Texte tiré du site Bulletinsportif.ca consacré au sport étudiant

6 pieds 3, 215 livres, une charpente impressionnante pour un demi de coin. Ajoutez à cela un chrono de 4:53 sur 40 verges et vous avez là un diamant brut à polir pour un entraîneur collégial américain. C’est justement le rêve que caressait Frederick Boubane Lesieur et c’est à la célèbre université Penn State qu’il aura l’opportunité de le vivre.

Jeudi le 28 janvier 2021, après des mois de démarches, Fred a finalement annoncé sur les réseaux sociaux qu’il serait un Nittany Lion à partir de la saison 2021. Il ira rejoindre le receveur étoile et ancien des Spartiates du Vieux-Montréal Malik Meiga. « Je lui ai écrit pour lui dire que je je m’en venais le rejoindre, mais on ne s’était pas parlé avant ma décision », raconte Lesieur.

L’histoire de Frederick est particulière notamment parce qu’il a vécu un épisode malheureux à l’automne dernier alors qu’une agence lui a littéralement dérobé 5 000$. L’histoire a été racontée par le collègue Richard Boutin . D’ailleurs, Lesieur n’a jamais réussi à les rejoindre depuis. Heureusement, une autre agence a pris le relais en lui offrant de prendre son cas en charge gratuitement. Et ça a très bien fonctionné.

Grand sportif depuis son plus jeune âge, Frederick a commencé à jouer au hockey à 4 ans et au football à 5 ans à Boucherville. Il a joué 12 ans au hockey et avait même arrêté le football en secondaire 3 et 4 pour se concentrer sur ce sport. Il excellait sur patins et le temps avait un peu entamé son intérêt pour le football, mais après deux ans loin du gazon, il a choisi de remplacer définitivement les lames par des crampons.

L’image peut contenir : une ou plusieurs personnes, personnes debout et chaussures

Frederick est donc retourné jouer au poste de receveur de passes pour une dernière saison avec les Grizzlies de Boucherville.

L’image peut contenir : 1 personne, pratiquer un sport, football et plein air

Recruté par plusieurs programmes, il a ensuite choisi de se déraciner et d’aller se joindre au programme des Cougars de Champlain-Lennoxville. « Je vivais en résidence avec d’autres joueurs de l’équipe et c’était un peu le bordel », se rappelle-t-il en riant. « Mais je ne me sentais pas à ma place là-bas. Ce n’est rien contre personne, j’y ai encore de bons amis et je m’entendais très bien avec tous les coachs. »

Puisque les Phénix d’André-Grasset avaient été sur les rangs pour obtenir ses services après ses années secondaires, il a parlé à ses amis Kevin Mitale et Mustapha Fall qui étaient déjà avec l’équipe puis il a demandé à Coach Iadeluca s’il était intéressé à le prendre avec eux.

C’est ainsi que Frederick Boubane Lesieur s’est présenté au camp pour obtenir un poste de receveur de passes. Après tout le camp d’été et les deux premiers entraînements officiels, on lui a demandé d’essayer la position de demi de coin. « J’avais joué à cette position entre l’âge de 8 et 10 ans, avant de devenir receveur. Mais j’ai dû être opéré suite à une déchirure d’un tendon à un doigt subie en jouant au flag-football. J’étais moins à l’aise pour attraper les ballons et ça a joué. Mais maintenant, tout est revenu à 100%. »

D’ailleurs, Coach Tony Iadeluca salue son attitude. « Il possède une bonne éthique de travail et c’est un très bon gars d équipe. Je l’ai changé de position et il a accepté.

Frederik Boubane Lesieur - Hudl

Avec la pandémie de COVID qui a limité les Phénix à un seul match, c’est donc avec seulement une année d’expérience à titre de demi de coin derrière la cravate que Frederick a amorcé ses démarche pour réaliser son rêve de jouer dans la NCAA. « J’ai toujours voulu aller jouer dans la NCAA depuis que j’ai 7-8 ans. Un jour, un coach dont je ne me rappelle plus du nom est venu nous parler et il avait joué dans la NCAA. À partir de là, je me suis donné cet objectif. »

Pas facile de se faire connaître des plus grands programmes universitaires aux États-Unis dans un tel contexte. Mais Coach Iadeluca croit en ses chances : « Fred a définitivement la vitesse et le size pour réussir. Il manque d’expérience à la position de DB mais il vont le former. »

Frederick avait eu ses premiers contacts avec les universités américaines alors qu’il était en secondaire 5. Avec un groupe, il a fait des visites aux États-Unis où il a pu voir quelques campus dont celui de Syracuse. Puis il a eu ses premières discussions entre sa 2e et sa 3e saison collégiale. « La COVID a vraiment compliqué les choses. Je n’avais pas beaucoup de films à montrer. »

Il faut savoir que via les agences américaines, les joueurs désireux d’être recrutés envoient des vidéos montrant leurs meilleurs jeux, leurs statistiques et un texte pour se présenter. La mésaventure avec l’agence frauduleuse n’a heureusement pas empêché Lesieur de poursuivre ses démarches. « L’agence envoie nos informations à des milliers de coachs. Après la première journée, j’avais déjà eu une centaine de réponse provenant de la NAIA et de la NCAA en D1, D2 et D3. Mais je visais vraiment une place en D1. »

En temps de COVID, lorsque les entraîneurs entrent en contact avec les joueurs, ceux-ci doivent remplir des questionnaires et des rencontres via ZOOM sont organisées où on leur présente les installations et où on parle du programme. Par la suite, une offre est déposée ou non par les entrâineurs.

Bien qu’il ait eu des contacts avec des universités canadiennes (il était particulièrement intéressé à UBC et Montréal), Frederick savait qu’il allait tenter sa chance au sud de la frontière dès qu’il a reçu sa première offre d’un junior college. Finalement, cinq programmes D1 lui ont fait une offre : Rhode Island, Murray State, Maine, Campbell et Penn State.

Image

Les offres étaient toutes pour des walk-on avec une possibilité d’avoir une bourse d’étude à partir de la 2e année. Ce qui impliquera assurément d’importantes dépenses l’an prochain. « Il n’y a rien de garanti alors oui, ça implique pas mal d’argent. J’ai donc fait appel à plusieurs membres de ma famille et j’ai contacté de nombreux services de bourses. J’attends encore des réponses. »

Mais pourquoi Penn State plus que les autres? « La chance de jouer dans le Big 10 ». Une réponse courte qui veut tout dire alors qu’on comprend bien que Frederick Boubane Lesieur veut vivre au maximum cette expérience du football de la NCAA.

D’ici à ce qu’il puisse fouler le mythique terrain du Beaver Stadium, Frederick terminera sa dernière session sur les bancs du collège André-Grasset. Il poursuivra ensuite ses études en Fine Arts. « J’ai toujours eu un côté très artistique. Je veux me diriger en design graphique. J’aime beaucoup dessiner et mon père travaille chez Adobe alors plus jeune j’avais accès à leurs logiciels gratuitement donc je m’amuse avec ça. »

Pour le moment, il a parlé avec le directeur du recrutement et l’entraîneur des demis de coin. Il s’attend à recevoir un programme d’entraînement prochainement. Lesieur quittera à la fin juillet ou au début du mois d’août prochain. « Je m’en vais là avec l’objectif de dominer et de me faire une place rapidement. Je veux être habillé dès ma première année. »

Un autre Québécois qui tente sa chance aux États-Unis. Un autre dont il fera plaisir de suivre le développement. Et qui sait? Pourrait-il suivre les traces d’un joueur comme Benjamin St-Juste, qui évolue à la même position que lui avec les Gophers de l’Université du Minnesota? Ce dernier, un ancien des Spartiates du Vieux-Montréal sera à surveiller au prochain repêchage de la NFL.

Le football québécois est en santé.