MONTRÉAL – Les attentes envers le quart-arrière Hugo Richard du Rouge et Or étaient hautes après son époustouflante première saison où il a été nommé joueur par excellence du Réseau du sport étudiant du Québec et recrue de l’année au pays en 2014.

L’année 2015 a été éprouvante pour le produit du Cégep Vanier qui a subi une commotion cérébrale qui lui a fait rater trois départs. La saison s’est ensuite terminée comme la précédente, soit par un revers crève-cœur en finale québécoise face aux Carabins.

Samedi dernier, le pivot de troisième année a démontré qu’il a fait bien du chemin depuis ses débuts universitaires et il a enfin pu soulever la première coupe Dunsmore de sa carrière.

Extrêmement exigeant envers lui-même, c’est probablement la pression qu’il s’impose lui-même qui pesait le plus lourd sur ses épaules. Après avoir vaincu les Carabins au CEPSUM en saison régulière, la pression venait de baisser d’un cran puisqu’il savait que son équipe et lui pouvaient l’emporter au domicile des Bleus. Le gain en finale québécoise a semblé libérer Richard qui affichait un grand sourire, chose qu’il ne fait pas toujours, même après une victoire.

« C’est très savoureux, affirmait Hugo Richard à la suite du triomphe de 20-17 en championnat québécois. Après avoir perdu la première Coupe Dunsmore en 12 ans, c’était très lourd en 2014. D’en perdre deux de suite à la maison, de venir gagner celle-ci chez les Carabins, ça fait beaucoup de bien. »

« De gagner la Coupe Dunsmore contre Montréal ne peut pas faire autrement que d’aider Hugo pour la suite. Ça lui enlève de la pression », a affirmé le coordonnateur offensif du Rouge et Or, Justin Éthier, au cours d’un entretien téléphonique plus tôt cette semaine.

Hugo Richard, Justin Éthier et Samuel ChénardDurant la saison morte, le personnel d'entraîneurs des Lavallois a travaillé sur l’aspect mental de son quart-arrière numéro un. Richard pouvait parfois se sortir lui-même d’un match en portant trop d'attention à ses erreurs. Il est maintenant beaucoup plus positif sur le terrain et est un rassembleur sur les lignes de côté.

On a pu le voir à la Coupe Dunsmore alors qu’il aurait pu s’écrouler après avoir commis deux interceptions au cours des trois premières séries offensives de son équipe. Il les a mises derrière lui et a regardé vers l’avant.

Il a terminé la rencontre avec 392 verges aériennes, une passe de touché en plus de marquer le majeur victorieux sur le jeu truqué. Tout ça en encaissant six sacs et en devant naviguer dans sa pochette pour esquiver la lourde pression du front défensif des Bleus.

« Un coup qu’on élimine les revirements, je trouve que Hugo a joué un match incroyable », a analysé Éthier après avoir visionné les bandes vidéo de la Coupe Dunsmore, mardi matin.

« Sa présence dans la pochette, c’est complètement un autre monde comparativement à ses première et deuxième années. Il a fait une amélioration incroyable. Je l’ai vu rester dans la pochette jusqu’à la dernière fraction de seconde. Je l’ai vu se faire frapper en complétant une passe à Tyrone Pierre. Il est beaucoup plus patient », a ajouté Éthier qui a aussi noté des changements positifs dans le non verbal du numéro 4 cette saison.

« Pour toute les fois qu’il a esquivé la pression de Montréal, si on n’avait pas eu un quart-arrière qui était en mesure de s’échapper, ç’aurait été l’enfer », a fait remarquer Éthier.

L’intensité qui caractérise Hugo Richard ne date pas d’hier. Michael Faulds, entraîneur-chef des Golden Hawks de l’Université Wilfrid Laurier qui seront les visiteurs du Rouge et Or en demi-finale canadienne, est bien placé pour le savoir.

Un retour à la Coupe Uteck pour Laval

En 2012, il était l’entraîneur des quarts-arrières de l’équipe canadienne des moins de 19 ans au Championnat du monde où le Canada a remporté la médaille d’or. Hugo Richard était l’un des deux pivots et c’était lui qui avait disputé le quatrième quart de la finale face aux Américains.

« J’ai toujours cru que j’étais quelqu’un de très intense. Il l’est lui aussi. En dehors du terrain, j’étais en mesure de lui soutirer un sourire. Mais il était très concentré. C’était tout un compétiteur », se remémorait Faulds à l’autre bout du fil, plus tôt cette semaine.

Lorsque Richard a gagné le prix remis à la recrue de l’année du football universitaire canadien en 2014, Faulds n’était pas du tout surpris. Il a décrit le quart qu’il affrontera cette fin de semaine comme un joueur « qui veut la victoire plus que tout ».

Mieux gérer un match

Bien qu’il n’en prenne beaucoup moins qu’avant, Hugo Richard court quelques fois des risques. Des risques comme celui sur sa deuxième interception alors qu’il a lancé une passe à contresens qui a terminé son chemin dans les mains du secondeur Frédéric Chagnon.

Le jeu d’Hugo Richard n’est pas encore sans reproche. Ayant une âme de compétiteur, Richard tente parfois d’en faire un peu trop. Justin Éthier et Mathieu Bertrand, qui a gagné deux coupes Vanier comme quart du Rouge et Or, ont aidé Richard à canaliser ce désir pour éviter les revirements.

« La deuxième interception, on veut l'éliminer de son registre. Si on retourne il y a un an ou deux, il en tentait cinq ou six par match des passes comme celle-là. Il y a eu beaucoup d’amélioration », a évalué Éthier qui utilise les qualités athlétiques de son quart-arrière dans la construction de ses plans de match.

On oublie parfois qu’Hugo Richard a été lancé dans la mêlée à un jeune âge. À sa première saison, il a été le partant du Rouge et Or par défaut puisqu’Alex Skinner était suspendu par l’équipe. Ce dernier a ensuite décidé de quitter le programme en constatant les débuts fracassants de Richard qui allait conserver le poste de quart numéro un même après son retour.

En 2015, le vétéran Marc-Antoine Langevin a fait de l’excellent boulot durant l’absence de Richard. Le Rouge et Or a redonné le poste de partant à son pivot de deuxième année à son retour au jeu parce qu’il voulait permettre à ce dernier de poursuivre sa progression. Un an plus tard, on voit que cela a porté ses fruits puisqu’on constate qu'Hugo Richard est beaucoup plus mature et à l’aise dans ses lectures.

Les quarts-arrières atteignent généralement leur plein potentiel à leurs deux dernières saisons. Justin Éthier trace un parallèle avec Gabriel Cousineau qui a connu ses deux meilleures campagnes à ses quatrième et cinquième années avec les Carabins.

« Je fais la référence à Gabriel Cousineau qui a eu deux années extraordinaires et c’était ses deux dernières. C’est là que ç’a explosé pour lui. Ce qui est important pour nous, et Glen le dit tout le temps, c’est de voir le progrès. Il n’y a aucun doute qu’on en voit dans le jeu d’Hugo », a révélé Éthier.

Avant de penser aux deux prochaines années, Hugo Richard et sa bande ont en tête la demi-finale canadienne face aux Golden Hawks et un match de la Coupe Vanier advenant un gain samedi après-midi. S’il évite les revirements, Richard donnera une excellente chance de gagner à son équipe.

S’il commet des erreurs, on sait maintenant qu’il a la force mentale pour les oublier et être le leader dont cette attaque a besoin.

« On a eu une bonne préparation »