Le destin mène Hassane Dosso et Elijah Cramaix avec les Carabins
MONTRÉAL – « J'ai arrêté de faire le con... » Hassane Dosso a une manière bien simple, et très franche, d'expliquer pourquoi il a repris le dessus sur son histoire inspirante, celle de quitter la France vers le Québec afin d'atteindre la NFL.
En arrivant au CÉGEP de Thetford, à 18 ans, Dosso a laissé une mauvaise attitude affecter ce chapitre de son parcours. Il est tombé dans le piège classique.
« Genre d'être arrogant, me foutre un peu de ce que le coach me dit, de jouer comme je le voulais au lieu de faire ce que l'entraîneur me disait », a décrit Dosso pour décrire les bêtises désormais éliminées de son comportement.
Étant loin de sa mère et de ses deux sœurs, il avoue que l'adaptation à la vie quotidienne a été éprouvante. Le déclic s'est amorcé, en 2017, à la suite de deux décisions drastiques de son entraîneur à Thetford qui l'a d'abord cloué au banc avant de l'exclure de l'unité offensive.
Hassane Dosso« Ensuite, je me suis dit que, si je voulais aller loin, il faudrait que j'arrête et que je fasse tout pour que le coach voit qu'il a besoin de moi. (Avec le temps), j'ai changé ma manière de vivre et je suis devenu plus sérieux à l'école et dans les pratiques. Me coucher plus tôt, manger mieux, arriver à l'heure, être plus discipliné... », a expliqué le receveur six pieds et 184 livres.
En raison de blessures, il a peu joué en 2018 et 2019. Son saut avec le Vert & Or de l'Université de Sherbrooke n'a pas été à son goût et il a choisi de transférer avec les Carabins où l'éclosion attendue a eu lieu en 2021.
À vrai dire, le mot éclosion ne rend pas justice à son rendement sensationnel de 757 verges aériennes en sept matchs. Il n'a été devancé que par les frères Tyson et Jalen Philpot à travers le Canada. Un changement de tangente si bénéfique pour sa carrière.
« C'est un mérite dans le sens que j'ai eu des difficultés, mais j'ai travaillé dur et ça porte fruits », a jugé Dosso qui n'a jamais songé à abandonner son rêve professionnel.
« Je n'ai jamais pensé ça, je me disais plutôt qu'il fallait que je me relève et que je travaille encore plus fort. Avec la dernière saison, je vois que je suis vraiment près de mon but et je donne encore plus d'efforts pour atteindre un autre niveau », a-t-il expliqué.
Ça tombe bien car il a enfin connu une saison morte dénuée de blessures. Son entraîneur-chef, Marco Iadeluca, n'a que de bons mots.
« Il a été un leader incroyable. C'est juste un joueur de deuxième année, mais il a une éthique de travail irréprochable. Le succès de l'an passé n'est pas arrivé par chance », a-t-il soutenu.
« On dirait que la saison qu'il a eue, au lieu de lui rendre la tête enflée, ça lui a fait réaliser qu'il a un beau potentiel. Il s'est mis au travail encore deux fois plus fort. J'en prendrais 100 comme lui », a enchaîné Iadeluca.
Dosso s'assure également d'écouter les conseils de ses amis qui ont fait le saut dans la LCF comme Kevin Kaya, Régis Cibasu, Redha Kramdi, Brian Harelimana et Souleymane Karamoko.
« Ils m'ont dit que les unités spéciales, c'est vraiment très important. Donc je vais essayer d'y jouer plus cette année », a ciblé Dosso sur un ton laissant deviner que c'est un sacrifice nécessaire.
Ce qui le rend visiblement heureux, c'est d'exposer la superbe chimie qui existe entre lui et le quart-arrière Jonathan Sénécal. Il trouve une manière poétique de l'expliquer.
« Franchement, je ne sais pas. C'était vraiment une coïncidence, on est arrivés un peu en même temps et ça s'est fait naturellement. On va dire le destin », lance-t-il avec son grand sourire.
Ce destin sera intrigant à suivre. Mais déjà, son changement d'attitude suffit à sa famille.
« Ils sont fiers de moi, ils voient que je ne suis pas parti pour rien. Ma mère a toujours eu confiance en moi, même quand ça allait mal. Si on rend à la coupe Vanier, je vais essayer de les faire venir », a conclu Dosso.
Un destin et un rêve liés aux Dussault
À croire que le destin fait également partie du parcours d'Elijah Cramaix, une recrue française à surveiller cette saison. Son père a été dirigé par Jacques Dussault en France et il devait venir jouer dans la LCF, mais une blessure l'a empêché de réaliser son objectif.
Plusieurs années plus tard, Dussault est retourné en France en compagnie de son fils, François, qui dirige les Diablos de Trois-Rivières au niveau collégial. Les Dussault ont invité Cramaix et son fils à venir au camp d'entraînement des Diablos.
Elijah n'a pas tardé à exposer son talent et il a finalement choisi de se joindre aux Diablos pour ses études collégiales. À son année recrue, en 2019, il a été époustouflant.
Elijah Cramaix« Il a remporté le titre de recrue par excellence avec neuf interceptions ! Je n'ai aucun doute qu'il aurait été, au minimum, candidat pour le joueur défensif de l'année et peut-être le joueur le plus utile », nous raconte François Dussault alors que la COVID-19 l'a empêché de s'attaquer à de telles visées.
Un problème de visa, autre malchance, l'a contraint à repousser son arrivée avec les Carabins d'un an. Il est donc arrivé en sol montréalais en janvier et il souhaite accomplir le rêve de son père.
« Bien sûr, avec du travail et de l'effort, ça paiera », a-t-il mentionné.
« Quand il est arrivé ici, on parlait des États-Unis pour lui. Il faut être jeune et athlétiquement supérieur, ce qu'il possède. Chaque fois qu'il a joué, il a réussi de grands objectifs. À partir du moment qu'il sera sur le terrain avec les Carabins, je ne suis pas inquiet pour lui », a évalué Dussault.
Cramaix aura sans doute besoin de temps puisqu'il n'a pas joué depuis deux ans. Mais son adaptation est sur la bonne voie notamment en raison de Dosso qui est devenu son ami en France.
« Ça fait huit ans qu'on se connaît. Quand il est parti, je me suis dit ‘OK, on peut faire des choses. Il m'a fait réaliser que c'était possible. Du coup, ça m'a donné un peu d'espoir, de force et de courage pour y aller. Et voilà qu'on se retrouve au même endroit », a exprimé Cramaix avec un sourire notant sa fascination pour les liens le destinant à jouer pour les Carabins, rappelons-le, ont été dirigés par Jacques Dussault.