Un match de football ne se décide pas uniquement par le talent ou par le choix des jeux. Le football, comme tous les sports, se joue aussi entre les deux oreilles.

Le Vert et Or de l’Université de Sherbrooke avait tous les atouts en 2013 pour répéter son excellente saison de 2012 qui s’était terminée par une défaite à la Coupe Dunsmore.

La formation de l’entraîneur-chef David Lessard comptait sur l’un des meilleurs quarts au pays muni d'un bon groupe de receveurs. En défense, le système avait fait ses preuves avec des joueurs de talent à chaque position et il y avait une relève au botteur William Dion qui avait terminé son parcours universitaire.

Les attentes étaient hautes. On pensait déjà trop loin chez le Vert et Or. Les défaites se sont accumulées en début de saison et il a fallu attendre à la quatrième semaine avant de goûter à la victoire.

David Lessard« Tu apprends autant dans la victoire que dans la défaite. Nous avons connu de très grandes victoires et des défaites déchirantes. Dans les deux cas, nous sommes devenus meilleurs », a relaté Lessard, lorsqu’il analyse les deux premières saisons de son règne à la barre des Sherbrookois.

Le plan de match du Vert et Or pour l’année 2014 est de revenir à la base. De retrouver ce qui avait fait son succès il y a deux ans lorsqu’il avait terminé avec un dossier de 6-3. Les demi-finalistes de 2013 sont maintenant mieux outillés pour faire face aux défis de la nouvelle campagne, qui commencera avec un affrontement face aux Redmen sur le campus de l’Université de Sherbrooke.

« La saison dernière, ç’a été difficile pour l’équipe en général de gérer les attentes. Il y a deux ans, nous avions eu une excellente saison. L’an dernier, les attentes étaient élevées et un peu tout le monde a mal géré ça. Cette année, on ne se souciera pas de ce qui se passe autour. On mettra notre attention sur l’effort à tous les jours pour devenir une meilleure équipe de football », a expliqué Lessard, qui a remis les priorités de son équipe à la bonne place.

« C’est dans l’aspect mental. On avait perdu de vue les objectifs de réussir un jeu à la fois et le chemin pour se rendre à nos buts. On a dévié un peu de ça et on a trop regardé le résultat final. On est tombé dans cette spirale négative. Cette année, on rentre avec un noyau de joueurs qui a vécu ça et qui sait maintenant dans quels pièges qu’il ne faut pas tomber », a affirmé le quart-arrière partant, Jérémi Roch.

La pression est maintenant tombée et les joueurs sont définitivement prêts à faire oublier la dernière saison.

« On s’était mis de gros objectifs. On avait le rêve que tout le monde a qui est de gagner la coupe Vanier. C’est sûr que ça nous mettait plus de pression. Mais on revient à la base et on est plus décontracté. On fait juste jouer au football entre chums », a lancé le joueur de ligne offensive de cinquième année, Renaud Lafrance Longtin.

Expérience et maturité

La majorité des joueurs de l’édition 2014 est de retour pour amorcer cette nouvelle saison.

Parmi eux, on compte le quart Jérémi Roch qui n’a plus besoin de présentation. Ce dernier en sera à sa quatrième saison avec le Vert et Or après une carrière collégiale avec les Cheetahs du Collège Vanier.

Bien que le jeu au sol fut très productif en 2013, Roch demeure le pilier central de cette unité offensive. Comme toute l’équipe, le quart droitier a eu du mal à prendre son envol l’an dernier.

Mais depuis l’élimination de son équipe en novembre, Roch a vécu plusieurs expériences qui l’ont rendu plus mature. Un stage aux États-Unis chez la multinationale BRP en hiver a eu une influence positive sur le numéro 12. Il a aussi pu se comparer aux joueurs de sa position lors du Défi Est-Ouest regroupant les meilleurs espoirs des universités canadiennes. Finalement, il a fait partie des joueurs universitaires québécois à recevoir une invitation au camp des Alouettes à titre d’observateur.

« Le défi de Jérémi, c’est un peu le même que celui de l’équipe. C’est de mieux gérer les attentes. C’est de se concentrer sur le quotidien et sur tout ce qu’il a à faire pour devenir un meilleur joueur. Je pense qu’il est mieux armé que jamais pour commencer l’année », a noté Lessard.

« J’en ai un peu plus à faire (en raison de ma position), mais c’est d’essayer de ne pas en faire trop. Faire tout ce qui est inclus dans mon rôle du mieux que je le peux. Je n’ai aucune inquiétude que les gars autour de moi vont faire leur travail. Le mien, ce n’est pas d’essayer de gagner le match par moi-même, mais c’est de donner le ballon à mes coéquipiers pour faire des jeux », a nuancé celui qui est maintenant âgé de 22 ans.

Pour l’aider, Roch pourra compter sur les porteurs de ballon Alexandre Aubé et Isaac Lauzon qui ont respectivement gagné 474 et 408 verges au sol lors de la dernière campagne.

Les receveurs de passe Francis Lapointe et Sébastien Blanchard, qui en seront tous deux à une dernière saison universitaire, tenteront de reproduire les bonnes statistiques de 2013.

L’ombre au tableau de l’attaque sherbrookoise a été du côté des points marqués l'an dernier. Le Vert et Or a connu énormément de difficulté à compléter le travail en marquant des touchés, particulièrement dans la zone payante. L’Université de Sherbrooke n’a inscrit que 164 points, le plus bas total des six formations du Réseau du Sport étudiant du Québec (RSEQ).

Sébastien Blanchard

En 20 présences dans la zone payante de leurs adversaires, le Vert et Or a dû se contenter de 11 touchés (dernier du RSEQ à ce chapitre) et 5 placements.

« Nous n’avons pas récolté les fruits de notre équilibre en attaque, car nous n’avons pas marqué de points, du moins pas assez. C’est sûr qu’il faut être meilleur dans la zone payante. Mais c’est vraiment à l’orée de cette zone que nous avons eu de la difficulté. On parle d’un meilleur choix de jeu et d’une meilleure planification tactique de ce qu’on va faire. Et évidemment, une meilleure exécution des jeux », a souligné Lessard.

« Les entraîneurs ont trouvé les erreurs qu’on faisait dans la zone payante. Ils ont fait un bon travail pour apporter d’autres concepts et une autre approche pour qu’on réussisse à marquer dans cette zone », a ajouté Sébastien Blanchard, qui a dominé la colonne des réceptions chez les receveurs du RSEQ avec 49 en 2013.

Une des raisons qui peut expliquer le manque de point du Vert et Or l’an passé est l’absence du botteur Mathieu Hébert. Celui qui était une recrue a raté une bonne partie de la saison en raison d’une mononucléose.

Le successeur de William Dion est aujourd’hui en santé, ce qui est de bon augure pour les unités spéciales.

« Tu ne t’attends pas à perdre ton botteur. Ce n’est pas une position qui a un haut risque de blessure. Quand il était présent, il faisait partie de l’élite à sa position. Il est exceptionnel sur les bottés de dégagement. On compte sur lui en santé pour pouvoir bénéficier de son talent. Quand il a été là l’an passé, il a fait une différence », a vanté Lessard, en touchant à du bois pour ne pas revivre le scénario de 2013.

En défense, l’excellent duo de secondeurs composé de Dempsey Justra et Olivier Goulet-Veilleux est demeuré intact. Le nouveau coordonnateur défensif Guillaume Boucher tentera de bâtir sur les bonnes bases de l’an dernier.

Par contre, l’ailier défensif Jean-Christophe Gagnon et le maraudeur Jean-Philippe Dupuis ont quitté, laissant de gros souliers à chausser.

Mais il s’agit du cycle du football universitaire et ce sera à de nouveaux joueurs de prouver leur talent. C’est aussi au Vert et Or de retrouver ses lettres de noblesse après une saison cauchemardesque.

Jeudi, le RDS.ca poursuivra son tour d'horizon des équipes de football universitaire québécois avec un aperçu des Carabins de l'Université de Montréal.