Félix s'avoue vaincu après une semaine riche en émotions à Montréal

COLLABORATION SPÉCIALE

Dure journée de travail pour Félix Auger Aliassime en quarts de finale face au Norvégien Casper Ruud qui l'emporte en une heure 14 minutes, 6-1 et 6-2. Difficile de comprendre la contre-performance de Félix qui venait de disputer en ronde des 16 une rencontre de très haut niveau face à Cameron Norrie. Tout était en place avec de la grande qualité au service, en retours, dans l'échange et à la volée. Aujourd'hui cependant, Félix accepte les cadeaux que lui offre Ruud pour briser d'entrée. Ce qui allait suivre cependant fut une grande surprise alors que notre Québécois perd 10 parties de suite et son service cinq fois. Il semble fébrile, incertain de ses choix et très inconstant en revers. Son arme principale, le service le déserte complètement ce qui est dommage par dessus tout, car servir juste correctement aurait pu lui acheter du temps. Pas fou, Ruud met la balle en jeu, le fait jouer bien conscient que l'enfant du pays est crispé comme ce n'est pas possible.

À sa décharge, Ruud a changé de statut depuis un an et demi puisqu'il compte neuf titres en carrière, dont trois cette saison, en plus d'une finale grand chelem à Roland Garros et une ronde ultime au Masters 1000 de Miami sur surface dure. Fini le temps où il était étiqueté « terre battue » seulement. Ce tout terrain grimpe d'ailleurs à la 5e place mondiale avec cette présence en demie à Montréal. Peut-être que Félix avait un peu trop en tête la dernière bataille entre les deux à Madrid en 2021 alors que le norvégien le domine? Rien pour aider en tout cas aujourd'hui parce que le Québécois n'est pas suffisamment explosif côté jeu de jambes. C'est certain que les attentes sont grandes parce que le tableau est dégarni et que le rêve aurait pu devenir réalité. 

La bonne nouvelle c'est qu'il n'a pas le temps de pleurer sur cette défaite puisque dès lundi, c'est le Masters 1000 de Cincinnati et dans un peu plus de deux semaines, l'US Open. Il faut aussi bâtir avec les deux premiers matches bien menés contre Nishioka et Norrie et continuer de travailler pour se donner des clés afin de trouver un modus operandi quand les sensations sont moins bonnes.

De son côté, malgré la défaite au 3e tour, Bianca Andreescu peut être très fière de la manière qu'elle se comporte cette semaine à Toronto. La championne de 2019 est allée au bout de ses capacités physiques et mentales. Dans le fond, c'est tout ce que l'on peut espérer de la part d'une compétitrice. La foule, acquise à sa cause, a tout fait pour s'assurer que la canadienne se sente encouragée, supportée, appréciée et aimée d'un amour inconditionnel. Oui, on raffole d'elle à ce point à TO. D'ailleurs elle est la première à rendre hommage à ses partisans sans qui elle ne croit pas qu'elle se serait extirpée victorieuse de son match de premier tour devant Daria Kasatkina, nouvellement 9e mondiale.

L'ancienne 4e à l'échiquier mondial se doit maintenant de continuer de jouer des matches de haut niveau pour retrouver les automatismes et s'habituer aux rigueurs et exigences de ce circuit. Il faut aussi se fortifier pour éviter les blessures tout en trouvant la manière d'écourter ses matches. Bianca a presque joué pendant huit heures pour ses trois rondes ce qui est beaucoup trop. Cela sera aussi plus facile lorsqu'elle redeviendra tête de série pour éviter de jouer des compétitrices aguerries d'entrée.

Je vous offre en terminant deux coups de cœur vécus durant la semaine. D'abord, les soeurs Bianca et Leylah Fernandez qui sont allées chercher une victoire au premier tour du double devant deux joueuses aguerries Kristen Flipkens et Sara Sorribes Tormo en deux manches. C'est la première fois que Bianca participe à un match de ce niveau et elle s'est si bien comportée! En plus en conférence d'après match, j'ai découvert une jeune dame qui s'exprime intelligemment juste avec le bon dosage d'émotions lorsqu'elle rend hommage à sa grande sœur pour son grand professionnalisme. Magique!

Puis, bravo à l'équipe de Félix qui a jumelé ses efforts avec Valérie Tétreault de Tennis Canada pour nous concocter une magnifique surprise en début de semaine. On a eu la merveilleuse idée de placer un piano derrière les loges du central qui est complètement vide. L'image est saisissante, un peu comme le calme avant la tempête. Auger Aliassime commence à pianoter alors qu'il est rejoint par son professeur de piano. Déjà c'est pas mal sympa comme idée, mais encore mieux lorsque les amis et membres de la famille apparaissent du haut des gradins pour faire une belle surprise à FAA qui fête ses 22 ans lundi dernier. Bonheur pour notre globe-trotter qui laisse couler quelques belles perles sur ses joues...Pas de larmes aujourd'hui Félix, juste la rage au cœur de faire mieux la prochaine fois, c'est tout...