Texte tiré du site consacré au sport étudiant bulletinsportif.ca 

Vendredi dernier, en fin d’après-midi, le ministère de l’Éducation du Québec (MEQ) a émis une nouvelle mouture de son document COVID-19 : Foire aux questions. La fameuse clause 70 a été corrigée (cette fois au paragraphe 77). Mais le gros bon sens exigé par le milieu du sport étudiant est-il arrivé trop tard?

D’abord, il faut souligner que la clause 70 qui obligeait une équipe sportive scolaire à interrompre ses activités dès que des cas des COVID étaient déclarés dans l’école (peu importe que les cas aient été en contact ou non avec l’équipe) a été logiquement modifiée. En remplaçant le terme « cas de COVID » par « une éclosion confirmée par la santé publique », on a corrigé le tir en alignant le message sur celui de la Santé publique.

Cependant, il faut aussi dire que le MEQ continue d’être plus sévère que la Santé publique puisque cette dernière mentionne qu’il n’est pas recommandé de se déplacer en zone orange alors que le document du MEQ les interdit. On joue peut-être sur les mots et la situation actuelle de la COVID invite certainement à plus de prudence que moins.

Rappelons toutefois que le Dr. Arruda avait lui-même confirmé en point de presse que si les cas de COVID n’avaient pas été en contact avec la bulle de l’équipe sportive, il n’était pas indiqué d’annuler les matchs. Cela mettait un point d’exclamation à toute la saga qui a démontré que le ministre Roberge a fait fi des recommandations et demandes du milieu quand il a pris ses décisions et émis ses directives.

Maintenant, si on pouvait enfin se réjouir de la rectification du tir après des semaines de tiraillements, on doit maintenant se demander si tout n’est pas arrivé trop tard pour les étudiants-athlètes, leurs entraîneurs et leurs parents.

7 des 9 matchs de football scolaire D1 (qui inclut le D1b cette saison) ont été annulés. Les cinq matchs de la région de Québec n’ont pas eu lieu suite à l’annonce de mercredi par la section Québec-Chaudières-Appalaches du RSEQ qu’elle cessait ses efforts pour tenter d’organiser les calendriers en soccer et football en raison de la clause 70. À cela, il faut ajouter le match Jean-Eudes vs. Notre-Dame, annulé parce qu’un cas de COVID (non lié à l’équipe de football) a été déclaré au Collège Notre-Dame.

Puis, il y a le cas des Loups de Curé-Antoine-Labelle qui devaient affronter les Voltigeurs du Collège Bourget. Malheureusement, la gestion des zones aura amené la direction de Bourget à refuser de jouer le match puisque les Loups sont situés en zone orange. Le hic, c’est que la décision est survenue à la dernière minute alors que des joueurs ont appris la nouvelle en arrivant au vestiaire samedi matin, ajoutant à la déception des derniers temps.

Du côté collégial, qui n’est pas concerné par les directives du MEQ, on a aussi assisté à de nombreuses annulations de match. Les zones oranges et les directives visant à restreindre les déplacements dans celles-ci ont forcé l’annulation d’un match en football D1, de deux en D2 et de deux autres en D3. À noter que le match entre Garneau et Lévis n’a pas été disputé car des cas de COVID au sein de l’équipe des Élans de Garneau ont été déclarés.

Au soccer, c’est un total de 11 matchs D1 et D2 qui n’ont pas été disputés.

Avec les zones qui ont viré au rouge dans les dernières heures, on peut se demander quel impact ça aura sur le sport et si les équipes auront l’occasion de disputer un autre match cet automne. Au moment d'écrire ces lignes, les fédérations sportives et le RSEQ sont à s'assurer de l'impact réel des nouvelles consignes.

Toute cette saga aura duré au bas mot un mois. Un mois depuis que le ministre Roberge a annoncé arbitrairement que le sport interscolaire allait devoir attendre, hésiter, espérer, désespérer et peut-être se jouer. Pendant ce mois, des milliers d’étudiants-athlètes n’ont pas pu amorcer leur saison alors que la situation leur aurait permis de le faire en relative sécurité.

Maintenant qu’on a décidé de d’injecter une dose de bon sens dans tout cela, la réalité rattrape. La deuxième vague de COVID frappe le Québec de plein fouet. Les étudiants-athlètes auront échappé les meilleures opportunités de jouer pendant que leurs collègues du sport civil ont pu profiter des mois d’août et de septembre pour se délier les jambes et faire ce qu’ils aiment. Même si les saisons sportives civiles n’arrivaient pas à se conclure, mentalement parlant, ça aura fait une différence, j’en suis persuadé.

Toute cette histoire est malheureuse. Malheureuse parce que l’énergie déployée à s’entraîner dans le but de jouer, à préparer les terrains et gymnases pour que tout soit sécuritaire, à créer des bulles, à encourager les jeunes, à espérer aura, en partie, été vaine pour des raisons de politicaillerie et d’ego.

Si on avait voulu être cohérent avec le reste du sport, les équipes scolaires auraient joué au moins 3-4 matchs chacune. Sachant que la saison n’allait peut-être pas se compléter, les étudiants auraient au moins concrétisé leur préparation avec des réussites, avec des souvenirs. Les entraîneurs auraient eu des éléments sur lesquels bâtir avec leurs athlètes.

Si on avait pris la décision de tout annuler parce qu’on craignait avec justesse la deuxième vague, on aurait assurément engendré du mécontentement. Néanmoins, les attentes auraient été différentes. La préparation aurait été différente. L’organisation de tout le sport et des conséquences pour ceux et celles qui souhaitent passer à une prochaine étape dans leur carrière auraient été différentes.

Il est là l’impact de l’incohérence du message. Compétitionner est l’objectif ultime. Mais la pandémie a fait en sorte que tout le monde (ou presque) aurait compris un arrêt des activités dû à un reconfinement. Le gouvernement n’a pas demandé à devoir gérer ça. Toutefois, les tergiversations, le manque d’écoute, l’absence de considération envers les représentations du RSEQ via la ministre déléguée Isabelle Charest auront créé du tort inutilement.

Et maintenant, la campagne du gouvernement 28 jours Covid – On casse la vague, où on demande aux gens d’éviter les contacts sociaux durant 28 jours.

Je comprends que la situation est complexe, qu’il y a des priorités. L’équilibre entre la protection de la population et le maintien d’une économie et de la santé mentale de tous est extrêmement difficile. Sauf qu’il faut conclure que le sport étudiant a été victime d’une erreur de gestion. Le document soumis vendredi aux écoles du Québec pour corriger le précédent arrive probablement trop tard.

Ceci dit, le premier ministre François Legault a bien mentionné dans son point de presse  : « Le gouvernement veut être le plus normal possible dans les écoles et ça inclut les sports ». Mais il a aussi mentionné que les rassemblements extérieurs avec des gens à moins de deux mètres étaient interdits. Il y a donc place à l'interprétation. À suivre...