Texte tiré du blogue Bulletin sportif consacré au sport étudiant

Garde étoile des Stingers de Concordia, Myriam Leclerc s’est passionnée pour le basketball dès son plus jeune âge. C’est en effet après avoir gagné une course en 2e année du primaire qu’elle a été recrutée par Pierre Lemay pour faire partie de l’équipe de mini-basket des Vaillantes de Ste-Victoire-de-Sorel. Depuis ce temps, le basketball fait partie de sa vie. Portrait d’une des meilleures joueuses de basketball universitaire au pays.

Originaire du village de Saint-Roch-de-Richelieu, Myriam Leclerc vient d’une famille sportive. Son frère cadet au soccer, son père au hockey et sa mère au volleyball ont tous en eux cette passion du sport. C’est donc tout naturellement que Myriam a appris à aimer son sport, mais aussi à vouloir y exceller, sans pression et sous les encouragements.

Elle aimait tant jouer au basketball que ses parents acceptaient volontiers de lui faire rater la dernière demi-heure d’école deux fois par semaine pour aller aux entraînements du club de Pierre Lemay et de son acolyte Daniel Tellier situé à 30 minutes de chez elle, en plus des tournois chaque fin de semaine.

Il faut savoir que messieurs Lemay et Tellier sont des légendes dans le monde du mini-basket. Ils ont laissé une marque assez importante dans leur coin de pays que le centre récréatif de Ste-Victoire-de-Sorel porte le nom de Lemay-Tellier. Encore aujourd’hui, Myriam parle régulièrement à M. Lemay et on sent un mélange d’admiration et de complicité quand elle le nomme.

Myriam en compagnie de Pierre Lemay, celui qui l’a initiée au basketball

Après ses années primaires et de mini-basket, Myriam a évolué deux ans pour les Tornades de Longueuil au niveau civil et 5 ans avec les Polypus de Sorel au secondaire en plus de faire partie d’Équipe Québec à quatre reprises avec les U15 et les U17. Elle arbore d’ailleurs le numéro 23 depuis son arrivée avec les Tornades de Longueuil. « Je portais le #5 avec les Vaillantes, mais ce numéro n’était pas disponible. Alors j’y suis allée simplement, 2 + 3= 5. Et de grands joueurs comme Michael Jordan et Lebron James le portaient. »

Sans surprise donc, au lendemain de sa saison en secondaire 5, les appels arrivaient de partout de la part des cégeps qui espéraient la voir s’ajouter à leur formation. Comme elle savait qu’elle allait devoir se déraciner pour poursuivre son cheminement pédagogique et sportif, les options étaient nombreuses. Mais le choix de Myriam était d’abord dicté par la qualité de l’enseignement qu’elle allait recevoir.

Ainsi, son choix s’est arrêté sur le Cégep Ste-Foy dont l’équipe féminine de basketball était dirigée par Dave Laroche, qu’elle avait connu avec Équipe Québec. À sa première année avec les Dynamiques, elle a terminé au 5e rang de la ligue au chapitre des vols de ballon et 6e pour les passes décisives. Deux catégories statistiques où son nom continuera de figurer tout au long de sa carrière. Cette année-là, les Dynamiques remportent le championnat provincial face aux Nomades de Montmorency et s’inclinent par un seul point lors du match pour la médaille de bronze du championnat canadien. Myriam est alors nommée sur la deuxième équipe d’étoiles du tournoi.

La saison suivante, les Dynamiques s’inclinent lors du match de médaille de bronze provincial face à Trois-Rivières. Myriam Leclerc inscrit alors son nom parmi les meneuses dans plusieurs catégories, terminant notamment première pour la moyenne de passes décisives par match et pour les vols de balle.

Puis, à sa troisième et dernière campagne au sein des Dynamiques, elle est nommée sur la première équipe d’étoiles du RSEQ et la première équipe d’étoiles canadienne en terminant au 1er rang de la ligue au chapitre des passes décisives et au 2e rang pour les points, les vols de balle, le % de réussite aux 3-points et le % de réussite à la ligne des lancers francs. Myriam et les Dynamiques terminent la saison avec la médaille de bronze québécoise au cou.

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À travers son parcours, Myriam a tenté à trois reprises de percer la formation d’équipe Canada. À chaque fois, elle a été la dernière coupée. Si la première fois, elle n’avait pas trop d’espoir et que la deuxième fois, elle s’y attendait, la troisième a laissé une trace un peu plus marquante dans sa mémoire.

« Le dernier jour du camp, les joueuses qui restent doivent passer une à une dans le bureau de l’entraîneur. Les valises de chacune des filles sont faites pour un mois parce que celles qui font l’équipe vont immédiatement partir pour le tournoi à l’étranger alors que les autres retournent chez elles. C’est stressant », nous explique l’athlète de 5 pieds 10. « Quand on m’a rencontrée à ma troisième tentative, j’étais confiante. Ce n’est pas mon genre d’afficher ça, mais je sentais que ça avait vraiment bien été. Sauf que le coach m’a annoncé qu’il ne me gardait pas et son explication a été que je n’avais pas de main gauche. Je n’ai jamais compris ce qu’on me reprochait vraiment, mais je m’en souviens encore », ajoute-t-elle le sourire aux lèvres.

Myriam Leclerc a effectivement le sourire facile lorsqu’elle parle de basketball. Et cette expérience au niveau national demeure pour elle très positive. « J’en retire de belles leçons de vie. Quand tu dois prendre l’avion seule à cet âge, ça t’apprend à te dégêner, à foncer dans la vie. Et puis j’ai beaucoup amélioré mon anglais. »

Sa nature compétitive l’a aidée à ne pas laisser la déception prendre le dessus, elle a mis ses énergies à préparer sa saison qui allait suivre. Après tout, c’est toujours un plaisir pour elle de se retrouver sur un court avec le ballon entre les mains.

Avant sa dernière saison collégiale, le recrutement universitaire s’est mis en branle. Elle-même le qualifie de la plus belle période. Si elle a reçu des offres provenant des États-Unis, elle s’en est rapidement détournée ne faisant aucune démarche pour répondre aux lettres qu’on lui avait envoyées. Les options devant elle étaient le Rouge et Or de Laval, les Martlets de McGill et les Stingers de Concordia.

Rapidement, devenir une Stinger s’est imposé. Elle avait d’abord fait une première visite dans les trois institutions, mais le bon feeling, elle l’a trouvé avec le groupe de Tenisha Gittens. « Je me suis tout de suite sentie comme chez moi avec les filles. Lors de la deuxième visite, on m’avait préparé un agenda complet pour toute la journée. J’ai pu voir tout le campus, rencontré toutes mes futures coéquipières, mangé avec elles et on a fini ça en allant voir un match de football. »

On peut se demander pourquoi Myriam n’a pas suivi le chemin traditionnel en continuant sa route à Québec avec le Rouge et Or. « J’aurais pu y aller, oui. Plusieurs de mes coéquipières à Ste-Foy ont poursuivi à l’université Laval. Mais pour moi, l’école c’est super important et la John Molson School of Business est une des meilleures. Je me suis sentie tellement bien lors de mes visites à Concordia. C’est vite devenu évident que c’était la place où je voulais aller. »

À sa première saison saison à Concordia, l’étudiante en comptabilité a frappé très fort. Au premier rang de la ligue pour les points, les passes décisives et les vols de balle, elle reçoit le titre de recrue de l’année au RSEQ et au Canada en plus de contribuer à amener les Stingers en finale provinciale. Malheureusement, Myriam se blesse au dos au début du match durant cette finale et face à la puissante machine du Rouge et Or menée par Sarah-Jane Marois, Khaléann Caron-Goudreau et Jane Gagné, ce n’était rien pour aider.

Toutefois, malgré la défaite, les Stingers ont pu participer au championnat national disputé à Toronto. Jouant malgré sa blessure, Myriam trouve le moyen de jouer plus de 30 minutes par match et d’inscrire 13 et 21 points dans les deux matchs que les Stingers ont disputés. Il faut mentionner que dès le premier tour, les Stingers se sont inclinées contre McMaster qui allait, quelques jours plus tard, remporter la grande finale face au Rouget et Or.

La saison 2019-2020 a été plus difficile pour les Stingers et Myriam Leclerc. « Je ne peux pas l’expliquer vraiment. Ça a été une question de constance pour moi et pour l’équipe. On a eu de bons matchs et d’autres où on a perdu par plus de 20 points. Je n’avais jamais vécu ça de perdre des matchs par une telle marge. »

À la fin de la dernière campagne, les Stingers n’ont pas réussi à se qualifier pour les éliminatoires. « Il nous restait trois matchs à la saison et il fallait tous les gagner pour avoir une chance. Mais je me suis gravement blessée au genou et je n’ai pas pu jouer et aider mes coéquipières. »

Cette saison difficile s’est tout de même conclue avec une place sur la première équipe d’étoiles du RSEQ. en vertu d’une 4e place pour la moyenne de points par match, 2e pour les vols de balles et 1ère pour les passes décisives ainsi que pour la moyenne de réussite aux lancers francs avec un taux de succès incroyable de 98%. La #23 a même connu un match de 11 passes décisives face à l’UQAM durant la saison. La meilleure performance du genre au basket universitaire féminin en 2019-2020.

En juin passé, Myriam a dû passer sous le bistouri pour réparer ses ligaments et le ménisque de son genou. Depuis, elle est en réhabilitation à distance et elle pourra bientôt recommencer à courir. « L’équipe fait bien les choses pendant la pandémie. On a accès à un grand dôme à l’extérieur où tous les équipements pour s’entraîner sont disponibles. On a aussi des rencontres virtuelles pour rester connectées. On parle beaucoup de santé mentale. »

Actuellement à la mi-session, elle en a profité pour quitter son appartement de Montréal et faire ce qu’elle aime le plus, aller retrouver ses parents à St-Roch-de-Richelieu. « Ça fait toujours du bien de retrouver ma famille, mon chez-moi. Ici, j’en profite pour aller dehors. »

Maintenant, que réserve l’avenir pour la joueuse étoile? « Je vais graduer l’an prochain, mais je veux faire mon CPA alors je vais continuer à jouer. Je veux disputer mes cinq années à Concordia, mais tout dépend de l’école. Ça demeure la priorité. »

Et une carrière en Europe, ça se pourrait? « Je ne dirai pas non si une opportunité se présente mais ce n’est pas mon but. Je me concentre à être la meilleure que je peux. Autant, je suis une personne qui planifie beaucoup dans la vie, pour le basket, je vis davantage dans le moment présent. »

Pour le moment, on attend toujours de savoir si le sport universitaire pourra reprendre à l’hiver. Qui plus est, le basketball n’est toujours pas passé à sa phase 4, soit la possibilité de s’entraîner à 5 vs 5. D’ailleurs, le directeur général de Basketball Québec Daniel Grimard a mentionné à Bulletin sportif qu’une démarche pour présenter un plan à la Santé publique sera initiée au cours des prochaines semaines.

Dès le retour au jeu du basketball universitaire, faites-vous plaisir et allez voir un match ou regardez-en un via webdiffusion. Myriam Leclerc fait certainement partie des athlètes qui méritent le détour et dont le nom devrait résonner plus fort chez les amateurs de sport québécois.