Yibing Wu premier Chinois à remporter un tournoi de l'ATP
Historique: Yibing Wu, aux nerfs solides durant trois jeux décisifs face au spécialiste du genre John Isner, est devenu le premier Chinois à remporter une épreuve du circuit professionnel masculin, dimanche à Dallas, après sa victoire 6-7 (4/7), 7-6 (7/3), 7-6 (14/12) sur l'Américain.
Wu, 23 ans, était déjà entré dans l'histoire la veille, en étant aussi le premier représentant de son pays à atteindre une finale, en battant le favori Taylor Fritz, 8e mondial, son premier succès contre un membre du top 10.
Le Chinois, qui passera lundi de la 97e à la 58e place mondiale, a d'autant mieux résisté à la pression pour sa grande première à ce stade, qu'il affrontait en Isner un joueur très expérimenté, gros serveur et spécialiste des tie-breaks, au point d'être recordman en la matière.
L'Américain de 37 ans est en effet devenu dans la semaine le premier à réussir ce que personne n'a pu faire depuis 1968 et le début de l'ère Open: passer la barre des 500 jeux décisifs remportés.
Alors, avec sa première balle pour arme fatale, puisqu'il est, du haut de son 2,08 m, aussi détenteur du record du plus grand nombre d'aces claqués, le 39e mondial a remporté le premier set, en restant solide sur son engagement.
44 aces pour rien
Il a dû sauver tout de même une balle de bris à 6-5, qui faisait balle de set également, avant de se détacher dans le jeu décisif, conclu sur son 17e ace.
C'est un scénario en tout point similaire qui s'est produit dans la deuxième manche, mais avec une issue différente. Isner a eu une balle de break, qui était aussi une balle de match à 6-5, mais Wu l'a effacée et s'est montré suffisamment agressif dans le bris d'égalité pour égaliser.
Sans surprise, le troisième set s'est encore joué au jeu décisif. Et le suspense fut total, car Wu a su effacer trois autres balles de match, pour conclure sur sa cinquième après une énième faute directe de son adversaire.
Isner pourra se poser la question de savoir comment peut-on perdre un match en ayant réussi 44 aces (!). Wu, lui, pourra se féliciter d'avoir cru en son tennis, très solide dans l'échange et plein de culot.
Il vient incontestablement de vivre la plus belle semaine de sa jeune carrière, en ayant battu d'autres joueurs bien mieux classés que lui, le Canadien Denis Shapovalov en huitièmes de finale, Adrian Mannarino en quarts.
Les Chinoises pionnières
2023 voit donc émerger un joueur qui a longtemps peiné à confirmer les promesses entrevues en juniors, après son titre en simple et en double à l'US Open en 2017 dans cette catégorie d'âge. L'an passé, il était encore 1869e au classement ATP, après des débuts chez les professionnels plombés par de nombreuses blessures entre 2019 et 2021.
Si, avant lui, la Chine n'avait pas connu de talent susceptible de se faire un nom sur le circuit masculin, ce n'est pas le cas sur le circuit féminin WTA puisque dix joueuses ont déjà remporté des titres, la plus célèbre d'entre elles demeurant Li Na avec ses neuf victoires dont deux en Grand Chelem (Roland-Garros 2011 et Open d'Australie 2014).
Plus récemment, c'est hors des courts de tennis que la Chine a fait parler d'elle avec l'affaire Peng Shuai. La lauréate de Wimbledon et Roland-Garros en double, aujourd'hui retraitée, avait disparu pendant près de trois semaines en 2021 après avoir accusé l'ex-vice Premier ministre Zhang Gaoli, de 40 ans son aîné, d'un rapport sexuel "forcé" lors d'une relation qui a duré plusieurs années.
Ce qui a conduit la WTA à renoncer à organiser depuis ses tournois dans ce pays malgré d'énormes enjeux financiers. Position que l'instance entend maintenir tant qu'elle n'aura pas l'opportunité de s'entretenir "en privé" avec Peng Shuai, a-t-elle fait savoir en janvier aux autorités chinoises.