Texte tiré du site bulletinsportif.ca

Plusieurs annonces ces derniers jours ont mis les projecteurs sur le sport étudiant québécois. Les deux prochaines semaines ne seront pas de tout repos pour les entraîneurs et directions sportives qui tenteront de rassurer la haute direction de leurs universités. Car il s’agit bien de cela.

Actuellement, le sport étudiant est sur pause. On a annoncé que les équipes collégiales avaient obtenu la permission d’organiser des matchs hors-concours, là où les directions le veulent bien. Mais du côté universitaire et scolaire, on attend toujours. Si le retour du sport scolaire est surtout tributaire des bonnes statistiques sur la COVID-19, le volet universitaire du sport étudiant me semble le plus difficile à prévoir.

Évidemment, si des éclosions surviennent un peu partout, la question ne se posera plus. Toutefois, même si le nombre de cas demeurait stable, il est loin d’être évident que les directions des universités permettront le retour au jeu des athlètes cet automne. Le mot qui revient le plus souvent dans la bouche des rares responsables qui ont accepté de parler est DIFFICILE.

« Nous vivons actuellement une crise du sport amateur et c’est difficile » – Manon Simard, directrice générale du CEPSUM, au sujet de la situation qui frappe le sport étudiant au Québec.

Manon Simard, directrice générale du CEPSUM depuis juillet dernier et qui avait auparavant oeuvré à titre de directrice du sport d’excellence à l’Université de Montréal, a accepté d’expliquer pourquoi nous en sommes là au mois de septembre.

« D’abord, nous sommes dans une situation de crise, les gestionnaires de sport doivent changer la manière d’aborder leur situation. On ne gère plus du sport, mais de la santé et c’est difficile de se faire accompagner adéquatement. Les gens du domaine de la santé qui comprennent bien les particularités du sport sont assez rares », nous explique-t-elle d’entrée de jeu.

Madame Simard ajoute : « Nous sommes aussi dans un contexte multisport. Il y a 10, 12, 15 expertises spécifiques à prendre en considération. Puis il y a les équipes médicales mises en place qui ont dû apprendre de nouvelles façons de travailler. Tout le monde est constamment en train de s’ajuster. »

Au fil de la discussion que j’ai pu avoir avec elle, on essaie de comprendre les nuances et ce qui a causé le report de deux semaines avant une décision claire.

Au printemps dernier, les entraîneurs mettaient toute leur énergie à garder les athlètes en mouvement. Des programmes ont été préparés pour s’assurer de rester en forme tout en étant à la maison, mais il fallait aussi trouver des façons de motiver les athlètes dans un contexte inédit. Puis on a trouvé des façons de sécuriser le mieux possible les salles et les équipements afin d’offrir un meilleur encadrement lorsque les gymnases ont pu ouvrir leurs portes.

Pendant ce temps, la direction des universités concentrait ses forces à ramener ses chercheurs et ses professeurs au boulot. Organiser les espaces de travail et équiper les salles pour les cours à distance demandent beaucoup de temps. Et ce ne sont que quelques éléments parmi tout ce qui est à gérer et qui demande des ajustements constants. On comprendra que le sport n’est pas nécessairement la principale priorité des recteurs dans un tel contexte.

Une situation politique

Maintenant que la rentrée est en cours, la question du sport pour ces gens est devenue d’actualité. Si le ministre Roberge a fait une annonce improvisée sans trop prendre le temps de bien comprendre les enjeux de la partie sportive de son ministère (lire Isabelle Charest), il faut aussi ajouter qu’il y a une nouvelle ministre déléguée à l’Enseignement supérieur depuis juin, madame Danielle McCann. Elle était ministre de la Santé au début de la pandémie et sa sensibilité à la sécurité de la population est peut-être exacerbée par son contact incessant avec la Santé publique.

Les questionnements de Mme McCann auprès des plus hautes autorités de nos établissements universitaires ont fort probablement un effet sur la prudence de chacun. On ne parle donc pas de politicaillerie ou de chicane de clochers, mais d’implication directe des ténors du gouvernement dans la gestion du retour à la « normalité » dans les universités. On peut penser que ça oblige un paquet de monde à marcher sur des oeufs.

Des disparités entre les universités

J’ai aussi eu l’occasion de discuter avec d’autres responsables à divers niveaux dans différentes universités. Requérant l’anonymat ou refusant simplement d’entrer dans les détail pour éviter toute mauvaise interprétation, on comprend que le poids actuel est lourd sur les épaules des organisations. Les disparités sont grandes entre les institutions. Que ce soit une question régionale, de quantité d’étudiants présents ou de capacité à être accompagné par des équipes médicales, chaque institution a ses réalités propres.

Cependant, l’objectif demeure la capacité à gérer les cas éventuels de COVID et l’impact que ça aurait sur le reste de la population. Cette préoccupation est au centre de tous les efforts, mais pourra-t-on offrir des réponses suffisantes? C’est difficile. Certains cas présumés ont été répertoriés et il semble qu’on ait su bien réagir. Mais qu’en serait-il dans un contexte de compétition avec des étudiants qui devraient aller en laboratoire le lendemain d’un match?

On ne peut pas savoir à ce moment-ci si les efforts déployés permettront aux sports universitaires d’avoir lieu cet automne. On ne sait pas non plus si les sports intérieurs pourront être pratiqués de manière compétitive. Mais les réflexions, les planifications et les mesures mises en place ne seront pas vaines. Comme un responsable me l’a fait remarquer : « Ce qui est fait à l’heure actuelle nous prépare aussi pour l’hiver et le printemps prochain. On a au moins le mérite d’essayer. »

Cette dernière déclaration résonne quand on sait que certaines universités ailleurs au Canada ont trouvé que les autorités ont peut-être été un peu trop promptes à tout annuler.

Pas une question d’argent

Des questions ont été soulevées par quelques personnes en lien avec un possible manque de liquidités pour certaines universités ou certains programmes. Ce manque d’argent dû à l’annulation des activités de levées de fonds ou aux camps de jours au printemps et à l’été justifierait la lenteur de la décision d’après ces personnes.

Chaque personne questionnée à cet effet m’a assuré que bien qu’il y ait effectivement moins d’argent dans les coffres pour certains, la question de l’argent n’a jamais été soulevée dans les rencontres auxquelles ils ont participé. En résumé, les sous ne seront pas un enjeu lorsque le retour sur les terrains sera annoncé.

Le RSEQ dévoile son guide médical

Le RSEQ a rendu public son guide médical pour accompagner les intervenants de première ligne du milieu sportif québécois. La preuve que le cas des universités est particulier est qu’il y a deux versions du guide. Un pour les secteurs scolaire et collégial et un second pour le secteur universitaire. Le tout a été préparé en collaboration avec le comité médical mis sur pied par les écoles et l’Université de Montréal.

Croisons-nous les doigts pour que ça puisse donner la crédibilité nécessaire à tout le travail qui est fait par l’ensemble des intervenants du sport étudiant au Québec. 220 000 étudiants-athlètes attendent impatiemment.