec l'an prochain, je serai là. »